TÉLÉVISION VIENNE
La documentariste nordiste Hélène Desplanques a suivi pendant un an et demi, en pleine crise des fonderies françaises, la ministre de l’Industrie Agnès Pannier-Runacher.
Public Sénat diffuse samedi 11 décembre le film « Le Ministère ». Pendant 18 mois, en pleine crise des fonderies en France – la Fonderie Fonte d’Ingrandes notamment –, Hélène Desplanques a filmé de l’intérieur les décisions du ministère de l’Industrie.
Le Ministère est diffusé ce samedi 11 décembre à 21 h sur la chaîne Public Sénat.
Ce film-documentaire de 52 minutes réalisé par Hélène Desplanques est une plongée en immersion au coeur de Bercy, dans les pas de la Ministre de l’Industrie, Agnès Pannier-Runacher.
La documentariste lilloise a obtenu l’autorisation exceptionnelle de filmer pendant 18 mois (en 2020-2021) « à Bercy », ce monde clos et opaque par excellence, souvent l’ultime recours des usines menacées de fermeture.
Face au puissant patronat, le politique n’a (définitivement) pas la main
Au centre du film, un sujet : la crise des fonderies françaises. Et une question : face au pouvoir économique, que pèse le pouvoir politique ?
Dans Le Ministère, on voit la ministre Agnès Pannier-Runacher et son cabinet se démener pour tenter de trouver des solutions aux dossiers Ascoval, Bridgestone et Fonderies du Poitou, entre autres.
Au fil des images, les plans sociaux s’accumulent. Autant de déconvenues pour l’Etat. Et un sentiment qui domine au terme des 52 minutes : face au puissant patronat, le politique n’a (définitivement) pas la main. Impression résumée par cet agacement d’Agnès Pannier-Runacher, s’adressant à son équipe : « ça fait neuf mois qu’on est sur le sujet fonderies, ça fait neuf mois qu’on n’a pas de résultats ! »
« J’ai eu l’impression, ce jour-là, d’assister à un enterrement »
Le film montre – entre autres – des séquences du combat (perdu) des salariés de la Fonderie Fonte.
Hélène Desplanques s’est déplacée à deux reprises à Ingrandes pour filmer les fondeurs, en mars et en juillet 2021. Elle a également suivi les délégués syndicaux de l’usine lors d’un rendez-vous à Bercy.
La dernière coulée de l’usine d’Ingrandes, au coeur de l’été 2021, figure parmi les images fortes du documentaire. « J’ai eu l’impression, ce jour-là, d’assister à un enterrement », se souvient la réalisatrice. Qui précise n’avoir pris personne en traitre, au ministère de l’Industrie : « Tout a été très transparent. Ils m’ont ouvert les portes, m’ont autorisé à les suivre, à filmer leurs échanges. »
Pendant deux ans, les pouvoirs publics ont injecté un fric monstre dans la Fonte pour aboutir à une solution finale que tous les décideurs – y compris l’Etat – avaient en tête dès le départ.
Alain Delaveau, délégué CGT de l(‘ex) Fonderie Fonte, après avoir visionné le film « Le Ministère ».
Hélène Desplanques a organisé une projection privée pour les salariés de la Fonderie Fonte jeudi 2 décembre au cinéma Les 400 Coups de Châtellerault.
Le délégué CGT de l’usine Alain Delaveau était présent, comme une cinquantaine de ses collègues.
Son sentiment ? « Le film est très bien fait et montre que la fermeture de la Fonte était actée depuis longtemps. Il fait la démonstration de ce qu’on a ressenti au cours de notre lutte : pendant deux ans, les pouvoirs publics ont injecté un fric monstre dans la Fonte pour aboutir à une solution finale que tous les décideurs – y compris l’Etat – avaient en tête dès le départ. Et nous, pendant ces deux ans, on a subi une lente agonie. Avec le recul, on se dit que ça aurait été plus simple pour tout le monde de dire stop tout de suite. »
Alain Delaveau déplore « le paraître de nos politiques ».
