L’aéronautique française a recruté 25.000 personnes en 2023 et compte sur autant d’embauches cette année, pour parvenir à répondre à une demande record.
Le secteur aéronautique a d’excellents problèmes. A l’occasion d’un tour d’horizon de début d’année, le syndicat professionnel s’est évidemment réjoui de la santé retrouvée du secteur aéronautique, après le coup d’arrêt lié à la crise sanitaire du Covid.
Jamais la profession n’avait eu un tel niveau de carnet de commandes. Non seulement, chez Airbus, qui a annoncé pour 2023 des prises de commandes historiques à 2.319 avions, mais aussi chez MBDA qui doit au minimum doubler sa production de missiles, chez Dassault, qui doit tripler la cadence de production de Rafale, ou chez Safran, qui n’a jamais eu autant de moteurs à fabriquer. Seul problème, la montée en cadence, parfois difficile, ce que Guillaume Faury peut qualifier de joyeux soucis.
25.000 embauches en 2023 et 2024
En effet, avec une remontée en cadence de 10 à 15 % (11 % chez Airbus en 2023, avec 735 avions livrés), la filière a recruté en 2023 un record de 25.000 personnes. « Pour une filière de quelque 200.000 salariés, l’effort de recrutement est sans précédent », notent les dirigeants du Gifas. En solde net, les effectifs ont augmenté de 4 % l’an dernier.
Et pour 2024, le Gifas table sur 25.000 embauches à nouveau, ce qui ne sera pas une mince affaire. Au moins le syndicat est-il rassuré. Le succès du Salon du Bourget qui s’est tenu en juin dernier et a réuni plus de 300.000 visiteurs, a démontré que l’aéronautique faisait toujours rêver. Lors du Salon, l’opération Aero Recrute a eu un grand succès : 200 entreprises ont rencontré des jeunes et 7.000 CV ont été spontanément envoyés.
Tensions financières
« Remontée en cadence et décarbonation, voilà les batailles de l’industrie aéronautique française pour 2024 . Derrière cette vitrine glorieuse, un grand nombre de PME sont toutefois face à des difficultés. Car au moment où il leur faut rembourser les prêts garantis accordés par l’Etat pendant la crise du Covid, elles doivent aussi investir dans de nouvelles capacités pour répondre à la hausse de la demande ainsi que dans de nouveaux outils pour aller vers la décarbonation.
Beaucoup d’entreprises ont des importants besoins de fonds de roulement.
D’où l’utilité du nouveau fonds d’investissement Tikehau Ace Aéro Partenaires 2, qui vient d’être créé et qui devrait lever jusqu’à 800 millions d’euros. Soutenu par Bpifrance, il succède à un premier fonds monté en urgence pour aider les entreprises à passer le cap de la crise du Covid. Ace Aéro Partenaires 1 a levé 760 millions d’euros en France et 100 millions en Espagne et a engagé 18 opérations, dans des entreprises indispensables à la filière comme Aubert & Duval, Figeac Aéro ou Mecachrome.
Derrière les grands donneurs d’ordre, nombre d’entreprises ont un besoin en fonds de roulement énorme ». Au vu des commandes, il sera sans doute bien plus facile de lever de l’argent auprès des investisseurs institutionnels .
Anne Bauer