Pour le bicentenaire de la naissance de son fondateur, la société Godin à Guise, sort un poêle collector. Ancrée dans la tradition, la fonderie continue d’innover et de se développer.
Par Par Nicolas Totet (Le Courrier Picard)
GUISE(02). Le poêle à bois Godin est connu en France et dans le monde entier depuis plus d’un siècle et demi. Mais à part les Picards et les Nordistes, les clients sont beaucoup moins nombreux à savoir que les poêles et les cuisinières haut de gamme sortent de la fonderie de Guise.
Sur son site de cinq hectares, la SA Godin, qui appartient au groupe familial Cheminées Philippe domicilié à Béthune, emploie 240 salariés à Guise, dont une majorité dans les ateliers.
Là où 55 à 60 tonnes de fonte sont fabriquées chaque jour.
L’autocollant « made in France » figure en façade du fameux poêle en fonte. D’ici fin avril, la SA Godin doit aussi obtenir le label officiel « origine France garantie ». « Le poêle est tendance et nous avons pris le virage design depuis plusieurs années.
Un poêle français sur quatre est Godin : nous détenons 22 % du marché français. Selon une étude commerciale nationale, 76 % des Français connaissent notre marque référence. Nous gagnons des parts en Europe, on se développe au Maghreb et dans les pays de l’Est. L’Afrique du sud et Israël sont deux gros marchés internationaux », expose Philippe Gregori, directeur commercial de la société.
De l’ancien… et du neuf
Après un marché difficile ces trois dernières années, « nous sommes dans une progression fulgurante depuis novembre. Il y a un engouement réel sur le bois qui reste une énergie renouvelable bon marché. Et les acheteurs anticipent sur le prochain hiver, ce qui est plutôt nouveau », souligne également le directeur commercial.
Dans le musée de l’usine, une cocotte remontant à 1898 prouve que l’ustensile de cuisine est une bien ancienne spécialité de Godin. En cette année 2017, la PME se remet à produire sa cocotte de cuisine émaillée, qui fait aussi la réputation de la fonderie voisine de Le Creuset à Fresnoy-le-Grand. L’objectif étant que les cocottes forment à terme 5 % du chiffre d’affaires de Godin, quand les cuisines font 20 % et les poêles, la part principale, 75 %. « Nous fabriquons aussi du piano de cuisson, ces grandes cuisinières adorées aujourd’hui des chefs les plus renommés », ajoute Philippe Gregori.
Godin se remet à produire de la cocotte, ici pour une marque allemande.
À partir de septembre, l’entreprise développera aussi sa première gamme de poêles à peler (à granulés de bois) montés en fonte, un marché à 100 000 pièces. Autre axe de développement : le poêle à gaz « à effet bois avec une flamme vacillante », à l’essai et qui devrait être validé dès ce mois d’avril.
Du dessinateur en 3D devant l’ordinateur au fondeur près du haut-fourneau – où la fonte en fusion atteint les 1 580º–, en passant par l’émailleur et l’ouvrier de l’ébarbage, jusqu’au monteur minutieux du poêle, le sentiment de fierté est omniprésent chez Godin. Le tour de main pour mastiquer et boulonner chaque poêle afin d’assurer sa bonne étanchéité, est spectaculaire.
C’est une communauté de travailleurs qui entretient la flamme du savoir-faire industriel français.