Dans l’ensemble, les élèves ne sont pas violents ou agressifs, mais ils
ne tiennent pas en place. Le professeur doit passer son temps à tenter
de construire ou de rétablir un cadre structurant. Il est souvent acculé
à pratiquer une « pédagogie de garçon de café », courant de l’un à l’autre
pour répéter individuellement une consigne pourtant donnée
collectivement, calmant les uns, remettant les autres au travail.
Il est vampirisé par une demande permanente d’interlocution individuée.
Il s’épuise à faire baisser la tension pour obtenir l’attention. Dans le
monde du zapping et de la communication « en temps réel », avec une
surenchère permanente des effets qui sollicite la réaction pulsionnelle
immédiate, il devient de plus en plus difficile de « faire l’école ».
Beaucoup de collègues buttent au quotidien sur l’impossibilité de
procéder à ce que Gabriel Madinier définissait comme l’expression même
de l’intelligence, « l’inversion de la dispersion ».
Dès lors que certains parents n’élèvent plus leurs enfants dans le souci
du collectif, mais en vue de leur épanouissement personnel, faut-il
déplorer que la culture ne soit plus une valeur partagée en Europe ».