La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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vendredi 03 Avr, 2015
Catégorie : Selon la presse

Semaine de l’industrie à la FAVI (80) :« Il n’y a pas de performance sans bonheur ». Mais pour être heureux au travail, encore faut-il en trouver un.

Le paradoxe est connu mais il perdure : d’un côté, des chômeurs. De l’autre, des entreprises qui n’arrivent pas à trouver de candidats. Le phénomène est particulièrement vrai dans l’industrie.

En pleine Semaine de l’industrie, l’État et la Chambre de commerce et d’industrie Littoral Normand-Picard ont organisé une table ronde sur le sujet, mardi après-midi à Abbeville (ouest de la Somme). Un territoire où les usines sont encore bien présentes, avec l’industrie du verre dans la vallée de la Bresle, et la métallurgie (serrurerie, quincaillerie, robinetterie) dans le Vimeu.

« Ça fait vingt-neuf ans que je bosse. Où sont les chômeurs ? », demande Patrick Davergne, patron de la fonderie du même nom à Feuquières-en-Vimeu. Une boutade provocatrice devant Nicole Klein, préfète de la région Picardie et de la Somme ? Pas tout à fait : « J’ai 105 salariés, plus 30 intérimaires. 25 % de ces derniers travaillent un jour chez nous et ne reviennent pas le lendemain, sans même prévenir ! » Pourquoi une telle attitude ? Patrick Davergne avance une raison : « Les cellules de reclassement paient mieux que moi ».

« Les écoles forment des gens à côté de la plaque »

Le dirigeant d’entreprise pointe aussi la formation, défaillante à ses yeux : « Il n’y a plus d’écoles de fondeurs. On ne trouve plus de CAP et BEP, les baccalauréats professionnels sont nuls. Les écoles forment les gens à côté de la plaque. La formation par alternance, c’est trop compliqué. Administrativement, c’est l’enfer. Il y a trop de paperasse. C’est ma sœur qui s’en occupe, on n’a pas le temps de gérer tout ça ».

Patrick Delabie, directeur technique et directeur des ressources humaines de la robinetterie du même nom, a constaté lui aussi « une érosion du niveau scolaire ». « Le niveau du bac n’est plus celui d’il y a quinze ans », juge-t-il. On parle bien ici de bac professionnel ou technologique. « C’est pareil pour le BTS. On est obligé de prendre des gens surqualifiés », continue Patrick Delabie. Dans les faits, selon lui, Delabie embauche des titulaires du BTS pour des tâches qui demandaient, auparavant, seulement le niveau bac. Conséquence : « C’est pénalisant au plan des salaires ».

Devant cette inadéquation entre la formation et les compétences demandées, l’entreprise Delabie a pris le taureau par les cornes. « Nous formons les gens nous-mêmes », précise le dirigeant. « Nous consacrons 4 % de notre masse salariale à la formation. Cela demande beaucoup d’énergie mais c’est le seul moyen : le niveau de formation est trop faible, les élèves passent trop de temps en salle et pas assez en atelier ».

« Dialogue de sourds »

Patrick Delabie est conscient que toutes les entreprises ne peuvent pas en faire autant : « Nous avons 250 salariés à Friville-Escarbotin, et 150 en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en Pologne, au Portugal, etc. » Autrement dit, la robinetterie Delabie a les moyens de former ses salariés, là où Patrick Davergne tranche : « Le recrutement, on ne peut pas s’en occuper, c’est à Pôle emploi de le faire ».

« Vous dites Où sont les chômeurs ? Eux se demandent où sont les opportunités », réagit Kiyenika Mayindu, adjoint au directeur des opérations de Pôle emploi Picardie. Il a évoqué le plan national « 100 000 formations prioritaires pour l’emploi », né en 2014. Un plan qui commence à porter ses fruits : en Picardie, 78,6 % des gens qui ont bénéficié d’une action de formation préalable au recrutement (AFPR) ont trouvé un emploi dans les six mois. Un chiffre à relativiser, car le taux tombe à 54,1 %, toujours en Picardie, pour un emploi durable…

« On a l’impression d’entendre un dialogue de sourds entre les entreprises et les demandeurs d’emploi », note Dominique Leprêtre, directeur de la formation et de l’apprentissage au conseil régional de Picardie. « Le recrutement, c’est le problème de l’entreprise », a-t-il souligné, répondant à Patrick Davergne. Et Dominique Leprêtre de citer l’Allemagne ou les pays nordiques, où des entreprises demandent à leurs salariés les plus âgés d’aller vanter leurs mérites dans les écoles, les lycées, afin de préparer l’avenir.

Il y a quand même de l’espoir. Chez Eol (ex-Techni Bureau, à Eu), « on a doublé nos effectifs en deux ans, passant de 88 à 160 personnes, sans difficultés particulières », explique son responsable, Claude Armand, conscient que son exemple n’était peut-être pas comparable aux entreprises de fonderie. « Je travaille beaucoup avec deux agences d’intérim, et nous embauchons certains ouvriers qui étaient intérimaires ».

« Nous sommes tous dans la même galère », a conclu Nicole Klein. La préfète de la région Picardie a préféré retenir l’exemple de la FAVI, à Hallencourt, qu’elle avait visitée avant la table ronde, et dont un des slogans est « Il n’y a pas de performance sans bonheur ». Mais pour être heureux au travail, encore faut-il en trouver un.
Les métiers qui recrutent

Pôle emploi a recensé les métiers pour lesquels les entreprises ont du mal à trouver des candidats, et qui nécessitent, donc, des formations, soit avant l’embauche, soit dans l’entreprise : ouvriers qualifiés, dessinateurs en mécanique et travail des métaux (usinage, chaudronnerie, tôlerie, soudage) ; techniciens des industries de process ; maintenance mécanique industrielle, maintenance électrique, maintenance d’engins de chantier, de levage, etc.

Ces métiers ont un taux de difficulté à recruter supérieur au taux moyen régional, fixé à 31 % en 2014. Par exemple, pour « les ouvriers qualifiés travaillant par enlèvement de métal » en conduite d’équipement d’usinage, Pôle emploi a dû retirer 53 offres d’emploi en Picardie en 2013, faute de candidats.

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1 commentaire pour : "Semaine de l’industrie à la FAVI (80) :« Il n’y a pas de performance sans bonheur ». Mais pour être heureux au travail, encore faut-il en trouver un."

  1. Jugement sévère pour la formation des jeunes fondeurs, mais pourtant bien réaliste pour la plupart. La Fonderie, et certaines autres filières technologiques « traditionnelles » étaient déjà considérées comme des « dépotoirs », des voies de garage..il y a 3 décennies!! Je vois que cela n’a pas changé, sinon empiré!!

    Mais chut, il ne faut pas le dire : il faut être politiquement correct pour ces messieurs-dâmes de l’Education Nationale et nos politiques…

    En attendant, on retrouve tout de même des jeunes prometteurs et intéressés…mais que de déceptions (en premier lieu pour ceux-là qui ont été mal orientés), de temps perdu, etc.

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