Un siècle plus tard, l’industrie entre en déclin. Entre les années 1960 et 2000, les usines textiles ferment les unes après les autres. Si l’implantation de Peugeot (devenue PSA) a compensé quelque temps ce recul, le constat est clair: «On ne peut pas nier le processus de désindustrialisation, même s’il reste des activités liées à l’industrie, avec un pôle chimique, de la plasturgie, de la logistique et diverses activités en périphérie d’agglomération», analyse Didier Taverne, responsable des études économiques de l’Agence d’urbanisme de la région mulhousienne (AURM).
Ce recul de l’emploi ouvrier s’est doublé d’un autre phénomène: «Mulhouse fait partie de ces villes en France qui abritent une part importante de population pauvre. Dans les années 1960 et 1970, on y a construit beaucoup de logements sociaux, tandis que les villages alentour n’en avaient quasiment pas. Aujourd’hui, on a donc une segmentation sociospatiale marquée avec au nord un profil populaire et ouvrier, et au sud des ménages avec les revenus les plus hauts du département», constate Didier Taverne. Une question sociale complexifiée par «la question des origines: les plus pauvres sont issus de l’immigration», ajoute Marie-Claire Vitoux.
M.Reddouane est de ceux-ci: ses parents sont nés en Algérie et sont arrivés en France en 1978, avec ses deux frères. A 37 ans, celui qui a grandi dans le quartier Brossolette n’a fait qu’enchaîner les petits jobs: «Intérim, animateur de quartier, missions chez PSA, agent de sécurité pour un hypermarché, serveur… mais je n’ai jamais eu de CDI, même pas à temps partiel», regrette le jeune homme. Travailler à Bâle?
«Il faut des qualifications, ou au moins parler allemand pour de petits jobs», constate-t-il. «Un ouvrier débutant touche à Bâle plus de 3000 €, soit trois fois le salaire minimum en France», confie un chef d’entreprise actif dans le domaine du bâtiment. «Bâle aspire les talents depuis des décennies», renchérit Marie-Claire Vitoux.
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L’industrie se délite__
Les barrières sociospatiales, les collectivités les ont perçues depuis longtemps. Inauguré en 2006, «le tramway était destiné à rapprocher le centre-ville et les quartiers dynamiques avec ceux plus populaires, afin de casser cette ségrégation. Onze ans après l’inauguration, il y a moins de repli sur soi dans certains quartiers et ce n’est plus un problème de postuler pour un emploi à l’autre bout de l’agglomération même quand on n’a pas de voiture», assure Denis Rambaud, vice-président de l’agglomération mulhousienne M2A.
Après le tram en 2006, le TGV est arrivé à Mulhouse en 2007 via Strasbourg, puis en 2011 via Dijon (vers Bâle et Zurich), puis le tram-train (à destination du piémont des Vosges) et, dans les prochains mois, le contournement routier sud de la ville sera achevé. Nœud de tous ces aménagements structurants: le quartier gare, devenu très attractif. Plusieurs banques y ont relocalisé leur siège et le constructeur de moteurs Wärtsilä y a fait construire un centre de pilotage des activités.
Pourtant, quand ce groupe finlandais s’est implanté dans le Sud-Alsace en reprenant en 1989 l’activité SACM Diesel, «ce sont les compétences et savoir-faire ouvriers qu’ils sont venus chercher», rappelle Marie-Claire Vitoux. Trente ans plus tard, la production industrielle a encore reculé dans la ville. Dans les cathédrales de brique de DMC œuvrent encore 300 collaborateurs, là où ils étaient près de 9000 en 1928. Autre temple de l’ère industrielle, la Fonderie de la SACM a été transformée en campus universitaire pour accueillir les filières droit, histoire, management et économie, notamment.
Des initiatives publiques et privées
Entre le centre-ville et la gare, ce quartier en pleine mutation sert de trait d’union entre ces deux pôles centraux et la zone abritant le campus historique de la ville, avec ses écoles d’ingénieurs et textile fondées par les capitaines d’industrie du XIXe siècle. Aujourd’hui, les écoles textile et de chimie continuent à former des talents. Mais une nouvelle volonté a émergé: s’adresser à des publics différents. Ainsi, des programmes destinés aux jeunes même sans qualification ambitionnent de les former dans le numérique. «On a des jeunes sans diplôme mais qui sont très habiles avec le numérique: il faut capitaliser sur cette richesse», s’enthousiasme l’entrepreneur Luc Gaillet.
Trois initiatives ont réuni partenaires publics et privés: un centre de congrès au centre-ville, un Learning Center sur le campus, et surtout KM0, sur le site de la fonderie. Cette initiative vise à réunir dans 10 000 m2 rénovés des anciennes halles industrielles de la SACM des acteurs du numérique. KM0 ouvrira ses portes en septembre avec un techlab, des espaces de coworking, des locaux pour des start-up…
«Les collectivités territoriales et les entrepreneurs ont fait leurs les atouts du bassin mulhousien et travaillent ensemble, dans le cadre d’une stratégie Campus Industrie 4.0 associant les compétences de chacun dans une orientation d’avenir regroupant mobilité, numérique, matériaux, et industrie du futur, affirme Luc Gaillet. Et KM0 n’est que la partie émergée de cette vaste stratégie visant à faire naître une nouvelle génération d’entrepreneurs mulhousiens qui prendront le relais des dynasties du textile et de la construction mécanique», espère-t-il. Après un pic au début des années 2010, à plus de 11% début 2012, le chômage a amorcé une légère décrue depuis début 2015 avec 2000 postes de travail créés dans le bassin d’emploi.
Qui se rappelle de MM ZEISER, NUSSBAUM, SCHMIDT, STAFFELBACH, qui travaillaient dans cette fonderie, Jean ZEISER en étant le Directeur, et ayant un jour fait une comparaison (avec croquis à l’appui) entre le corps humain et un moule, le sang étant le métal liquide, le squelette les noyaux, etc … ?
Moi 🙂
Pour soutenir un projet comme celui du Maire de Mulhouse, créer une campagne de t-shirts est une bonne idée. Personnaliser des t-shirts pour un événement peut aider à véhiculer un message et marquer les esprits.
Et les T-shirts c’set super sympa, ça donne du boulot aux petits enfants du sud-est asiatique.
;-))))