Voici la médaille du Tour de France 2025, on a visité la fonderie qui la fabrique
Par Lucas JARIAIS.
Elles pèsent 230 grammes, mesurent 100 mm de diamètre. Plaquées en or 24 carats, elles viennent tout juste d’être gravées « vainqueur d’étape ». Chaque année, elles s’enfilent autour du cou des meilleurs cyclistes de la planète lors de la plus grande course mondiale.
Depuis 2023, les médailles des vainqueurs d’étape du Tour de France sont dessinées, fabriquées et gravées en Sarthe. La fonderie d’art Macheret, installée près du Mans, à Montfort-le-Gesnois, a décroché l’appel d’offres lancé par l’entreprise Continental, le financeur.
« Un prestige »
« C’est une fierté, un prestige pour nous, s’exclame Paul Macheret, co-dirigeant de l’entreprise avec son frère Yves après l’avoir racheté en 2012 à leur père Philippe, le fondateur en 1982. On marque la course à notre façon. À travers la médaille, on vit l’effort et le travail d’équipe des équipes cyclistes. »
Sur la pièce, aucun détail n’est laissé au hasard : elle est ronde comme un pneu de vélo, y sont représentés le logo Tour de France et une carte de France avec, inscrits dessus, les tracés des étapes de la « Grande boucle ». « Chaque année, le design reste le même mais les étapes changent », explique-t-il. Petite particularité, l’édition 2024 a démarré en Italie, à Florence. Il a donc fallu se creuser les méninges. « On a mis le bout de l’Italie concernée à l’arrière de la médaille », indique le Sarthois.
Design, coulée et gravure
En se faufilant à travers les différents ateliers de son entreprise, Paul Macheret détaille les étapes de fabrication. Tout part du design. « Les fonderies, en général, ne le font pas et c’est ce qui nous caractérise sur le marché français », analyse-t-il. Le design a dû être validé par le financeur Continental, fabricant de pneus. « Nous voulions absolument mettre en avant le prisme sportif tout en nous intégrant habilement dessus, raconte Léa Lucas, chargée de partenariat chez Continental. C’est pour ça qu’on a mis une bande de roulement de pneu sur le contour de la médaille. »
Après l’impression 3D, place au moulage au sable. Puis vient l’heure de la coulée et de la fusion. « On le coule dans un moule à la louche parce que là, c’est un petit modèle. C’est une technique très traditionnelle, montre Paul Macheret devant le liquide à 1 150 degrés. Ensuite, on passe au polissage pour faire briller la pièce. » Seule étape du parcours réalisée ailleurs qu’à la fonderie : le traitement de surface, où la pièce est plaquée d’or, ou d’un autre métal. Le chemin de fabrication se termine par la gravure, la personnalisation de la médaille. « Moi, je la trouve très belle, se réjouit-il. Rien de plus symbolique qu’une belle carte de la France dessus. » Chaque année, la fonderie sarthoise en produit 21, soit autant que le nombre d’étapes du Tour. « Et une centaine de répliques de 80 mm en plus, pour ce que l’on appelle les VIP, ajoute le directeur. On a d’ailleurs une photo d’Emmanuel Macron avec notre médaille autour du cou. »
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Bien que le Tour de France soit la plus grande course cycliste au monde, il reste un grand évènement parmi tant d’autres pour la fratrie. « C’est un peu notre quotidien, notre culture, d’accompagner de grands événements », avoue Paul Macheret. La fonderie travaille, entre autres, pour le Vendée Globe, le GP Explorer, le NRJ Music Awards, le PSG, les Fédérations françaises de football et de rugby, l’entreprise Total. « Le fait de réaliser 95 % des tâches ici nous permet d’être ultra réactif, rapide, ce qui est très important sur le marché de l’événementiel, assure-t-il. Mais au-delà de travailler pour ces grands noms, c’est surtout le défi technique et artistique qui nous intéresse. On aime faire de la création. »
Une entreprise en plein développement
La fonderie d’art Macheret ne cesse de croître. « On a doublé notre chiffre d’affaires entre 2019 et 2025 », assure son co-dirigeant. La gamme de luminaire haut de gamme lancée en 2017 en est pour quelque chose. « Ça s’exporte dans le monde entier. » Les deux frères ont même choisi d’ouvrir, en janvier 2025, un showroom (un local d’exposition) dans le VIIe arrondissement de Paris. Ce développement a poussé l’entreprise de 26 salariés à s’agrandir. Une extension de bâtiments de plus de 1 000 m² est aujourd’hui en travaux, à côté de leur espace de travail actuel. Elle sera terminée pour le mois d’octobre 2025.