Impériales Wheels (36): « Il n’y a pas de repreneur, la liquidation semble inéluctable »
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Les syndicats annoncent que le dernier repreneur potentiel d’Impériales Wheels, dans l’Indre, n’a finalement pas concrétisé son intérêt. L’administrateur judiciaire va demander, jeudi 20 juin 2024, la liquidation judiciaire
C’est peut-être la fin d’un savoir-faire unique en France. Placé en redressement judiciaire depuis février 2024, le dernier fabricant français de jantes alu Impériales Wheels, basé à Diors, dans l’Indre, va sans doute mettre la clé sous la porte.
Mercredi 19 juin 2024, à la veille d’une audience programmée au tribunal de commerce de Villefranche-sur-Saône, les syndicats annoncent que le dernier repreneur potentiel, l’industriel allemand Borbet, n’a finalement pas donné suite à ses timides avances de ces dernières semaines.
L’administrateur judiciaire n’a donc « pas d’autre choix » que de demander demain, jeudi 20 juin, devant le tribunal de commerce de Villefranche-sur-Saône, la liquidation judiciaire de la fonderie diorsaise qui emploie encore près de 180 personnes.
Une semaine plus tôt, faute de garanties suffisantes, celui-ci avait déjà lancé « à titre conservatoire » une requête de conversion en liquidation en vue de cette prochaine audience. Lundi, il avait réclamé au candidat à la reprise de revoir son offre sérieusement à la hausse. En vain.
Une audience ce jeudi à Villefranche-sur-Saône
À ce jour, les syndicats disent douter que le tribunal rendra une décision dès ce jeudi et pensent plutôt que le dossier sera mis en délibéré. « La liquidation semble inéluctable », tranchent-ils cependant. Désormais, leur combat sera de récupérer les dix millions d’euros d’argent public non versés à l’entreprise pour « les indemnités de licenciement et l’accompagnement des salariés ».
Réunis pour partie depuis lundi devant ce qui devait être le futur site de production au Poinçonnet, les salariés n’y croyaient plus vraiment. « Pourquoi, avec autant d’argent reçu (près de 50 millions d’euros de l’État et de la Région et du Fonds avenir automobile), on n’a pas fini au moins un projet ? », s’interrogeaient-ils.
Quatre redressements en dix ans
L’histoire récente de la fonderie située à Diors aura été émaillée par quatre redressements judiciaires en l’espace de dix ans, changeant de noms (Française de roues, AR Industries, Liberty Wheels, Alvance Wheels, Impériales Wheels) au rythme des plans sociaux et des rachats.
Un nouvel espoir était né en 2022 avec le rachat par la société EDS Holding, créée par Emile Di Serio, patron de Saint-Jean Industries. Et la promesse d’un projet ambitieux, à même de répondre au marché concurrentiel des voitures électriques, appuyé par l’État et la Région à hauteur de 60M€. « Où sont-ils passés, ne cessaient de s’interroger ces derniers jours, Hervé Delair, secrétaire du CSE d’Impériales Wheels. C’est un scandale d’État. »
dates-clés
> 2009. Montupet roues est racheté par l’entreprise indienne Deltronix, et devient la Française de roues (F2R). À l’époque, l’usine diorsaise compte près de 460 salariés.
> 2011. En septembre, les syndicalistes lancent une première alerte : des machines sont démontées pour être envoyées en Inde.
> 2013. En décembre, F2R est placée sous tutelle d’un administrateur provisoire. En raison de mouvements bancaires suspects, le directeur financier est mis en examen.
> 2014. En avril, l’usine de Diors est placée en redressement judiciaire. Elle ne compte plus que 380 salariés.
> 2015. En octobre, après 18 mois d’observation, l’entreprise est reprise par Thierry Morin et son groupe TM France. L’usine s’appelle désormais AR Industries.
> 2018. Les commandes sont au point mort. En janvier, l’usine est placée en redressement judiciaire. Elle est reprise, en juin, par le groupe indo-britannique GFG Alliance et devient Liberty Wheels… puis Alvance Wheels.
> 2021. En avril, l’usine, qui ne compte plus que 287 salariés, est à nouveau placée en redressement judiciaire, en raison de la chute de la société mère, très endettée.
> 2022. Le 1er février, EDS Holding rachète Alvance Wheels, et la rebaptise Imperial Wheels. L’État et la Région arrivent en soutien du projet avec la mobilisation de 60M€ d’argent public.
> 2023. En décembre, les syndicats s’inquiètent de la situation financière de leur entreprise et déposent un droit d’alerte pour avoir « une vision claire » de l’état des comptes.
> 2024. Le 22 février, Impériales Wheels dépose le bilan et est placée en redressement judiciaire. Le 19 juin, à la veille d’une audience capitale devant le tribunal de commerce de Villefrance-sur-Saône, les syndicats annoncent qu’il n’y aura pas de repreneurs.
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