Stellantis : les Français en nombre au sommet de l’entreprise
Le nouveau patron du constructeur automobile américano-franco-italien a conservé en grande partie les hommes formés par son prédécesseur Carlos Tavares.
A l’exception de Maxime Picat, candidat malheureux à la tête du groupe.
Par Guillaume Guichard Publié le 23 juin 2025 à
Pas de politique de la table rase à la tête de Stellantis. Antonio Filosa, le nouveau patron du constructeur qui prend ses fonctions ce lundi, a dévoilé son comité exécutif.
L’Italien a manifestement cherché un équilibre entre nouvelles têtes et anciens de l’équipe de son prédécesseur Carlos Tavares.
Six nouveaux entrent dans ce cercle restreint de 12 dirigeants (hors CEO), un groupe très resserré par rapport à la pléthorique équipe de 33 personnes rattachées auparavant directement à Carlos Tavares. Aucun n’a été recruté à l’extérieur, même si certains ont été recrutés récemment. « Il a puisé dans les talents du groupe », commente une porte-parole.
« Il s’agit de promotions internes, avec un équilibre remarqué entre nationalités et entre ex-PSA et ex-Fiat Chrysler [les deux groupes ayant donné naissance à Stellantis en 2021, NDLR], ce qui devrait assurer une cohésion à l’ensemble et garantir une bonne vitesse de mise en oeuvre », décrypte dans une note Philippe Houchois, analyste chez Jefferies.
Un Français reprend Maserati
Les Français restent également très présents au sommet du groupe américano-franco-italien. Ils représentent la moitié des membres du comité exécutif, contre trois Américains et trois Italiens. Une reconnaissance implicite des compétences des hommes formés par Carlos Tavares. En revanche, Maxime Picat, longtemps considéré comme le dauphin de Carlos Tavares, quitte le groupe. Il était candidat interne face à Antonio Filosa pour diriger le groupe. Béatrice Foucher, dirigeante expérimentée issue de PSA, est également sur le départ.
« Je tiens à adresser mes sincères remerciements à Maxime Picat et à Béatrice Foucher, a tenu à indiquer Antonio Filosa dans le communiqué de nomination. Ils ont remarquablement contribué au succès de Stellantis tout au long de leur parcours au sein de l’entreprise. »
Parmi les Français, tous sauf un figuraient déjà dans le comex précédent, même si les périmètres ont pu évoluer. Le nouveau venu, Sébastien Jacquet, a d’ailleurs été nommé il y a quelques jours déjà à la tête de la qualité monde. Le patron Europe, Jean-Philippe Imparato, ne change pas, ni non plus les responsables « manufacturing » (usines), Arnaud Deboeuf, communication et relations publiques, Clara Ingen-Housz, et DRH, Xavier Chéreau.
A noter, le responsable des stratégiques services financiers, Philippe de Rovira, élargit son périmètre en prenant également sous sa coupe le « reste du monde », c’est-à-dire les régions Asie, Afrique, Moyen-Orient et Océanie. De plus, Jean-Philippe Imparato reprend en main Maserati, alors que la semaine dernière Reuters indiquait que le groupe envisageait de céder sa seule marque de luxe.
« L’humain au premier plan »
Antonio Filosa a décidé de conserver, en plus de la direction générale exécutive du groupe, la responsabilité de la région Amérique du Nord. Cette zone géographique, première source du profit de Stellantis, concentre les plus gros défis à relever pour le groupe. A commencer par faire remonter les parts de marché.
Le Napolitain fait monter deux proches, qu’il a connus quand il était responsable Amérique du Sud. Les Italiens Davide Mele et Monica Genovese héritent de postes stratégiques, respectivement le planning produit et les achats. De même, il a confié à un compatriote, Emanuele Cappellano, l’Amérique du Sud qu’il avait dans son périmètre avant d’être nommé directeur général du groupe. Ce dernier récupère également les véhicules utilitaires, vache à lait historique du constructeur.
Nouvelle tête également, l’Américain Scott Thiele a été nommé en charge de la chaîne d’approvisionnement. Il aura fort à faire avec les droits de douane imposés en tous sens par Donald Trump. A noter, Richard Palmer, l’ancien directeur financier de Stellantis et proche de John Elkann, le président du groupe et héritier de la famille Agnelli, a été confirmé conseiller stratégique.
Là où le prédécesseur d’Antonio Filosa était critiqué pour sa gestion brutale des ressources humaines, le nouveau patron de Stellantis précise que les dirigeants qu’il a choisis « sont des leaders qui placent l’humain au premier plan ».
Les dirigeants seront basés dans les différentes régions où est présent Stellantis. Antonio Filosa les réunira tous une fois par mois en présentiel. Parmi les priorités immédiates de l’équipe, « rapprocher les prises de décision des régions, lancer de nouveaux modèles et renouer avec les parties prenantes », indique le groupe. Depuis fin 2023, le constructeur traverse une crise, avec un décrochage des parts de marché aux Etats-Unis et en Europe, ses deux principales régions.
Antonio Filosa travaille à un « nouveau business plan », précise une porte-parole, sans préciser la date de cette présentation.