La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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vendredi 12 Fév, 2021
Catégorie : Economie

LE COMPLEXE FRANÇAIS

Pour avoir travaillé de nombreuses années avec les constructeurs allemands je vous donne mon sentiment sur la manière dont fonctionnent les relations avec leurs co-traitants.

Déjà le terme sous-traitant vous positionne en infériorité en France, sentiment que vous n’aurez pas en Allemagne car lorsqu’une société allemande fait travailler une entreprise française c’est qu’elle a remarqué un savoir faire technique particulier qui force son respect et dès lors la relation qui va s’installer est un partenariat, certes rugueux parfois mais empreint de respect et de considération.

L’Allemagne est un pays d’ingénieurs et de nombreuses entreprises ont un passé familial qui leur donne une culture technique très forte transmise de génération en génération. Mais l’ingéniosité française a longtemps impressionné nos amis d’outre Rhin.

C’est ainsi que Bosch fit fabriquer ses premiers corps d’ABS en Normandie, que Porsche a commandé des pièces importantes du moteur de ses premiers Boxter dans le Perche, ainsi que ses culasses pour la Cayenne sur les bords de la Loire. Les culasses des moteurs des premières classe A Mercedes bénéficiaient aussi du savoir faire orléanais de SIFA.
Quel gâchis, Il faut sortir la tête du sac et repartir.

PATRICK BELLITY

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3 commentaires pour : "LE COMPLEXE FRANÇAIS"

  1. Je suis entièrement d’accord avec ce témoignage. Après avoir passé 15 ans aux Achats mécanique du Losange et avoir travaillé avec des fournisseurs de beaucoup de pays nous ne savions pas ou plutôt nous ne voulions pas établir de partenariat avec eux et ce même sur les pièces maîtresses.

    Chaque petite modification était utilisée pour remettre en cause une affectation afin d’en tirer un gain et d’ailleurs quelquefois à notre détriment.

    Certains fournisseurs allemands nous ont fait part des partenariat qu’ils avaient avec les grands constructeurs depuis plusieurs années mais ce message ne prenait pas.

    Effectivement l’Allemagne, l’Espagne sont des pays à culture « métier fort » tandis qu’en France ce mot à disparu du vocabulaire depuis des années pour le remplacer par « gestionnaire » beaucoup plus techno !

    Beaucoup d’entreprises outre-rhin sont familiales d’ailleurs certaines sont devenues très importantes et leurs clients leur font confiance,

    en France c’est tout le contraire, ce type d’entreprise suscite un doute, une peur sur la pérennité de l’entreprise au point quelquefois à les amener à former des groupes qui ne sont pas forcément très viables (Valfond, Euralcom . . . )
    J’entends souvent parler de réindustrialiser le pays mais personnellement j’ai vraiment des doutes,

    Nous partons de très bas et ce dans tous les domaines, cette crise inattendue l’a d’ailleurs très bien mis en évidence.
    Un soir de la petite finale du mondiale de 1998, Croatie-Pays-Bas je crois et qui se jouait au Parc des Princes, un directeur commercial d’une fonderie m’a raconté le fait suivant: lors dune rencontre France-Allemagne, Helmut Schmidt et VGE se seraient partagés les affaires, à toi les services et le tourisme, à moi l’industrie !

    Ayant le tort de croire sur des faits concrets je dois avouer que depuis le temps je le crois, 20% d’industrie au début des années 80 et seulement 10 aujourd’hui.

  2. Autre spécéficité allemande : de très nombreuses PME travaillent en pool.

    Je prends toujours l’exemple des coulées continues Hans Horst : c’était un BE assez conséquent qui conçevait mais faisait fabriquer et installer par une chaudronnerie, un usineur, une entreprise d’électricité industrielle, une autre d’électronique, une de fumisterie, etc… Ils se coordonnaient sous les directives du BE qui était le maître d’oeuvre et tout se passait bien et avec convivialité, aucune des entreprises n’avait pour profond désir de prendre le leader ship.

    Je parle au passé car la socité Hans Horst n’existe plus. Le fils Horst qui avait pris la suite de son père a transféré l’entreprise aux Etats-Unis mais n’a plus beaucoup brillé sur le continent européen.
    On trouvait de telles machines verticales chez feu Vanywaede, Métal Industriel de Chauny et une horizontale au Compoir Lyon Alemand Louyot, usine de Bornel.

  3. La source de cette désindustrialisation de la fonderie française sous-traitante de l’automobile réside peut-être aussi dans le comportement à la fois des donneurs d’ordres français, qui n’ont jamais voulu instaurer de partenariat sur le long terme avec leurs fournisseurs, mais aussi dans l’attitude de la plupart des fondeurs français qui n’ont jamais vraiment mis les moyens pour se développer à l’export et surtout pour diversifier leur portefeuille de clients.

    Combien d’anciens dirigieants de fonderie se sont contentés de faire 10% voire 20% de leur CA en-dehors des frontières françaises ? Au lieu de viser 60% voire 80% ?
    Combien de dirigeants de fonderie ont implanté un simple bureau commercial avec 1 ingénieur des ventes, souvent faiblement introduit chez les constructeurs allemands ou anglais, juste pour pouvoir mentionner cette présence dans les brochures ? Or sans appui réel du BE (car personne n’y pouvait communiquer directement avec le prospect), impossible de gagner la confiance du client.

    La trop grande dépendance aux constructeurs français a sonné le glas de toute cette filière, et cela date d’au moins 30 ans ! On ne rattrape pas ce genre de retard dans une industrie aussi capitalistique.

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