Mais le Covid est passé par là, et la crise s’est aggravée tant chez Renault que chez ses équipementiers. Les Fonderies du Poitou n’ont pas échappé à l’activité partielle. Renault, auquel Alvance demandait un dernier effort sous la forme de l’attribution d’une commande de carters qui lui permettrait de tenir jusqu’en 2023 – 2024, n’a pas cédé. Résultat, Liberty Fonderie Poitou est pris de court, avec un carnet de commandes d’environ 200 000 pièces sur 2021, mais son activité n’est pas garantie au-delà, du moins pas sous cette forme.
Mais « il n’y a pas de crainte de fermeture du site », affirme Guillaume de Goÿs, directeur des opérations d’Alvance Group, interrogé par l’Usine Nouvelle. Si Alvance doit ajuster les effectifs à cette baisse de charge, ce sera sans licenciement sec, plutôt avec des redéploiements et, le cas échéant, un plan de départs volontaires. « Les entreprises du Poitou ont déjà reçu environ 15 millions d’euros de soutien du groupe GFG et ce soutien va se poursuivre », affirme le groupe.
Le président de Renault Jean-Dominique Senard, interrogé le 25 novembre sur la situation de la Fonderie du Poitou lors de la présentation du plan de transformation de l’usine de Flins, affirme que « Renault a toujours fait son devoir. Cela fait des années que nous soutenons presque à bout de bras cette entreprise. »
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Deux potentielles voies de reconversion
Sur le site d’Ingrandes-sur-Vienne, la CGT avait, en septembre, dénoncé un retard dans le déploiement des investissements promis dans l’outil et appelé à un débrayage. Le syndicat considère que la direction d’Alvance privilégie l’activité aluminium. « C’est vrai que l’aluminium a un potentiel de croissance y compris hors du powertrain, tandis que la fonte est utilisée dans des moteurs thermiques qui tendent à diminuer », répond Guillaume de Goÿs. L’aluminium sera également sollicité dans les véhicules électriques, bien plus que la fonte.
Un groupe de réflexion créé en juin explore les productions alternatives possibles pour les salariés de la fonte, et un cabinet externe a été consulté sur les alternatives pour Liberty Fonderie Poitou. « Lorsque nous avons créé notre groupe de travail, nous l’avons fait parce que notre président Sanjeev Gupta, bien que confronté à un marché en déclin, ne voulait pas simplement laisser l’entreprise faire faillite », a commenté le directeur d’Alvance Guillaume de Goÿs dans un communiqué.
Cette réflexion a abouti à deux voies possibles de reconversion. « La première consiste à créer une entreprise de reconditionnement de véhicules, qui impliquerait la formation et le transfert d’un nombre significatif d’employés », explique Alvance. Cette activité pourrait employer une cinquantaine de salariés dès 2022, puis une trentaine supplémentaires en 2023, précise Guillaume de Goÿs à l’Usine Nouvelle.
« La deuxième concerne le transfert d’un autre groupe de salariés vers notre fonderie d’aluminium située sur le même site, qui développera ses activités de prototypage et de moulage sous haute pression », explique Alvance. Là, une quarantaine de postes devraient s’ouvrir en 2021, et possiblement d’autres plus tard avec la diversification des débouchés.
La direction d’Alvance a annoncé mercredi qu’elle envisageait un plan de sauvegarde de l’emploi chez Liberty Fonderie Poitou, un équipementier automobile en difficulté de la Vienne qui emploie 298 salariés,
invoquant la décision de l’unique client Renault de ne pas y commander son dernier carter pour moteurs Diesel.