La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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lundi 14 Sep, 2015
Catégorie : Non classée

A Saint-Juéry, le Saut du Tarn est encore vivant – Les aciéries ont fermé en 1983.

Deux livres apportent un éclairage saisissant sur le Saut du Tarn. Jean Roques et un collectif ont décrit, dans «d’eau et de feu», l’aventure industrielle entamée en 1824. L’ouvrage, écrit en 1979, avant l’agonie et la fermeture de 1983, nous donne les chiffres suivants. En 1978, sortent de l’usine : 11.696 tonnes d’aciers laminés, 1.894 tonnes de la fonderie, 3.511.500 pièces de limes, 1.203 tonnes d’outils, plus de 4.000 vannes pour l’industrie hydraulique et pétrolière. André-Jacques Boussac, dans «la fabrica», ouvrage en occitan toujours disponible, décrit de façon saisissante la période 1884-1934 où les paysans venaient en cohorte de Cahuzaguet, Saint-Grégoire, Arthès, les Avalats, Marsal, donner leurs bras à l’usine. Beaucoup se sont sédentarisés à Saint-Juéry où leurs enfants et petits enfants constituèrent les générations ouvrières qui firent exploser le modeste village de Saint-Juéry le haut, l’avenue Téqui et la place Costes, des 1.400 habitants du XIX ième siècle, en la ville de 7.000 âmes qu’elle est devenue aujourd’hui, étalée sur la plaine.

Obligés de se reconvertir

L’occitan est sur toutes les lèvres, dans et hors l’usine, on se méfie des «franchimands» de la direction. Aujourd’hui, chaque semaine, sur le marché du jeudi, cette mémoire ouvrière incandescente et éruptive s’exprime. Les plus de 50 ans ont été licenciés avec 90% du salaire brut qui les a conduits à la retraite : ce fut le cas d’Albert Alary, André Laur ou Jean de Lapanouse. Marie Thérèse Lasserre était une des rares femmes des ateliers, elle a connu le même sort. D’autres, plus jeunes, comme Francis Raffanel, ont dû se reconvertir. Certains ont été victimes d’accidents, quelquefois graves, ou d’infirmités comme la surdité après avoir subi le vacarme infernal des machines, sans la moindre protection. Mais si la fermeture de 1983 a été un drame après bien des soubresauts annonciateurs, l’industrie métallurgique emploie encore aujourd’hui plus de 250 personnes, ce que beaucoup ignorent. Vannes hydrauliques et pétrolières, outillage agricole, aciers spéciaux, partent encore d’ici dans le monde entier grâce à des hommes qui croient, dur comme fer, en l’avenir de leur entreprise et de leur ville.

Plus de 250 emplois dans la sidérurgie
Aciers et énergies du Tarn

Laminage de produits spéciaux, découpe à froid et rectification centerless. Ces 2 dernières activités apportent une valeur ajoutée à l’activité de laminage. 4 laminoirs : train 600, train 450, MH et Vonmoss. 75% à l’export. Clients : Thyssen Krup, tous les fabricants mondiaux de limes. 29 salariés.

CA : 4M€.

Auriou

Fabrication d’outils à main pour les métiers d’art (sculpture, etc…). 80% à l’export dans le monde entier, essentiellement Etats-Unis et Canada. 12 salariés.

Forges du Saut du Tarn

Outillage agricole. Travail du sol, de manutention et de broyage. 850 références. 20% à l’export : Europe, Etats-Unis, Canada, Japon. CA : 7M€, 48 salariés.

Pentair

Vannes pour l’industrie gazière, pétrolière et la pétrochimie. Service usinage, montage, soudure. CA : non communiqué. 150 salariés.

Atout Fer

Récupération et vente métaux. 12 salariés

Sofual

Récupération et refonte d’aluminium en lingots. 6 salariés.

Autres établissements implantés sur le site : Carrefour Market, carrosserie Rojas, Académie de musique et des arts scéniques, Casimir Ferrer peintre-sculpteur, menuiserie Trouillez, peinture Tarroux, MLA électricité, Tarn rénov, Douch’auto, Cass auto, Castel mécanique générale, Carcano récupérateur verre, Marty diner’s restaurant. En octobre : Remuaux apiculture, miels et cires.

«Je voulais gagner ma vie»
Yvon Louis Bertorelle, 85 ans, appelé par tous Yves a commencé à travailler à 14 ans, après le certificat d’études. «C’était la guerre, il fallait aider les parents. Je voulais gagner ma vie, partir au travail avec la musette, avoir la fierté de se lever tôt». Il a été apprenti pilonnier, puis a travaillé au laminoir «le petit Mill 1». Les tiges laminées faisaient 3 ou 4 m de long, on les laminait en triangle, en carré ou en rond. Après 25 ans au laminoir, il a fini chef de poste. Mais il est parti au moment d’être nommé contremaitre, car déjà, des difficultés se profilaient, et il n’avait pas confiance en la nouvelle direction. Il avait 39 ans quand il est parti, en 1969. Parti le matin, il était embauché le soir même chez Eternit à Terssac. Au bout de 4 mois, il a été nommé brigadier, puis chef d’équipe. Il y a travaillé 15 ans et, là aussi, des compressions de personnel s’annonçaient. «On nous a proposé la retraite à 55 ans avec 90% du salaire brut et une prime de 100.000 francs (15.000€), alors là j’ai dit stop, j’accepte». Il vit une retraite heureuse aux Avalats.

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