Pour Alain Delaveau, Le Ministère met en lumière « le souci du paraître de nos politiques ». « Leur posture, c’est : faisons en sorte que notre action passe bien et soit vue. Si on peut avoir des résultats, tant mieux, mais ça n’est pas l’essentiel. »
repères
Le Ministère, par Hélène Desplanques (13 Productions), samedi 11 décembre à 21 h sur la chaîne Public Sénat. Rediffusion dimanche 12 décembre à 13h et en replay sur publicsenat.fr à partir de ce jour-là.
« Le documentaire passe sous silence des succès »
Sollicité par l’AFP, le cabinet de la ministre de l’Industrie a expliqué qu’Agnès Pannier-Runacher avait « joué la carte de la transparence en ouvrant les portes du ministère » à Hélène Desplanques.
« Chaque dossier de restructuration est une mission difficile, pas toujours couronnée de succès, et la filière automobile souffre plus que d’autres », a-t-on commenté, en ajoutant que « le documentaire passe sous silence des succès, comme Ascoval, et évoque à peine le plan de relance ».
Pour voir ce document:
https://www.youtube.com/watch?v=RLV…
Je suis tenté de dire que ce documentaire est représentatif du fossé existant entre l’état c’est à dire le ministère dit de l’industrie et la réalité des entreprises mais qu’apporte t’il réellement ? On a un peu l’impression que l’objectif est de montrer que chacun à bien fait son travail: le patronat, les syndicats, le ministère, les élus locaux et régionnaux et au final ce sont les salariés qui subissent et se retrouveront à pôle emploi directement ou via des cycles de reclassement qui ne serviront à rien.
Le but est de limiter la casse sociale mais lorsque l’on en arrive là c’est déjà trop tard.
A t-on su anticiper des situations que l’on connaissait déjà, bien sûr que non sauf lorsque c’est l’entreprise qui gère: il faut comparer comparer Fonderie du Poitou fonte dont on ne connaît même plus l’appartenance à celle de PSA à Dompierre sur Besbre qui à opéré une réorientation depuis déjà plusieurs années.
La ministre gère les dossiers, reçoit, se déplace mais pour quel résultat finalement ?
Le pire dans le constat concernant les fonderies fait par B.Lemaire est assez réaliste: entreprises trop petites et trop éparpillées c’est assez vrai lorsque l’on se compare à d’autres groupes et c’est ce que l’on retrouve aujourd’hui pour MBF, FRD, SAM. Elles peuvent produire mais développer c’est une autre affaire lorsque l’on se compare à un Fagor, GMD ou CIE.
Le dieselgate à fait très mal, le passage du thermique à l’électrique sera pire car d’une part il supprimera des emplois, il créera des situations inconnues concernant les batteries composants et recyclage, mais ce type de véhicule ne sera plus grand public.
Dans tout cela j’ai un peu l’impression qu’il y a une certaine désinvolture: combien dans les entreprises concernées ont trouvé une solution viable et pérenne ?
Hier matin j’écoutais l’interview sur Europe 1 du rapport émanant de F.Bayrou et son équipe concernant le bilan de la balance commerciale extérieure de la France: c’est digne d’un grand pays sous-développé !
Alors après quand on parle de réindustrialiser le pays ….. dans un pays ou l’on ne parle plus de métier ça me peine beaucoup mais je n’y crois pas.
Pour ce qui est de Renault « la Renaulution » s’oriente vers un constructeur aux véhicules très connectés à forte valeur ajoutée et surtout à la marge très forte, mais les voitures à vivre appartiennent au passé.
Je crois j’aurai toujours une petite émotion en repensant aux Fonderies du Poitou, je l’ai vu naître et disparaître et j’y avais encore quelques bons collègues.
Très intéressant mais qui démontre crûment l’impuissance des politiques à talons hauts ou pas. Quelle tristesse pour ces fonderies qui étaient des modèles il y a 30 ans et plus…