Une entreprise vosgienne qu’il a redressée mais qui a désormais besoin d’un coup de pouce, d’une aide pour continuer sur sa lancée. Gilles Laguet ne veut surtout pas ignorer le passé. « La fonderie, le savoir-faire des hommes, c’est la mémoire de ce site de la Belle Orge », dit-il en feuilletant le livre au papier glacé qu’il a consacré à l’histoire de cette usine implantée à la Belle Orge depuis 1959. Pour comprendre cette aventure industrielle, le retour en arrière est indispensable.
Jusqu’à 800 emplois
Elle avait commencé vingt ans auparavant, en 1939, avec la Fonderie Alizon de Raon-l’Étape, implantée au centre-ville. Cette dernière fournissait, dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les pièces brutes à la Sit (Société industrielle de transmissions), filiale de Kléber Colombes, pour réaliser des poulies à Levallois-Perret. En 1955, la Sit devient Sit-Texrope qui rachète la fonderie de Raon, laquelle continuera de produire poulies et courroies ainsi que des réducteurs Hansen. Une activité transférée à la Belle Orge en 1959, alors que la fonderie ne le sera qu’en 1991. Entre-temps, Sit-Texrope avait mis la main sur le groupe belge Hansen en 1987. « À partir des années quatre-vingt-dix, la donne change. Alors que l’entreprise avait employé jusqu’à 800 personnes au plus fort de l’activité, dans les années soixante-dix, la logique financière a tout changé. Impossible de faire des volumes avec la concurrence des sites à bas coûts. Et la société a été, dès lors, ballottée au gré des rachats et cessions entre les fonds de pension anglo-saxons. La logique industrielle s’est effacée au profit de la financière. C’est une logique opposée à celle de l’entrepreneur », raconte Gilles Laguet.
Hansen-Sit passe de mains en mains. De l’américain Rexnord (1999) au fonds d’investissement Carlyle (2002) puis le fonds Apollo, les effectifs tombent à 120. « Et ces emplois, j’ai tenu à les préserver quand, avec deux autres cadres, nous avons repris l’entreprise rebaptisée PTP Industry en 2008 », souligne Gilles Laguet.
Gestion saine
« La société vivotait, souffrait du manque d’investissements dans l’outil et n’avait plus trop de perspectives », poursuit le Jurassien, ingénieur en génie mécanique, expert en organisation industrielle, qui avait déjà redressé une entreprise dans l’automobile à l’agonie, à Troyes. « Une société qui portait, elle aussi, les meurtrissures de la gestion par un fonds de pension. Mener ce management de transition pour relancer une société, c’est un sale boulot », reconnaît Gilles Laguet. Mais à Raon-l’Étape, il ne lâche rien. Le chiffre d’affaires, qui culminait un temps à 15 M€ juste avant la crise, plonge ensuite de 40 % en 2009. « Nous avons investi sur nos fonds propres en créant un nouveau bâtiment. En 2011, nous avons sorti la tête de l’eau, à 13,3 M€ de chiffre d’affaires. Mais en 2012, on a perdu de l’argent. C’est une passe difficile. La gestion est saine, il n’y a pas de dette, mais nous sommes sur le fil de l’équilibre. On peut tomber ou se relancer. Il nous manque 1 M€ », explique le patron.
La société exporte plus de 50 % de sa production. Et Gilles Laguet l’oriente vers de nouveaux débouchés (lire ci-dessous). En attendant, il sollicite les acteurs institutionnels, les fonds d’investissement lorrains, jusqu’au ministère du Redressement productif, pour les convaincre. « Parce que c’est maintenant qu’on a besoin de soutien », martèle l’industriel.
Bernard KRATZ.
Bonjour à tous,
Une grande partie des fonderies est appellée à disparaitre, cela est une certitude.
Combien de fonderies ont demandé, en leur temps, une aide afin de relancer la machine? La liste est longue et toutes les demandes sont restées vaines.
C’est une réalité.