Manitou rapatrie la majorité de ses contrepoids fabriqués en Chine (ce que Loiselet n’a pas réussi à faire)
L’Usine Nouvelle -Par JACQUES LE BRIGAND –
Le constructeur de chariots élévateurs et de nacelles d’Ancenis (Loire-Atlantique) Manitou évoque une décision inspirée par sa démarche RSE (responsabilité sociétale d’entreprise) et validée sur un plan économique. Elle profite à la fonderie voisine Fonderie et mécanique générale castelbriantaise (FMGC) qui voit ses tonnages multipliés par quatre.
Michel Denis, directeur général de Manitou, parle de « revirement important » dans la stratégie du groupe, basé à Ancenis (Loire-Atlantique) : le leader industriel français de la manutention confie à Fonderie et mécanique générale castelbriantaise (FMGC), située à Soudan (Loire-Atlantique), la fabrication annuelle de 7 000 contrepoids produits jusque-là en Chine, soit des volumes multipliés grosso modo par quatre en l’espace de 18 mois. Ce retour d’Asie a commencé en 2014 pour les chariots télescopiques et les chariots à mât et concerne désormais des nacelles, soit une vingtaine de modèles. Certaines pièces en fonte pèsent jusqu’à trois tonnes.
RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE D’ENTREPRISE
Tout est parti de la démarche « Responsabilité sociétale d’entreprise » (RSE) initiée chez Manitou en 2012. « Nos services achats et supply chain se sont alors demandé comment mettre fin à ce qui est une aberration écologique et sociale, explique Michel Denis. Mais avec cette contrainte économique majeure : ne pas dépenser davantage car chaque dizaine d’euros à l’échelle d’une machine est importante. » Et de prendre le problème à l’inverse : au lieu de recourir au traditionnel appel d’offres faisant la part belle au moins-disant, le groupe interpelle ses fournisseurs pour réfléchir à la question.
DES CLIENTS QUI JOUENT LE JEU
FMGC est la plus prompte à répondre. Tout le process des finitions (ébarbage, peinture, etc) est étudié à la loupe. Le verdict s’avère positif grâce à la bonne volonté des clients finaux qui acceptent des contrepoids à la surface rugueuse plutôt que brillante et lisse, et donc plus coûteuse.
« Au final, nous réalisons même de petites économies tout en gagnant en agilité industrielle », souligne Michel Denis. Entre la commande en Chine et la livraison, près de douze semaines s’écoulent. Or les loueurs qui absorbent presque un quart des ventes de Manitou, dépendent eux-mêmes des chantiers remportés, d’où une grande variabilité du marché et un besoin de réactivité. « Quelque 5 000 tonnes de fonte n’effectueront plus qu’une quarantaine de kilomètres au lieu de 10 000 », résume le dirigeant.
COÛT GLOBAL
Pour autant, FMGC (320 salariés, 72,8 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2014) qui a vu revenir aussi vers elle en 2014 Haulotte, ne crie pas victoire. « Un mouvement semble effectivement se dessiner, commente Gérard Thuet, président du directoire de la filiale du groupe Farinia. Cela va dans le bon sens mais attention, il n’est pas question de parler encore de relocalisation, d’inversement de la tendance. Mais c’est vrai, les acheteurs raisonnent de plus en plus en coût global et c’est très bien. »
Chez Manitou, la marche arrière semble néanmoins embrayée : il ne reste plus qu’un tiers des contrepoids coulés en Chine.
Jacques Le Brigand
Des industriels, (ici FMGC une fonderie, et son client Manitou) comprennent enfin l’intérêt d’une démarche sociétale.