La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mardi 27 Mar, 2018
Catégorie : Wiki fonderie

A Morteau (25) , les cloches Jean Obertino n’ont pas fini de sonner grâce à Chheng Tiv

Des cloches pour les élevages bovins – en particulier les montbéliardes – et des cadeaux souvenir. © Traces Ecrites.

En arrivant à Morteau de Besançon, impossible de manquer la fonderie Obertino. L’entreprise se trouve juste à l’entrée de la petite ville proche de la Suisse et se distingue par la façade jaune soleil de sa boutique de cloches où s’arrêtent touristes, agriculteurs et simples curieux.

Il y a là les belles cloches rondes et finement décorées, en bronze, fabriquées sur place, dans l’une des dernières fonderies de cloches artisanales de France – l’autre, la fonderie Obertino Charles, un petit-cousin, étant à L’Abergement-Sainte-Marie – et quelques autres en fer vieilli ou acier forgé pour les touristes. L’usine est attenante, sur deux niveaux.

Au niveau supérieur, celui du magasin, les ateliers moulage, fonderie, démoulage. En bas, à hauteur de la cour, l’atelier décoration et finition et, dans un petit bâtiment, en face, l’atelier bourrelerie.

La fonderie de cloches en bronze, c’était le métier de la famille Obertino depuis deux siècles. Mais elle vient de passer la main. Sylviane et son frère Yves Obertino sont arrivés à l’âge de la retraite et, personne dans la famille n’ayant souhaité poursuivre cette aventure singulière, ils ont trouvé une repreneuse motivée : Chhang Tiv, une mortuacienne qui découvre le métier avec enthousiasme.

La reprise est officielle depuis le 1er janvier 2018, mais Sylviane et Yves Obertino accompagnent encore Chhang Tiv jusqu’en juin, pour lui transmettre leur précieux savoir-faire. L’entreprise est labellisée Entreprise du patrimoine vivant (EPV) depuis 2011 et sa nouvelle gérante entend rester dans cet esprit de qualité et de partenariat avec les sous-traitants locaux. Les décolleteurs, ferronniers, menuisiers…

Les cloches de vaches qui tintinnabulent dans les alpages

Obertino est l’une des dernières fonderies de cloches artisanales de France. © Obertino.


Sylviane Obertino était arrivée dans l’entreprise en 1972, quelques années avant son frère Yves, un peu plus jeune. Avant eux, leurs parents et grands-parents avaient tenu cette belle maison qui fournissait les éleveurs de France et de Suisse.

La famille Obertino est originaire de Frachiamo, dans le Piémont, en Italie. Poussés par la faim, au début du XIXe siècle, les habitants de ce village de montagne étaient d’abord partis fondre des cloches en Suisse et en France, dans de petites forges ou « sur les places », comme racontait le grand-père de Sylviane Obertino.

Au fil des générations, les Obertino se sont sédentarisés et le grand-père et ses cousins avaient repris la fonderie de cloches d’églises de Morteau, en 1931. Un métier différent, qu’ils n’ont pas poursuivi. Chez les Obertino, on était spécialisé dans les cloches de vaches, qui tintinnabulent dans les alpages pour que leurs propriétaires les retrouvent facilement, et on entendait le reste

Aujourd’hui, les cloches pour animaux représentent entre 45 et 50% de la production. Le reste est partagé entre clochettes souvenirs, cloches de maison, cadeaux d’affaires ou cloches personnalisées pour baptêmes, mariages… Des pièces de 80 grammes à 45 kilos et de 4 à 35 centimètres de diamètre.

Depuis son arrivée, en janvier, Chheng Tiv a essayé tous les postes pour comprendre le métier : le moulage à la main, au sable naturel, et la personnalisation des cloches avec Loïc et Alain ; le meulage et le tournage des pièces brutes de fonderie avec Christian, tourneur ; la bourrelerie ou le travail sur les sangles de cuir avec Noël.

L’entreprise artisanale, qui a compté une vingtaine de personnes au plus fort de l’activité, dans les années 80, emploie aujourd’hui 10 salariés, dont 2 que Chheng Tiv vient de recruter.

pour personnaliser la cloche, avant de couler le bronze en fusion, le mouleur imprime dans le sable naturel une fleur, une tête de vache, un papillon, un prénom…

La fonderie Jean Obertino réalise un chiffre d’affaires de 1,2 million d’€ auprès de clients quincaillers, éleveurs ou revendeurs, dont 20% à l’export. Des ventes hors France qui ne datent pas d’hier. « Quand je suis arrivée, on travaillait déjà beaucoup avec la Suisse », se souvient Sylviane Obertino.

« Mon père exportait déjà aux Etats-Unis et sur tous les continents. » Sa nouvelle gérante aimerait pouvoir atteindre 1,5 million d’€ de chiffre d’affaires d’ici 3 à 5 ans et pousser l’export à 50%. « Et il faudra sans doute investir pour renouveler le matériel », estime-t-elle, lucide.

Chheng Tiv, du Cambodge au haut-Doubs frontalier

Chheng Tiv est arrivée en France à l’âge de 9 ans. Originaire du Cambodge, sa famille avait fui le régime dictatorial des khmers rouges. Elle a fait ses études à Besançon avant de s’installer sur les hauteurs de Morteau, il y a une vingtaine d’années. Elle a travaillé en Suisse dans la mécanique de précision, les machines-outils, la câblerie, les semi-conducteurs, et a toujours eu dans l’idée de reprendre une entreprise.

Alors, lorsqu’elle a su que la société Jean Obertino était à reprendre, elle n’a pas hésité. « C’est une institution locale, j’ai été tout de suite partante. Les chambres consulaires et le Réseau Entreprendre® Franch… m’ont beaucoup aidée. Ici, c’est la suite logique de mon parcours », explique cette titulaire d’un MBA en création d’entreprise obtenu à Lyon et préparé en Ecosse et aux Etats-Unis, et qui chaque matin d’été, en ouvrant ses fenêtres, entend sonner les cloches des montbéliardes.

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1 commentaire pour : "A Morteau (25) , les cloches Jean Obertino n’ont pas fini de sonner grâce à Chheng Tiv"

  1. La fonderie Obertino de Morteau a changé de direction. © Lucie Thieery … Fondeurs de cloches itinérants en Italie et en Suisse avant de venir s’installer en France au début du XXème siècle et en 1931 à Morteau, plusieurs générations d’Obertino ont perpétué ce savoir-faire séculaire jusqu’à nos jours.

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