La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mercredi 28 Oct, 2015
Catégorie : Wiki fonderie

La SNFI, la fonderie oubliée de l’Hermione

Aujourd’hui, j’ai une petite société à faire tourner !» A 55ans, Marie-Claire Blanc découvre la vie de patronne. «En hommage à mon mari Maurice qui s’est battu pour elle jusqu’à sa dernière heure.» Rien ne prédestinait cette artiste peintre et sculptrice à reprendre la Société nouvelle de fonderie industrielle (SNFI), petite entreprise de quatre salariés installée à Magnac depuis février 1986. Si ce n’est le décès des suites d’un cancer de son mari, le 23 septembre.

Pas question donc de laisser tomber la petite entreprise. Par amour, Marie-Claire a repris le flambeau, secondée pour la partie technique par Claude Lafont, 29 ans de maison. «Alors qu’il était terriblement diminué, mon mari m’a initiée dans ses dernières semaines à la comptabilité, en particulier aux écritures de TVA», raconte Marie-Claire en s’installant dans le petit bureau suranné, dans un coin de l’un des trois immenses ateliers de la SNFI. «Il s’est battu jusqu’au bout. Je ne pouvais tout laisser tomber comme ça», ressasse la veuve qui occupait jusqu’ici ses journées avec son élevage de chiens.

Construction d’alambics

«Ici, l’essentiel du travail de fonderie et d’usinage sert à la construction d’alambics. Mais on sait faire bien d’autres choses», lance Claude Lafont en faisant visiter les locaux, situés en face du château de Maumont d’un côté et adossé aux bassins dans l’ancienne pisciculture Bellet de l’autre. Pièces pour restauration de voitures anciennes, ou vieux moteurs rosaces pour portails, plaques commémoratives, médailles, sculptures comme celle installée dans la fontaine de Chalais… Ici tout se fond, se tourne, se fraise, se polit.

Du bronze surtout, de l’aluminium un peu. Du laiton ou de l’argent exceptionnellement. «On fabrique également les moules sur place. Même pour une pièce unique et sur mesure», précise Claude Lafont en jouant les parfaits commerciaux.

Trouver de nouveaux débouchés

Chaque mois, avec trois collègues, il fond et travaille deux à trois tonnes de bronze et environ une tonne d’alu. «Nous faisons aussi de la sous-traitance pour Leroy-Somer, Lippi, DCNS ou Terreal, mais ces marchés sont en baisse», constate Marie-Claire. Du coup, son âme de sculptrice –«C’est comme ça que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari»– a repris le dessus. «J’aimerais que des sculpteurs reviennent nous voir et nous fassent travailler.»

Un rêve encouragé par le souvenir de nombreuses sculptures, dont certaines monumentales, coulées ici notamment pour Georges Charpentier, de Matha, artiste internationalement reconnu. Redonner un second souffle à la SNFI en lui trouvant de nouveaux débouchés, de nouveaux marchés. L’ambition de Marie-Claire Blanc, prête à embaucher «deux personnes avec une formation de tourneur fraiseur ou métallier».

La grande oubliée de l’«Hermione»

Des profils qui ont permis à la petite entreprise d’être l’une des toutes premières à œuvrer sur le pharaonique chantier de l’Hermione. «Personne ne s’en souvient plus, c’était au début», soupire Claude Lafont. Alors que sa patronne s’étrangle: «Je bouillais quand j’entendais que tout allait bien sur l’Hermione au moment de sa mise à l’eau. C’est sans doute pour ça qu’ils ont appelé mon mari en urgence avant les premiers tests en mer parce que les clous qu’on avait fabriqués avaient cassé à cause du gonflement du bois une fois dans l’eau.»

Elle se souvient, photos à l’appui sur son ordinateur, des déplacements fréquents de son mari àRochefort. «On faisait souvent appel à lui pour trouver une solution quand cela n’allait pas, raconte-t-elle. Moi aussi je suis rentrée dans la coque lorsque j’allais livrer des clous, des vis, des écrous ou des tirefonds en bronze qui ont servi pour la charpente et le safran.»

Mais voilà, si la Safem, la fonderie de L’Isle-d’Espagnac qui a réalisé les fameux canons de L’Hermione, a été mise à l’honneur, la petite SNFI n’a pas récolté les derniers lauriers. «Pourtant, nous avions commencé à travailler sur les répliques de ces clous à partir de documents d’époque, bien avant le début de la construction», se souvient Claude Lafont, une pointe d’amertume dans la voix.

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