La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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vendredi 14 Nov, 2014
Catégorie : Emploi

Mécontentement brut de fonderie des salariés de Sambre et Meuse

Le dialogue social à l’ancienne et en direct : le patron debout sur les marches du bâtiment de direction qui s’exprime face à l’ensemble des salariés. C’est cet anachronisme qui était donné de voir hier, en début d’après-midi, dans la cour de l’usine Sambre et Meuse qui n’en finit plus de défrayer la chronique depuis son rachat, en décembre 2010, par les Russes d’Uralvagonzavod, UVZ. Procédures d’homologation des boggies fabriqués à Feignies par les autorités russes plus longues que prévues, aléas de production, conflit russo-ukrainien, conséquences de l’embargo européen sur la Russie ont constitué depuis quatre ans les principales pierres d’achoppement sur le parcours d’une usine centenaire convalescente. Qu’en est-il aujourd’hui ? Si on a bien compris, dans cette énième séquence où l’on cherche encore la clarté du propos – avec en plus des vigiles sur le dos ! –il s’agirait cette fois d’une crise de confiance entre les salariés de l’entreprise et la maîtrise. La qualité des boggies destinés à l’assemblage en Lettonie avant de partir ensuite sur le colossal marché russe ne serait plus au rendez-vous, ou le serait de manière irrégulière, en particulier à la fonderie, alors que les questions semblaient évacuées sur ce point. Ce nouvel accroc a été clairement identifié par des ouvriers au fait de leur savoir-faire, lesquels pointent du doigt un encadrement intermédiaire qui déstabilise selon eux les processus de fabrication par des décisions que personne ne comprend. D’où l’interpellation lancée directement au directeur du site, Francis Posas, via un débrayage qui a duré de 11 h 30 à 14 h.

C’est en début d’après-midi que ce dernier s’est donc adressé tout aussi directement aux salariés, en ayant auparavant fait amener des boggies dans la cour de l’usine pour sensibiliser les esprits à l’impératif de qualité.

En résumé, le directeur a assuré le personnel du soutien de l’actionnaire russe à l’usine finésienne. Non sans avoir précisé, dans le style qui est le sien, c’est-à-dire débarrassé de toute fioriture littéraire, que cette situation ne saurait durer éternellement. Les salariés, de leur côté, ne comprendraient pas que leur activité soit ainsi menacée, alors que le carnet de commandes est plein.
Comme un parfum de mutinerie dans les ateliers

Pour les salariés qui ont accepté de s’exprimer hier, il ne fait guère de doute que le management intermédiaire pose question. Et ce à telle enseigne que les ouvriers ont ni plus ni moins réclamé au directeur des changements profonds dans ce collège.

Cette crise intervient alors que Sambre et Meuse est de nouveau en phase de redémarrage après avoir subi en dernières péripéties les conséquences du conflit russo-ukrainien et de l’embargo européen sur la Russie. L’objectif de production de boggies en équivalence de 150 wagons par mois était de nouveau atteint, avec pour but de le porter à 200 en cette fin d’année. « J’ai l’outil pour ça », nous déclarait Francis Posas en avril. Or, le curseur est de nouveau reparti en arrière. Une récente commande de 234 wagons à réaliser en quarante jours n’a pu être honorée en totalité, et de loin, puisqu’à peine cinquante pièces ont été livrées. Gênant pour un lot qui était payé d’avance et dont la livraison en temps et en heure ouvrait sur une autre commande, de 700 wagons cette fois.

C’est cette situation de fait que dénoncent des salariés déterminés à sortir l’entreprise de l’ornière puisque travaillant les samedis et jours fériés, comme ce mardi 11 Novembre. Un engagement gratifié d’une augmentation de leur salaire horaire de près d’un euro, ainsi que le saluent les représentants du personnel. C’est cette fragile santé retrouvée que les ouvriers entendent préserver.

Quant au mode de fonctionnement de la maîtrise, évoqué par eux, il renvoie à une image confuse de sabordage, terme qu’ils ne renient pas.

Reste à en connaître les motivations. J.-M. B.

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