LES ECHOS – Extraits.
Après l’annulation de l’édition 2020 en raison de la pandémie de coronavirus, le Mondial de Paris 2022 ouvre ses portes ce lundi pour une semaine, au beau milieu de l’une des pires crises de l’histoire du secteur.
Voilà maintenant trois ans que les ventes de voitures neuves sont en berne. Après la crise sanitaire en 2020, puis les pénuries de semi-conducteurs en 2021, l’année 2022 sera elle aussi une année plombée. Et 2023 ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices. « La situation restera très compliquée jusqu’à fin 2023, puis se détendra ensuite », a pronostiqué le patron de Stellantis, Carlos Tavares, dans les colonnes du « Parisien » il y a quelques jours.
Prévisions revues à la baisse
L’agence de notation Fitch vient de revoir ses prévisions de ventes mondiales sur l’année à 80 millions de véhicules, soit 14 % de moins qu’en 2019. En Europe, la situation est encore plus pénalisante : l’Association des constructeurs européens d’automobiles (ACEA) vient elle aussi de réviser ses estimations sur 2022, prévoyant désormais une baisse de 2,1 % par rapport à 2021, et de… 26 % par rapport à 2019.
La France n'est pas épargnée . « Selon les prévisions de notre partenaire C-Ways, nous atterrirons sans doute au mieux à 1,45 million cette année », indique Flavien Neuvy, directeur de l'Observatoire Cetelem. « C'est un niveau incroyablement faible par rapport au rythme de croisière dans l'Hexagone, qui était de 2 millions en dehors de tout choc économique ou primes à l'achat. Le secteur subit sa pire crise depuis quarante ans : quand on regarde le taux de ménages qui achètent une voiture neuve, il est tombé à 2 %, un niveau historiquement faible. »
Contrairement aux crises précédentes, il s’agit cette fois d’une crise de l’offre. Plombés par les pénuries de semi-conducteurs (qui auraient provoqué un manque à gagner de 100 milliards d’euros en Europe en 2021 et 2022 selon une étude récente d’Allianz Trade), les constructeurs sont toujours contraints de stopper leurs chaînes de production ici ou là. La guerre en Ukraine a aggravé la situation, entraînant de nouvelles pénuries.
Craintes de récessions
Le ralentissement économique et les craintes des récessions qui s'annoncent ont paradoxalement des effets positifs. « Ils soulagent les tensions sur les semi-conducteurs dans l'électronique grand public, ce qui réduit un peu la pression sur l'automobile », . Le léger redressement des ventes observé depuis deux mois témoigne de fait d'une petite amélioration.
La grande question reste toutefois celle de l’évolution de la demande, qui pourrait commencer à fléchir avec les hausses de prix sensibles observées depuis deux ans. D’autant que la flambée des coûts des matières premières et de l’énergie touche de plein fouet le secteur – et devrait finir, elle aussi, par se répercuter sur les prix de vente.
Réduire les marges
Jusqu’à présent, les constructeurs ont plutôt tiré leur épingle du jeu de la situation. Ils ont réservé les puces disponibles aux véhicules les plus rentables, ce qui leur a permis de dégager des marges record. « Ils ont aussi soutenu leurs fournisseurs, pour ne pas subir de nouvelles ruptures d’approvisionnement ».