La relocalisation ou reshoring des activités industrielles de ce côté-ci de la planète est une occasion que veut saisir Fusium. Cette PME québécoise, qui possède des fonderies à Chicoutimi, à Rimouski et à Trois-Rivières, veut augmenter ses revenus de 20 à 30 % d’ici trois ans. Mais surtout, elle désire devenir une référence mondiale. Tout ça, alors qu’elle met en place un plan de relève.
Fusium se présente comme maître fondeur et équipementier. L’entreprise coule des pièces et travaille avec de la fonte, de l’aluminium, du magnésium, voire de l’acier, dans ses trois fonderies. Elle vend ses produits au Québec (35 % de ses revenus) et dans le reste du Canada, mais aussi aux États-Unis, en Europe, au Moyen-Orient et même jusqu’en Australie.
La PME jouit déjà d’une reconnaissance aux quatre coins du monde, mais elle désire l’augmenter. Présente dans plusieurs secteurs, elle compte des clients, entre autres, dans les alumineries, les mines et l’aéronautique. Pompes à carburant, boîtiers et autres tuyauteries de coulée sont autant de produits qu’elle fabrique sur mesure.
« Ce sont des marchés porteurs dont les besoins ne sont pas bien comblés », explique Philippe Dubuc, président et actionnaire majoritaire de la PME fondée au Saguenay par son père au début des années 1980.
Ce qui permet à Fusium de se démarquer : sa grande agilité, certes, mais également sa capacité à produire sur mesure des pièces à court tirage. Autrement dit, l’entreprise familiale fabrique un maximum de 1000 exemplaires d’un même produit. Le poids de chaque pièce moulée (vendue entre 150 $ et 50 000 $) peut varier de 400 g à 7000 kg.
Croissance organique
Après avoir fait l’acquisition de deux fonderies (Rimouski et Trois-Rivières) au cours des six dernières années, Fusium veut désormais tabler sur une croissance organique.
On parle beaucoup de reshoring ces derniers temps. Ça nous ouvre des portes. Vu qu’on est un fournisseur de courte et de moyenne séries, on comble un besoin. Notre modèle d’affaires est basé là-dessus.
Philippe Dubuc, président et actionnaire majoritaire de Fusium
La PME se targue de récupérer la chaleur émanant de ses fours (lesquels peuvent atteindre 1400 oC) afin de chauffer ses installations. « Et dans deux de nos fonderies, nous utilisons entre 75 % et 80 % de matières recyclées pour le moulage de nos pièces. On cherche à diminuer nos coûts et notre empreinte environnementale », explique le chef d’entreprise, ingénieur tout comme son père.
Entre une première rencontre avec un nouveau client et la livraison d’une pièce, il peut s’écouler, à certaines occasions, jusqu’à deux ans. Une bonne communication est donc essentielle, rappelle l’entrepreneur.
« Le facteur humain est très important pour nous, car on n’est pas une industrie très automatisée, explique Philippe Dubuc. Cela dit, on a pris un virage 4.0 à notre façon, car on attache beaucoup d’importance aux données et aux informations. Je donne d’ailleurs des conférences sur l’importance de colliger et d’utiliser les données dans une entreprise. »
Préparer la relève
Tout en poursuivant sa croissance, Fusium prépare sa relève. Un processus a été entrepris en ce sens, soutient M. Dubuc, 48 ans. Deux membres de la direction font désormais partie de l’actionnariat, soit Joëlle Aubut et Alexandre Rouleau. À 38 ans, M. Rouleau, ingénieur, a été identifié comme releveur.
Parmi les défis que doit relever la PME, il y a bien sûr la pénurie de main-d’œuvre. Pour y remédier, Fusium a recruté des travailleurs au Mexique, en Tunisie et au Brésil.
« Mais il y a aussi nos coûts de matières premières qui ont littéralement explosé depuis la pandémie, affirme Philippe Dubuc. Dans certains cas, on parle de 25 % à 100 % en un an. Il y a des limites à refiler la facture à nos clients. Aussi, il y a toute la réglementation québécoise qui est plus rigide et plus complexe qu’ailleurs. On compétitionne avec d’autres régions du monde où les règles sont beaucoup plus souples qu’ici. »