Moteurs, Twingo : pourquoi Renault joue la carte audacieuse de la Chine
Lancement de la coentreprise avec Geely dans les moteurs, recours à un prestataire chinois pour développer la future citadine électrique… Les collaborations de Renault avec la République populaire montent en puissance. Explications.
Par Lionel Steinmann
Devenue l’épicentre de l’automobile mondiale, la Chine confirme son attractivité pour les constructeurs occidentaux, et plus seulement parce qu’elle représente le quart des ventes de la planète. Comme Volkswagen ou Stellantis, Renault est en train d’accroître sa collaboration avec des groupes chinois, pour profiter de leur puissance industrielle, et de leur savoir-faire.
Le démarrage, ce vendredi, de l’activité de Horse Powertrain , la coentreprise montée entre Renault et Geely dans les moteurs thermiques, concrétise l’une des plus importantes alliances sino-occidentales hors du territoire chinois. Grâce à l’activité apportée par ses deux actionnaires, la nouvelle société affiche dès son démarrage 15 milliards d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Un duo très complémentaire
Horse se positionne comme un équipementier spécialisé dans la fourniture de moteurs thermiques et hybrides. Avec l’échéance de 2035 et l’extinction programmée du moteur à explosion en Europe (le coeur de ses ventes), Renault risquait de se retrouver avec des volumes en baisse, et des coûts unitaires en hausse.
Petit à l’échelle de son industrie et en voie de divergence avec Nissan, le Losange a choisi de marier cette activité avec celle de Geely, afin de bénéficier de fortes économies d’échelle. Les deux entreprises amènent dans la corbeille leurs brevets et leurs usines. L’attelage semble sur le papier très complémentaire, que ce soit dans la couverture géographique ou sur le plan technique. « Nous sommes forts dans les petits moteurs, et eux dans les moteurs plus gros », assure une source interne.
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La société fournira les différentes marques des deux constructeurs, ainsi que Volvo cars (détenu par Geely) et certaines voitures de Nissan et Mitsubishi, les alliés japonais du Losange. Soit un volume attendu d’environ 5 millions de moteurs par an.
L’idée est également d’aller chercher d’autres clients. Un premier contrat majeur a été annoncé il y a trois semaines avec Habas, un constructeur de véhicules utilitaires turc qui veut étendre son activité aux voitures particulières, et qui sera fourni en moteurs diesel.
Savoir travailler ensemble
La clef de la réussite résidera dans la capacité de deux entreprises à s’entendre convenablement, l’histoire des associations « entre égaux » étant riche en contre-exemples – Renault connaît la musique avec Nissan.
Eric Esperance, associé chez Roland Berger, se montre optimiste. « Geely est le groupe chinois qui a plus d’exposition à l’international, fait-il valoir. Les deux entreprises ont globalement une grande maturité sur ces sujets de coopération. »
Afin d’évacuer l’idée qu’un des partenaires prendrait dès le départ le dessus sur l’autre, le directeur général a été recruté à l’extérieur. C’est Matias Giannini, précédemment chez Continental et Vitesco, qui prend le poste.
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Sur le marché chinois, Geely fait figure de partenaire privilégié de Renault, mais il n’est pas le seul. Comme l’a révélé l’agence Bloomberg jeudi, le Losange va confier le développement d’une bonne partie de la future Twingo électrique, annoncée pour 2026 à partir de 20.000 euros, à une société chinoise spécialisée dans l’ingénierie.
Pour tenir ce prix très bas, Renault a d’abord tenté de partager les coûts en s’associant à Volkswagen , mais les discussions ont tourné court. Il est désormais impératif de limiter les dépenses en contenant le délai pour amener le véhicule sur le marché à deux ans, alors que les ingénieries occidentales mettent plutôt trois ans ( comme Renault avec la R5 ) voire quatre ans.
« Lever le voile » sur les procédés chinois
« Les Chinois ont développé ces dernières années un savoir-faire pour développer un véhicule plus rapidement, prolonge Eric Espérance. Cela est dû à une réglementation plus souple, mais pas seulement. En s’adressant à un prestataire chinois, Renault va ‘lever le voile’ sur une structure de coûts et des pratiques de développement dont il pourra ensuite s’inspirer. C’est également une manière d’entrer en contact avec tout un écosystème très efficace de sous-traitants et de partenaires, pour y avoir accès ensuite. »
C’est aussi, enfin, un message envoyé en interne, même si l’entreprise assure que le plan de charge de l’ingénierie en France dans les années à venir était trop copieux pour y ajouter la Twingo.
« Les constructeurs occidentaux ont parfois du mal à faire évoluer les méthodologies mises au point ces 40 dernières années, analyse Olivier Hanoulle, lui aussi associé chez Roland Berger. Avoir recours à des prestataires chinois ou indiens est aussi un moyen de susciter de l’émulation dans ses propres équipes d’ingénierie. »
Lionel Steinmann
Dans un premier temps je dirai « bof, bof, bof » et puis depuis 2010 Volvo Cars appartient à plus de 78 % à ….Geely ! et survit plutôt bien.
Cela ne vous rappelle rien ? vous savez la fusion avortée au milieu des années 90 avec Renault et bien finalement nous allons nous retrouver chez le même actionnaire.
Mais dans dix ans combien de constructeurs à plus ou moins 2,6 millions de véhicules par an poursuivront leur route en solitaire ?
Et même aujourd’hui combien peuvent se vanter de leur pérennité absolue dans l’avenir ?
Il faut voir comment Ford et GM ont rétrogradé dans ce monde là.