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jeudi 10 Avr, 2025
Catégorie : Non classée

Le verrier Arc International tente un nouveau départ

Décryptage

« On a une cathédrale industrielle française entre les mains » : Arc tente un nouveau départ

Validée cette semaine par le tribunal de commerce de Lille, la reprise en main du verrier Arc par de nouveaux actionnaires, aux côtés de l’américain Dick Cashin se concrétise. Ces derniers veulent désormais lancer un vaste plan de reconquête du marché.

Arc mise notamment sur une montée en gamme, avec des produits plus innovants, des verres opale, des verres plus légers, du verre qui passe au four, etc.
Arc mise notamment sur une montée en gamme, avec des produits plus innovants, des verres opale, des verres plus légers, du verre qui passe au four, etc. (Franck Crusiaux/REA)

Par Sharon Wajsbrot

Publié le 10 avr. 2025

Ni la guerre commerciale, ni la morosité de la conjoncture ne sont parvenues à décourager les nouveaux investisseurs dans le verrier tricolore Arc.

 

Pascal Cagni, le président de la société d’investissement C4 Industries et Patrick Mollis, le président de la Compagnie nationale de navigation, sont sur le point de boucler leur entrée au tour de table de cette ETI au chemin si tumultueux, dans la foulée de la validation ce lundi par le tribunal de commerce de Lille du plan de reprise de l’entreprise et de l’effacement de dette conséquent consentit par l’Etat.

Les 15 millions d’euros apportés respectivement par ces deux nouveaux actionnaires leur confèrent une place minoritaire au capital de Arc, aux côtés de l’américain Dick Cashin qui en avait pris le contrôle en 2015. « Ce dossier est considéré comme radioactif par toutes les banques de la place, mais chez Arc, nous avons vu trois choses : un outil de production unique en France avec des brevets, un marché difficilement délocalisable compte tenu de la faible valeur du verre par rapport aux coûts de transport et une équipe de direction très soudée », explique Pascal Cagni qui a également misé, avec sa société d’investissement, sur le spécialiste du tissu d’ameublement Maison Lelièvre l’été dernier.

Un marché très déprimé

Pour remettre Arc sur de bons rails, il mise sur le plan de redressement Arcadia déjà engagé par Nicholas Holder, le beau-fils de Dick Cashin aux manettes de la société depuis près de dix ans. « Je suis revenu en France, il y a sept ans, après trois ans passés aux Emirats, dans une autre usine du groupe, car le retournement de Arc en France n’était pas assez rapide. Ce dernier a commencé à porter ses fruits en 2019, mais il y a eu ensuite le Covid, la crise énergétique puis les inondations dans le Pas-de-Calais qui ont largement pénalisé notre site de Arques », expose ce dernier. Un euro de plus sur la facture de gaz du site lui coûte en effet 700.000 euros supplémentaires. Or, pendant la crise, les prix ont littéralement explosé.

Avec un chiffre d’affaires d’environ 700 millions d’euros, Arc revendique « depuis trois ans, un résultat d’exploitation moins ses dépenses en capital positif », selon Pascal Cagni, même si le groupe affiche toujours des pertes nettes, dont il ne dévoile pas le montant.

Pour sortir de l’ornière, il mise sur trois leviers : la fin de la chasse aux volumes et aux produits à faible marge d’abord. Arc a ainsi cessé la production de hublot en verre pour machine à laver et fermé définitivement un de ses huit fours à Arques. L’accent a aussi été mis sur la baisse des coûts. Chantiers informatiques, fusions d’entités juridiques, baisse des effectifs, tout y passe.

A force de non-remplacement de départs en retraite, Arc France est ainsi tombé à 4.000 salariés, contre 5.000 il y a trois ans. De nouveaux investissements dans l’automatisation de ses procédés doivent aussi être consentis, notamment dans l’emballage des produits ou les opérations sont encore réalisées à la main.

En parallèle, le verrier mise sur une montée en gamme, avec des produits plus innovants, des verres opale, des verres plus légers développés pour contrer les troubles musculaires dans la restauration collective, du verre qui passe au four pour concurrencer les fameux plats Pyrex, etc.

Les commandes repartent dans le B to B

Reste à espérer que le marché très déprimé reparte. « Les gens priorisent leurs achats compte tenu des tensions sur le pouvoir d’achat, et le marché à beaucoup baissé en 2023 et en 2024 », atteste Nicholas Holder. Dans le B to B, le coup de frein est aussi marqué. Traditionnellement, Arc revendique 6 à 8 millions de revenus par an liés à des programmes de fidélité des grandes marques – des cadeaux qu’elles font à leurs clients. Or, en 2024, ce segment n’a apporté aucune contribution à son chiffre d’affaires.

Autre signal de la déprime du marché : ce jeudi, le géant américain du verre d’emballage Owens-Illinois a annoncé un plan de suppression de 320 postes en France, soit près de 15 % de ses effectifs dans l’Hexagone, « notamment en raison du déclin du marché du vin ».

Pour Nicholas Holder, des signaux plus favorables sont toutefois en train de se faire sentir du côté des clients B to B, dans l’hôtellerie et la restauration par exemple. « On doit continuer à innover et surtout mieux publiciser nos produits, nos verres cristalin avec un système de bullage breveté par exemple qui permettent de dégager tous les arômes des vins pétillants. Il y a tout un travail commercial à engager dans un marché qui reste très fragmenté, on a une cathédrale industrielle française entre les mains, le 8e site industriel français, il faut arrêter de dire que tout va mal ! », s’enthousiasme Pascal Cagni.

Sharon Wajsbrot

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