Un an après la liquidation de la société Fonderie du Poitou Aluminium (Vienne) qui a mis à la porte 278 personnes, 54 % des salariés ont retrouvé un emploi. Le taux d’emploi « durable » (CDI ou CDD de plus de six mois) est, lui, de 43 %.

Le 5 juillet 2022, la société Fonderie du Poitou Aluminium à Ingrandes-sur-Vienne, fabricant de culasses pour Renault, était liquidée. 278 salariés à la porte. Et un nouveau drame économique et social pour le bassin châtelleraudais, un an après la liquidation de la Fonderie Fonte (290 salariés).

En juillet 2022, 255 fondeurs de l’Alu signaient un Contrat de sécurisation professionnelle (CSP), dispositif de reclassement de douze mois proposé par l’État aux personnes licenciées économiques de la filière automobile.

43 % des fondeurs ont un emploi « durable »

Un an après, quel bilan tirer de cet accompagnement qui s’achève ? C’est le sens du point presse organisé vendredi 6 octobre 2023 par le sous-préfet, Christophe Pécate, en présence de l’ensemble des acteurs qui ont participé au dispositif (Pôle emploi, cabinet de reclassement LHH, Afpa, services de l’État et de la Région Nouvelle-Aquitaine).

À l’instant T, déclare le représentant de l’État, « 54 % (soit 138 salariés sur les 255 signataires du CSP) ont repris un emploi (CDI, CDI intérimaire, CDD, contrat d’intérim) dans les secteurs de l’industrie, de l’agroalimentaire, du transport, de la construction… »

Dans le lot, 29 personnes ont un CDD de moins de six mois. Soit un « taux de reprise d’emploi durable de 43 % » (108 salariés). À titre de comparaison, après un an, la cellule de reclassement de la Fonderie Fonte affichait « un taux de reprise d’emploi de 57 % » et « un taux de reprise d’emploi durable de 40 % ».

Déduction faite de « 16 départs à la retraite » et de « deux arrêts maladie », il reste donc « 90 personnes » en recherche d’emploi. Et qui, de fait, « basculent sur le dispositif (classique) Pôle emploi ».

« L’effort va se poursuivre »

« Le bilan est plutôt très intéressant, considère Christophe Pécate. C’est un CSP dynamique en matière de reprise d’emploi. Cela traduit une excellente adhésion des salariés au dispositif. » Celui-ci a généré « 1,2 million d’euros d’aides complémentaires » (c’est-à-dire hors aides de droit commun), ce qui en fait « un des dispositifs les plus utilisés du fonds automobile » (1). « 123 formations, qualifiantes ou non, ont été financées. Certaines sont toujours en cours. »

Le sous-préfet salue « la mobilisation de tous ». Y compris de l’association des fondeurs du Poitou qui a « fait remonter un certain nombre de points de blocage », facilitant leur « résolution ».

Cela dit, concède-t-il, « il y a encore beaucoup de fondeurs en recherche d’emploi, o n en a bien conscience. Un an, c’est à la fois long et court. L’effort d’accompagnement va se poursuivre. On fera un nouveau point dans six mois. »

(1) Financé par l’État et les constructeurs automobiles à hauteur de 50 millions d’euros au total.

Jean-Philippe Juin, ancien élu CGT de la Fonderie Alu.
Jean-Philippe Juin, ancien élu CGT de la Fonderie Alu.
© (Photo archives NR-CP, Grégory Dyson)

« Une grande partie des salariés ne sont pas tirés d’affaire »

Jean-Philippe Juin, de l’association des Fondeurs du Poitou (et ancien élu CGT de la Fonderie Alu) « reconnaît que le suivi par Pôle emploi et LHH a été bien fait ». Cela dit, « il y a encore près de 100 salariés qui n’ont pas trouvé d’emploi et, parmi ceux qui en ont retrouvé un, beaucoup sont en CDD, dont une partie sur des courtes durées », souligne-t-il. « Autrement dit, une grande partie des salariés de l’Alu ne sont pas tirés d’affaire. Ça montre aussi les carences du bassin d’emploi châtelleraudais en termes de niveau de salaires et de qualité d’emplois proposés. Pour tous ces gens qui basculent à Pôle emploi, on a demandé un suivi prolongé. »

L’ancien élu CGT de l’Alu, qui travaille aujourd’hui à la CGT (1), souligne la participation active de l’association des fondeurs au dispositif de reclassement. « Sans nous, beaucoup de sujets n’auraient pas été traités. » C’est pourquoi, « on demande d’inscrire dans la loi l’obligation, en cas de PSE, de mettre en place une cellule liquidative financée par le liquidateur et dans laquelle figureraient des représentants de salariés. C’est la condition pour avoir un réel suivi ».

(1) En CDD jusqu’à fin janvier, à mi-temps à la Fédération de la métallurgie basée à Paris et à mi-temps à l’Union départementale de la Vienne chargé des formations des nouveaux élus.