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Par : piwi
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vendredi 04 Août, 2023
Catégorie : Automobile

Les chiffres du crash de la production automobile en France

Désindustrialisation : les chiffres du crash de la production automobile en France

Pierre Lann
Désindustrialisation : les chiffres du crash de la production automobile en France
Grève des salariés de Citroën à Aulnay-sous-Bois en 2013, où était produite la C3 avait d’être délocalisée en Slovaquie.

C’est le jackpot pour Stellantis, le géant automobile né de la fusion du français PSA (Peugeot – Citroën) et de l’italo-américain Fiat-Chrysler. Le constructeur vient d’annoncer un bénéfice record de 11 milliards d’euros sur les six premiers mois de l’année, soit une hausse de 37 % par rapport à l’année dernière. Malheureusement, ces excellents résultats ne profitent pas vraiment à l’industrie française. Depuis 2000, la production du groupe dans l’Hexagone a été divisée par trois, en passant d’1,6 million de voitures par an à seulement 535 000 en 2021.

Le mouvement touche l’ensemble de la filière. L’an dernier, le déficit commercial automobile a chuté à près de 20 milliards d’euros, selon les chiffres des douanes, alors que la situation était parfaitement inverse il y a vingt ans. Pour se rendre compte de l’ampleur du naufrage, Marianne s’est penché sur les chiffres de production dans l’Hexagone fournis par le Comité des constructeurs français automobiles (CCFA). Nous avons retenu les données des groupes historiquement français : Renault et Stellantis (hors Fiat-Chrysler).

Dégringolade

Et le constat est effarant. La chute est frappante en proportion : en 2000, 61 % des voitures vendues par ces groupes étaient construites en France (2,8 millions de véhicules sur 4,6 millions au total). Ce chiffre tombait à 31 % en 2009 (1,5 million sur un total de 4,8 millions) et à seulement 16 % en 2021 (690 000 sur 4,3 millions). Les volumes ont également nettement baissé. En vingt ans, le nombre d’automobiles façonnées en France par ces groupes a été divisé par quatre (de 2,8 millions en 2000 à 700 000 en 2021). Le gros de leur activité a été délocalisé à l’étranger.

La fuite est particulièrement criante sur le segment des petites voitures populaires – comme les 208, C3, Twingo ou Clio – qui restent les plus vendues en France (57 % des véhicules immatriculés en 2021 selon les chiffres de la CCFA). Et même s’ils en construisent de moins en moins, cette « gamme économique » reste la plus importante, en volume, pour les marques (63 % des véhicules en 2021). En 2009, au début de la grande crise automobile ayant suivi le krach financier, les trois marques françaises fabriquaient encore dans l’Hexagone 32 % de leurs petites automobiles. Exemple : la Renault Clio était encore conçue à Flins (Yvelines), et la Citroën C3 sortait des usines d’Aulnay (Seine-Saint-Denis) ou de Poissy (Yvelines).

En 2021, seulement 6,5 % de la production de ces modèles populaires était effectuée en France. La petite voiture française a été sacrifiée sur l’autel de la compétitivité. Pour faire face à une concurrence libre et acharnée, les constructeurs ont choisi de transférer une grande partie de leur activité dans des pays où le coût du travail était plus bas, générant une désindustrialisation dont nous mesurons chaque jour les effets délétères. La Citroën C3 est désormais conçue en Slovaquie. L’usine d’Aulnay-sous-Bois, où travaillaient plus de 3 000 personnes, a fermé ses portes en 2014, faisait grimper le taux de chômage déjà élevé dans cette ville pauvre de la banlieue parisienne.

De son côté, la Clio est fabriquée en Turquie ou en Slovénie. L’usine de Flins s’est reconvertie dans les Zoé. Avec le Kangoo, la petite voiture électrique de la marque au losange est la seule voiture de « gamme économique » à être encore produite sur le territoire français. En fait, seuls les véhicules de moyen et haut de gamme restent encore sur notre sol. Bilan : alors que les fameuses petites voitures pourraient redorer l’industrie française – trois des quatre autos les plus vendues en Europe de l’ouest sont des Peugeot ou des Renault (208, 2008 et Clio) – nous sommes obligés de les importer. Notre déficit commercial se creuse, alimentant des dépendances envers l’étranger, sans créer d’emplois et de richesses sur le territoire.

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