TOGG, le pari de la Turquie dans la voiture électrique
Enfin, quatre énergéticiens publics polonais (Tauron, Enea, Energa et PGE) se sont associés dès 2016 pour créer Electromobility Poland , dans le but de lancer une voiture électrique compacte de segment C, d’ici à deux ou trois ans.
Tissu local de fournisseurs
De telles initiatives pourraient se multiplier. « Je suis persuadé que beaucoup de pays les regardent avec attention », avance Xavier Mosquet, directeur associé au BCG. « Les prochains sur la liste pourraient être les pays du Moyen-Orient qui réfléchissent à l’après pétrole. » L’Arabie saoudite, en particulier, a déjà évoqué le sujet.
Ces start-up qui rêvent de devenir les nouveaux Tesla
C’est que le développement de la voiture électrique a changé la donne. « Jusque-là, le savoir-faire dans les moteurs thermiques constituait une grosse barrière à l’entrée, qui a disparu avec l’électrique », relève Philippe Chain, consultant indépendant spécialiste du véhicule à batterie. « Il est bien plus facile d’acheter des batteries et des moteurs électriques. Une fenêtre s’est ouverte, dans laquelle se sont engagées de nombreuses start-up. » Une ouverture particulièrement intéressante pour des pays comme la Turquie ou la Pologne, qui abritent déjà de nombreuses usines automobiles, avec un important tissu local de fournisseurs et de compétences.
Plusieurs milliards d’investissements
Nécessitant chaque fois plusieurs milliards d’euros d’investissements, ces projets n’en sont pas moins hautement risqués. Car il s’agit de construire des usines capables de produire 175.000 voitures par an (en Turquie) ou même 250.000 (au Vietnam). Même si les financements sont assurés par des groupes locaux privés, le soutien des gouvernements fait une grande différence. « Ce soutien peut prendre la forme de subventions à l’installation, de partage du risque final ou encore de commandes publiques garanties », explique Xavier Mosquet.
« Ces nouveaux constructeurs locaux n’hésitent pas à s’appuyer sur des consultants ou des sous-traitants spécialisés », indique aussi Philippe Chain. TOGG et VinFast ont tous deux fait travailler le célèbre studio de design italien Pininfarina . Les sociétés d’ingénierie, comme les allemands EDAG ou Magna Steyr, sont également sollicitées pour travailler sur le développement des véhicules : la première travaille pour Electromobility Poland, la seconde pour VinFast.
Discussions avec des constructeurs établis
« Les acteurs nationaux discutent aussi avec des constructeurs établis, en espérant qu’ils accepteront de partager des plateformes existantes, indique Xavier Mosquet. Mais ces derniers ne se précipitent pas, car les volumes envisagés restent faibles – à moins d’y voir l’opportunité de s’implanter dans le pays concerné, par exemple. »
Volkswagen tend la main à des concurrents dans l’électrique
Autre difficulté, sécuriser des contrats avec les grands équipementiers, sans même parler du risque commercial sous-jacent. « Il y a une vraie question autour de la pérennité industrielle de ces acteurs. L’automobile est une industrie très concurrentielle », rappelle Xavier Mosquet. Il faudra encore plusieurs années pour savoir si ces nouveaux acteurs ont gagné leur pari.
Ruée un peu tardive, peut être, de tous ces pays en quête de prestige et de reconnaissance, alors que la construction automobile (PL et transport de personnes compris) est en train de mettre en place une totale et coûteuse reconversion de son industrie.
Il n’y aura certainement pas de la place pour tout le monde. Et cela risque de doucher sévèrement quelques projets mal ficelés ou trop ambitieux, de laisser sur le carreau nombre de constructeurs mal préparés ou pas assez solides financièrement…
Résultats des courses : à voir d’ici 20 ans !!. La situation pourrait bien être totalement différente de celle que l’on peut imaginer aujourd’hui.
Surtout ne pas sous-estimer ces pays ! Ils en sont capables, ils ont acquis à notre contact la connaissance des produits et des process.
Leurs universités produisent chaque année des jeunes diplômés très bien formés qui rêvent de développer du concret alors que chez nous . . . on gère.
Je partage le précédent commentaire mais cela n’attendra pas vingt ans car le monde va plus vite que cela.
Désolé d’y revenir, mais il faut garder à l’esprit l’intervention de Jean Dominique Senard au Sénat à l’automne précédent concernant d’abord les pneus,
sujet qu’il à bien connu, et celui de l’automobile vis à vis des chinois.
Une longue mais intéressante interview de l’auteur du livre : « La guerre des métaux rares »; ouvrage que j’ai lu, et recommandé ici de mémoire.
https://www.youtube.com/watch?v=2lH…