La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mercredi 23 Fév, 2022
Catégorie : Selon la presse

Safran, Airbus et Tikehau bouclent le sauvetage d’Aubert & Duval

LES ECHOS –

Après plus d’un an de négociations, Airbus, Safran et le fonds d’investissement Tikehau Ace Capital ont signé un protocole d’accord avec Eramet pour la reprise du fabricant de pièces de fonderie Aubert & Duval. Une entreprise stratégique, dont les pièces équipent notamment les moteurs d’Airbus, les Rafale et les sous-marins nucléaires.


Les pièces de fonderie de haute performance d’A & D équipent tous les secteurs stratégiques industriels français.

Le sauvetage du soldat Aubert & Duval aura nécessité du temps et du (beau) monde, mais l’opération est sur le point d’aboutir. Après plus d’un an de discussions, le fabricant de pièces de fonderies de haute performance, dont les produits intéressent tous les secteurs industriels de pointe, de l’aéronautique au nucléaire en passant par la défense, devrait finalement être repris par Airbus, Safran et Tikehau Ace Capital .

L’avionneur, le motoriste et le fonds d’investissement ont signé un protocole d’accord avec le groupe minier et métallurgique Eramet, en vue d’une reprise à 100 % d’A & D par une filiale commune détenue à parité par Airbus, Safran et Tikehau. Toutefois, la direction opérationnelle de cette coentreprise sera assurée par un représentant de Safran, en raison de « ses compétences industrielles dans le domaine métallurgique », explique le communiqué. L’Etat français, déjà présent au capital d’A & D et qui avait fait de sa reprise par des intérêts français une question de souveraineté, conservera une action spécifique, avec un droit de veto. La finalisation de l’opération devrait intervenir au quatrième trimestre 2022.

Une mobilisation générale

Dès l’annonce par Eramet de sa volonté de se désengager d’Aubert & Duval, en mai 2020, le gouvernement français était monté au créneau, par la voix de la ministre des Armées, Florence Parly , afin de pousser ses principaux clients nationaux à présenter une offre de reprise. Ceci afin d’éviter qu’une entreprise aussi stratégique, dont les pièces de fonderies se retrouvent aussi bien à bord des avions de combat Rafale que des sous-marins nucléaires et des centrales d’EDF, ne passe en des mains étrangères.

Message reçu cinq sur cinq. « Aubert & Duval est un fournisseur historique qui possède un savoir-faire technique unique en Europe, explique, dans un communiqué, le directeur général de Safran, Olivier Andriès. Sa reprise assurera une souveraineté nationale à nos programmes stratégiques de moteurs disruptifs civils et militaires. Le projet de transformation prévu permettra de renforcer la confiance des clients et de créer un champion national dont la forte base industrielle française sera capable de servir le marché mondial de l’aéronautique. »

Une situation financière dégradée
Toutefois, cette volonté de souveraineté technologique et militaire a peiné à se concrétiser face aux exigences d’Eramet et aux difficultés d’un accord à trois. Si Aubert & Duval est unanimement considérée comme une entreprise stratégique, sa situation financière, déjà précaire avant la crise, s’est fortement détériorée en 2020, avec la chute des commandes aéronautiques. Fin 2020, l’entreprise avait dû annoncer la suppression d’environ 10 % de ses effectifs en France, à travers un plan de 380 départs volontaires , sans attendre la fin des discussions. A ces difficultés financières s’ajoute un outil industriel fragilisé par un sous-investissement depuis plusieurs années, avec des usines parfois vétustes selon un connaisseur du dossier.

Le protocole d’accord conclu par les trois repreneurs traduit ces difficultés. Ni Dassault Aviation, ni Naval Group, qui figurent parmi les bons clients d’A & D, ne participent à cette reprise. Et selon le communiqué d’Eramet, la cession d’Aubert & Duval « s’effectuerait sur la base d’une valeur d’entreprise de 95 millions d’euros ». Une somme à laquelle il faut toutefois soustraire le montant des dettes, de l’ordre de 50 à 60 millions d’euros. Si bien que le chèque final, dont le montant n’a pas été dévoilé, ne devrait pas dépasser une cinquantaine de millions, pour une entreprise dont le chiffre d’affaires était au-dessus du milliard d’euros avant la crise.

Un fort aspect symbolique

Pour Eramet, qui avait racheté A & D en 1999, cette cession se traduira par une perte comptable de 340 millions d’euros sur l’exercice 2021. Cette cession revêt également un fort aspect symbolique dans la mesure où l’entreprise a été fondée par la famille Duval qui est devenue un actionnaire de poids avec un peu moins de 40 % du capital d’Eramet, lors de la fusion des deux entreprises en 1999.

Même s’ils ne se disaient pas opposés à cette cession, les actionnaires familiaux avaient engagé l’an dernier un bras de fer avec la PDG, Christel Bories, dont le plan de relance du groupe minier passait par la vente de cet actif.

Un plan d’investissement sur trois ou quatre ans

Airbus, Safran et Tikehau vont devoir apporter à Aubert & Duval les ressources financières nécessaires à son redressement, dans le cadre de ce que le président d’Airbus, Guillaume Faury, appelle « un ambitieux plan de transformation ». « Avec Airbus et Safran, nous apportons les ressources financières et la meilleure expertise industrielle nécessaires », souligne Marwan Lahoud, le président de Tikehau Ace Capital.

Là encore, aucun montant n’est avancé, mais le plan de transformation sur trois à quatre ans devrait nécessiter de 200 à 300 millions d’euros d’investissements, selon nos informations, répartis entre les trois partenaires. Avec l’objectif affiché de faire, à terme, d’Aubert & Duval un champion européen, ce qui passera probablement par des regroupements avec d’autres entreprises du secteur, une fois l’entreprise redressée.

Zone de commentaire !

1 commentaire pour : "Safran, Airbus et Tikehau bouclent le sauvetage d’Aubert & Duval"

  1. C’est effectivement une entreprise stratégique pour la forge et la fonderie.
    A & D élaborent des nuances utilisées en aéronautique militaire, ne pas les soutenir serait se mettre en état de dépendance.

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