L’épargne très abondante des ménages finance les déficits publics. Cela rend presque impossible l’augmentation pourtant indispensable des dépenses de recherche des entreprises et des investissements.
Par Jean Peyrelevade (économiste, chroniqueur aux « Echos »)
La France, on le sait, s’est massivement désindustrialisée depuis un demi-siècle : de 1970 à 2021, la part en valeur de l’industrie dans le PIB est passée de 23 % à 10 %, et celle dans l’emploi de 29 à 11 %. Nous avons ainsi décroché par rapport à l’Allemagne, où la part de l’industrie dans le PIB (20 %) est le double de la nôtre, et même par rapport à l’Italie (14 %) et à l’Espagne (12 %). Nous avons de ce fait perdu plus de 2,2 millions d’emplois, soit la moitié des emplois industriels.
Cette situation a des conséquences évidemment très négatives. Une partie des emplois disparus résulte certes des progrès de productivité dans les secteurs les plus dynamiques. Mais un tiers au moins proviennent d’un défaut de compétitivité qui s’est traduit, à partir du début des années 2000, par un déficit croissant et aujourd’hui particulièrement inquiétant de notre balance commerciale (3 à 4 % du PIB). La France consomme plus qu’elle ne produit car elle préfère investir dans les services que dans des usines.