Le constructeur vise une réduction drastique de ses coûts industriels d’ici 2027. Il compte produire plus vite et mieux, en s’appuyant sur de nouveaux outils digitaux.
Par Lionel Steinmann LES ECHOS –
Face à une concurrence qui s’intensifie, en Europe comme ailleurs, Renault veut mettre le turbo sur les gains de productivité dans ses usines. Le constructeur tricolore a annoncé ce jeudi qu’il comptait réduire de 30 % à 50 % ses coûts industriels par véhicule d’ici 2027, ambitionnant ni plus ni moins de « réinventer la production automobile ».
Après avoir misé durant les années Ghosn sur la course aux volumes pour améliorer sa compétitivité, la marque au losange joue désormais la carte de l’agilité. « Il s’agit […] de faire beaucoup plus vite ce qu’on fait déjà bien », explique dans un communiqué Thierry Charvet, le directeur industrie et qualité du groupe. Le plan doit aussi permettre de ramener de trois à deux ans le délai de développement d’un nouveau modèle.
3 milliards de données par jour
Le principal levier de cette transformation sera numérique. Renault s’est doté ces dernières années d’un « Metaverse industriel » qui relie l’ensemble de ses usines, mais aussi les fournisseurs et les logisticiens. La marque revendique 12.000 équipements connectés dans le monde, qui génèrent 3 milliards de données par jour.
Leur exploitation permet de produire « plus intelligemment, plus vite et mieux », assure le groupe, qui revendique 270 millions d’euros d’économies dès cette année, grâce notamment à la maintenance prédictive. Cette digitalisation sert également à repenser et améliorer les process de production. L’un des premiers modèles à en bénéficier sera la future R5 électrique , qui sera produite l’an prochain dans l’usine de Douai, avec un temps de fabrication qui doit être ramené à 9 heures.
Renault s’appuie également sur 300 applications utilisant l’intelligence artificielle pour analyser des images et du son. Les opérations de contrôle qualité en cours de montage gagnent ainsi en précision et en rapidité. Le constructeur veut poursuivre sur cette lancée et table sur 3.000 applications dès 2025.
Raboter les coûts
En jouant sur tous les registres, l’objectif est de raboter de 30 % le coût industriel d’un modèle thermique d’ici quatre ans. Pour un modèle électrique, la marge de progression identifiée est de 50 %. Une cible qui résonne avec l’ambition affichée il y a quinze jours par Ampere, la filiale consacrée aux voitures à batteries , d’atteindre avant les autres constructeurs la parité de prix avec les modèles essence ou diesel. Le surcoût est encore d’environ 30 % aujourd’hui.
Les gains de productivité concerneront aussi bien les usines situées en Europe que celles situées dans les cinq hubs localisés en Amérique latine, au Maroc, en Turquie, en Inde et en Corée du Sud. Cette efficience accrue doit accompagner l’offensive produits annoncée dans ces zones il y a un mois et demi, avec huit nouveaux modèles d’ici 2027.
La marque au Losange a donné, ce jeudi, quelques précisions sur la feuille de route de l’usine turque de Bursa. Celle-ci se verra attribuer quatre nouveaux modèles en quatre ans. Le premier d’entre eux, dès l’an prochain, sera un… Renault Duster, c’est-à-dire une version rebadgée Renault du SUV star de Dacia . Ce modèle sera destiné à l’export hors d’Europe, là où l’ex-marque low cost n’est pas présente.
Nous avons certainement épuisé l’essentielle de la productivité traditionnelle comme la réduction des coûts, des structures et de la masse salariale. Il y a encore à faire notement en terme de reconception mais cela ne suffira pas face aux géants asiatiques qui eux sont très automatisés, robotisés et dégager de charges sociales.
Par contre nous avons de quoi beaucoup progresser dans le domaine de la digitalisation de notre entreprise et de nos sites industrielles. En 2023 il est étonnant de constater que les différents secteurs de l’entreprise ne se parlent pas entre eux et que cela aboutit par des solutions « bancales » et pas du tout éfficaces.
C’est certainement là que l’IA nous apportera quelque chose d’important pour nous battre face à une concurrence féroce dans le monde l’automobile.