En près de 10 ans, cette fonderie d’aluminium aura connu 5 actionnaires différents et presque autant de redressements judiciaires, un record.
Comment imaginer qu’une entreprise qui fabrique un produit aussi technique et de si grande diffusion puisse finalement connaître un destin aussi tragique ?
Thermiques ou électriques les voitures ont besoin de roues.
Les jantes alu qui étaient une option pour voitures sportives ou réservées au haut de gamme sont désormais la monte de série de toutes les automobiles.
C’est dire l’immense marché de cette pièce de sécurité, qui en cas de choc, doit se déformer mais ne jamais rompre, afin de conserver l’intégrité de la jante.
Un alliage noble de première fusion d’une pureté absolue est moulé dans une coquille en acier par un procédé de basse pression qui assure une parfaite compacité de la matrice et la reproductibilité des paramètres.
Les propriétés mécaniques de résistance et d’allongement sont obtenues par traitement thermique, l’usinage et la peinture finissent la gamme de cette pièce dont le design participe à l’élégance de la ligne de la voiture.
Alors pourquoi la dernière fonderie française de jantes en aluminium serait-elle vouée à disparaître faute d’un énième repreneur ?
La délocalisation de notre industrie automobile a fait des heureux, des pays à bas coûts à qui la technologie a été apportée ont construit des usines flambants neuves avec des commandes massives pour en amortir les coûts pendant que celle-ci se morfondait avec des volumes vieillissants et décroissants.
Le match est par trop inégal et les investissements conséquents et nécessaires, même largement subventionnés, ne peuvent s’amortir qu’avec des volumes.
L’équation est simple, des engagements de volumes pour amortir des investissements qualitatifs et d’automatisation, des financements supportables par la structure et une équipe désireuse de relever un défi avant tout technologique.
Sur les derniers actionnaires qui se sont relayés un seul était du métier.
La balle est dans le camp des constructeurs automobiles qui répètent à l’envie qu’ils doivent s’approvisionner dans les pays où ils fabriquent.
Dont acte, même si le nombre d’automobiles construites en France a lourdement chuté ces dernières décennies, le plan France 2030 lance un objectif à 2 millions de véhicules par an produites sur le territoire, soit 8 millions de jantes, largement de quoi plus que doubler la taille de cette usine et rentabiliser ses investissements de modernisation.
Voilà un bon sujet de roue-industrialisation endogène de la France.
A rapprocher du parcours de la société allemande BBS, fondée en 1970 en Forêt Noire, et qui a subit de plein fouet l’explosion des coûts de d’aluminium en 2007 et a dû déposer le bilan. Rachetée ensuite en 2008, puis revendue en 2009, puis en 2012, en 2015, en 2021 et enfin en décembre 2023…