La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mardi 26 Mar, 2013
Catégorie : Selon la presse

A Denain, reportage au coeur de la Fonderie-Aciérie

L’usine où la parité n’a pas prise.

Bienvenue à la Fonderie-Acierie de Denain. Une usine dans la cité “la plus pauvre de France” ? On croyait qu’elles étaient toutes fermées, balayées par la dramatique disparition d’USINOR au début des années 80. Eh bien, non. D’ailleurs, ce sont les quelques Denaisiens rencontrés lors de nos précédents reportages qui nous avaient conseillé d’aller y faire un tour. « Un vrai travail d’hommes», avait même assuré Anne-Lise Dufour-Tonini, lors de notre rencontre fin janvier. C’est vrai qu’à la Fonderie-Acierie, il ne faut pas jouer les mijorées. Sous les immenses toitures, il fait encore frisquet, tant que l’on ne s’approche pas des brasiers. Les débardeurs n’ont pas de problème de froid, quand on les regarde travailler : entièrement protégés, ils meulent des pièces d’usinage, destinées ensuite aux clients de la FAD. Pas de femmes dans l’usine, à première vue. Uniquement dans les bureaux. Si, trois, en production, précise encore le directeur général. D’ailleurs, il nous interrompt un instant pour en interpeller une qui est en train d’essayer de déplacer un bloc bien trop lourd pour sa frêle silhouette. « Faites-vous aider, tonne-t-il gentiment derrière ses lunettes de protection, avant de se retourner vers nous : pas la peine qu’elle se fasse un tour de reins.» Les accidents du travail, d’ailleurs, un des chevaux de bataille du directeur, en place depuis quatre ans (il travaillait auparavant à Arcelor-Mittal, à Dunkerque) : « d’un par semaine, nous sommes passés à six par an», assure-t-il.
1100 personnes invitées à une réunion d’information pour le recrutement… 27 se sont déplacées
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Discussion dans les immenses bâtiments de la FAD, deuxième employeur privé de Denain. Photo : Stéphane Dubromel.

L’autre cheval de bataille, Christian Szymczak nous l’avait expliqué dans son bureau, quand il portait encore sa veste de costard : recruter. Car aussi étonnant cela puisse-t-il paraître dans une ville particulièrement touchée par le chômage (autour de 20%), on ne se bouscule pas pour franchir les portes de la Fonderie-Acierie de Denain. L’an dernier, l’usine denaisienne avait pourtant des besoins et a recruté quinze personnes pour compenser les futurs départs en retraite. Avec grande difficulté : « Je vais vous donner un chiffre. On est passé par Pôle Emploi qui a prévenu les demandeurs d’emplois du secteur d’une réunion d’information sur nos métiers. 1 100 invitations sont parties en direction de personnes potentiellement concernées par nos boulots. Devinez combien sont venues ?» Le photographe, d’un optimisme béat, table sur 100. Le journaliste-rédacteur, plus terre à terre, lâche 50. C’est encore moins : 27. Soit 2 à 3%. La suite de l’histoire est toute aussi étonnante. Après la réunion d’information, une dizaine ont directement jeté l’éponge. Pas question de travailler dans de telles conditions. Neuf des dix-sept restants ont passé la barre des tests et ont commencé à pointer chaque jour à l’usine. Aujourd’hui, seuls deux ouvriers de cette phase de recrutement sont encore en poste. Dur. « Ces chiffres sont remontés très haut. Quand je dis haut, c’est même à l’Elysée.» Les raisons de cette désaffection ? Assez évidentes… Le métier est dur et rude dans une société qui ne porte plus le travail ouvrier dans son cœur ; et pendant longtemps, les filières professionnelles ont été délaissées. D’ailleurs, aujourd’hui, quand un jeune entre à la FAD, il est formé par l’entreprise aux techniques maison la première année : « Quand vous avez quelqu’un qui est formé à l’école comme tourneur, il n’est pas forcément adapté à notre fabrication : ici, certaines pièces font seize mètres de diamètre…»

A entendre le directeur, les efforts valent le coup, la paie à la FAD étant bien plus que correcte. Quelqu’un qui débute aura le SMIC, mais agrémenté de primes diverses et variées avec les trois huit par exemple. Avec des possibilités d’évolution, à Denain, mais aussi au sein des autres usines du groupe CIF (Compagnie industrielle et financière de Bussy). Le patron, d’ailleurs, ne nous sort pas de fiches de paie pour justifier ses propos, mais nous invite à jeter un coup d’oeil sur le parking : « Vous voyez des voitures brinquebalantes ici ? ça veut dire quelque chose, non ?» Certes.
Des pièces qui rayonnent de par le monde
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Du feu et un directeur à cheval sur la sécurité. Même pour la photo, il ne retirera pas ses lunettes de protection. Photo : Stéphane Dubromel.
Weo à Denain cette semaine, DailyNord parle du projet “Quinquennat”

Denain est décidément une ville intéressante : Laurent Dereux et Anouk Winberg, de Weo, s’y sont baladés et proposent aujourd’hui de retrouver leurs aventures denaisiennes sur la chaîne, dans l’émission Grand’Place (18h30, 20h, 21h45, de lundi à vendredi). Petit bonus, et non des moindres : DailyNord a été invité à parler de son projet “Quinquennat”. Diffusion mercredi à 18h30-20h et 21h45.

Pourtant, comme Usinor en face symbole du désastre économique denaisien, la FAD n’a pas connu que des jours heureux. Fondée au début du vingtième siècle, elle a compté jusqu’à 3 000 salariés sur le site. Avant de se prendre de plein fouet, la crise de la sidérurgie, dans les années 80. « Nous aurions pu fermer, c’est sûr. Le rachat par le groupe CIF nous sauvé.» Aujourd’hui, en terme d’emplois, il ne reste donc guère que 200 personnes, mais ce qui en fait le deuxième employeur privé de Denain. Et même si l’usine est peu connue des Denaisiens eux-mêmes, elle rayonne de par delà les frontières : 80% des pièces réalisées ici, partent à l’export, hors Union Européenne. Dans des mines, des cimenteries, pour fabriquer des avions, etc. « C’est d’ici qu’est sorti en partie l’engrenage le plus puissant du monde, se vante Christian Szymczak. Il est utilisé aujourd’hui dans une mine de cuivre en Russie.» Le gigantisme fait d’ailleurs partie de l’ADN du site denaisien : la semaine dernière, la FAD devait couler 140 tonnes de métal en une seule fois, contre 100 à 110 d’habitude. Quand un camion part livrer ses pièces, il faut souvent bloquer la circulation aux alentours. « Quand nous ne sommes pas carrément obligés de démonter le bardage métallique de l’atelier mécanique pour les pièces les plus imposantes ! » La visite personnalisée pour le projet quinquennat touche à sa fin. Au bout de l’atelier mécanique, un espace est vide. Plus pour longtemps : deux machines à commande numérique doivent arriver cette année. « Pour être toujours plus performants, dans un marché qui s’est mondialisé».Parce qu’ici, il n’est pas question de délocaliser : “Nous faisons de la qualité, ce qui nous permet d’être encore là. A nous de continuer“. Du Made in France, c’est Montebourg qui va être content.

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