Patrick BELLITY LES ARMES DE LA NATION
Je n’ai jamais oublié la visite d’un responsable des achats de l’alliance Renault Nissan, lorsqu’accompagné d’un aréopage d’acheteurs il venait faire connaissance de notre plus grosse fonderie d’aluminium.
Moi, fier de lui montrer nos prouesses techniques qui avaient fait de nous son premier fournisseur, et lui, à la recherche de baisses de prix, qui entre deux machines me dit à l’oreille, assez bas pour que je sois le seul à l’entendre, « qu’est-ce que vous faites ici dans ce trou perdu ? Allez fabriquer en Turquie les gens y travaillent plus et sont moins payés. »
Je me suis soudain senti humilié, moi qui avait fait le vœu de ne jamais délocaliser, je ressentis tout le poids de la désindustrialisation inéluctable de la France bien avant que des érudits nous la décrivent par le menu, sans en avoir jamais réellement mesuré la réalité sur le terrain.
L’abandon des élus locaux et nationaux devant ce qu’ils croyaient être le destin de la France est tragique et a fait de nous une puissance de second ordre.
A l’heure où la géopolitique à tort ou à raison nous contraint à reprendre un rang de puissance militaire, nous pleurons nos belles fonderies disparues, englouties par la bêtise, l’incompétence, la couardise et, pire que tout, le silence.
Réarmer se fait avec de l’acier, de l’aluminium, du nickel, du titane, du cuivre et des compétences.
Mouler, forger, usiner, c’est ainsi que l’on fabrique les armes de la Nation.
« …nous pleurons nos belles fonderies disparues, englouties par la bêtise, l’incompétence, la couardise et, pire que tout, le silence. »
Tout est dit.
Mais il n’y aura jamais d’excuse, de sanctions pour ceux qui ont orchestré ce sabotage. Certains ont d’ailleurs certainement été promus, pour leur trahison des intérêts du pays.!!