La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mardi 27 Juil, 2021
Catégorie : Piwi en vadrouille

Près de Châteaubriant (44), les forges renaissent de leurs cendres tous les mercredis après-midi

L’Eclaireur –

Le site des forges de la Hunaudières à Sion-les-Mines (44), accueille les visiteurs chaque mercredi, tout l’été 2021, pour leur faire découvrir l’art de la fonderie.

Chaque mercredi après-midi jusqu’au 17 novembre 2021, les forges de la Hunaudière (Loire-Atlantique) accueillent petits et grands pour se replonger dans l’histoire

Accompagné de son classeur garni de photos historiques et d’illustrations, Yannick Goinard mène un petit groupe d’une quinzaine de personnes à travers l’ancien site des forges de la Hunaudières. Situé à Sion-les-Mines, à l’ouest de Châteaubriant (Loire Atlantique), le village abritait autrefois une intense activité d’industrie métallurgique.

Tout l’été 2021, chaque mercredi après-midi, il est possible de se replonger dans le passé de ces forges et de ses fondeurs, à travers une visite commentée.

Yannick Goinard détaille l’histoire et les anecdotes du site des forges au cours d’une visite commentée. © L’Eclaireur
L’histoire de la métallurgie

Le processus d’extraction du minerai de fer est découvert en Asie Mineure en 1 500 avant J.C. L’histoire métallurgique de la région de Châteaubriant (Loire-Atlantique remonte quant à elle à -500 avant J.C, lorsque les Celtes envahissent l’Armorique. On compte alors plusieurs mines de fer, d’abord de simples carrières, puis celles-ci sont équipées de système de descenderie, qui permettent d’accéder aux mines depuis la surface.

L’activité métallurgique ne s’est pas développée ici sans raison : la région de Châteaubriant est située sur le sillon métallifère armoricain, qui traverse la Bretagne en diagonale de part en part.

Au départ, on transforme le minerai de fer à l’aide de bas fourneaux, édifices permettant de récupérer le précieux métal par un processus de combustion avec du charbon de bois. Simple trou dans le sol, les bas fourneaux fonctionnent avec un système de soufflerie actionné par des hommes. Fonctionnant pendant 5 à 9 heures, ils ne permettent de produire que quelques kilos de fer, qu’il faut ensuite frapper pour en retirer les impuretés.

Très répandus dans la région, ils seront plus tard abandonnés au profit de leurs cousins, les hauts fourneaux, qui permettent de produire en bien plus grande quantité. Ces derniers utilisent la force de l’étang à proximité du site, pour actionner les soufflets. Montant à une température de 1 200 °C, ils permettent de produire 500 kilos de fonte à chaque coulée, à raison de deux coulées par jours.

De l’ancien site des forges de Sion-les-Mines (Loire-Atlantique), il ne reste plus que quelques bâtiments.

Les forges de la Hunaudières représentent une activité importante dans l’économie de la région. En hiver, période de forte production, 50 personnes travaillent directement dans les forges. En été, ce nombre descend à 10 personnes.

Mais le fonctionnement des forges fait travailler indirectement bien plus de personnes. Il faut par exemple alimenter les fourneaux en charbon, issu du bois des forêts aux alentours. A l’époque, par le biais d’un contrat d’affermage, les forges ont pour obligation de se fournir en charbon issus du bois des forêts des seigneurs locaux. Il faut alors transporter le charbon de bois, parfois sur de longues distances à dos de mules ou de chevaux. Au total, ce sont environ 500 personnes qui vivent de son activité.

Femmes et enfants travaillent eux aussi à la mine, ces derniers étant considérés comme des adultes (et donc pouvant travailler plus de 10 heures par jour) dès 12 ans ! La vie est dure et forge le caractère des habitants du village, dont les différentes anecdotes racontées par Yannick Goinard font sourire les visiteurs.

On apprend par exemple que les prêtres venant célébrer la St Eloi (saint patron des métiers de la métallurgie), renoncèrent finalement à célébrer la messe pour les travailleurs des forges à partir de 1836. En cause, les comportements trop « païens » des villageois, à mesure que la journée filait et que les tonneaux d’alcools descendaient.

L’association des fondeurs du castelbriantais travaille le métal de manière traditionnelle.

Aujourd’hui, seuls quelques bâtiments et ruines subsistent des anciennes forges. « Le site s’est fortement dégradé entre les années 1950 et les années 1980, où il n’a bénéficié d’aucune réelle protection », déplore Yannick Goinard.

Pour cet habitant de Sion-les-Mines, sauvegarder ce patrimoine et transmettre l’histoire de ces lieux est essentiel :

« Cela me faisait mal au cœur de voir les bâtiments laissés comme ça. Dès que la mairie a acheté, nous avons créer une association. »

Aujourd’hui, la majorité du site appartient à la commune. L’association des Amis des forges, créée en 1991, veille à transmettre et sauvegarder le patrimoine et l’histoire des lieux.

En fin de visite, on assiste à une démonstration de fonderie, réalisée par les membres de l’association des Fondeurs du Castelbriantais. L’atelier se situe dans ce qui était autrefois une maison d’ouvrier. Dans la pièce enfumée par le métal en fusion, aluminium et bronze sont fondus et coulés dans des moules pour réaliser des pièces en tout genre. Ce mercredi, c’est une fenêtre de capote d’une vielle Citroën des années 20, des statuettes ou encore des médailles que les fondeurs extraient des caisses servant pour les moulages, une fois le métal solidifié.

Une fois les moules ouverts, les pièces de métal encore brûlantes se révèlent au public

Les techniques de fonderie utilisées sont les méthodes traditionnelles qui étaient d’usage au siècle dernier. « Aujourd’hui, on ne travaille plus du tout comme ça, excepté dans certaines fonderies d’art », détaille Jacques Venisseau, membre de l’association depuis 2014. Pour lui qui a passé 40 ans de sa vie en fonderie, il a fallu « tout réapprendre » pour maîtriser les techniques de l’époque.

L’association des Fondeurs du Castelbriantais réalise notamment des pièces sur commande pour des particuliers : « Il suffit qu’on récupère le modèle, et alors on peut le reproduire », explique Jacques Venisseau.

En dépit du temps, la métallurgie continue ainsi d’animer ce petit village de la région de Châteaubriant.

Parmi d’autres objets, des statuettes en métal réalisées et vendues par les artisans.

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