Addad/Defense Product Manager chez Eramet
L’alchimie s’enracine dans les croyances des sociétés traditionnelles, où les substances minérales revêtent un caractère sacré. Les minerais, tels des embryons, « croissent » dans le ventre de la Terre ; le fer issu des météorites a une dimension magique parce qu’il provient du ciel. En travaillant la matière, le forgeron, comme l’alchimiste, collabore au dessein secret de la Nature : il accomplit un rituel qui révèle le sens caché de l’univers.
Explorant les mythes africains, grecs, indiens ou chinois, Eliade considère que l’expérience du sacré est universelle et constitutive de l’humain : elle est ce qui donne au monde sa signification. A cet égard, Forgerons et alchimistes constitue une excellente introduction à la pensée et aux travaux de ce grand érudit.
Il n’est pas anodin que le premier chapitre de Forgerons et alchimistes soit consacré aux météorites. Pas seulement parce que le premier métal ferreux travaillé provenait du ciel qui est le lieu de la transcendance, le lieu où l’homme s’élève et d’où provient tout ce qui est sacré. C’est cette sacralité qui conférait aux forgerons leur statut de personnages religieux ou magiques, en plus de leur habileté technique.
Forgerons et alchimistes
Mircéa Eliade – Flammarion – 18 avril 2018 – 320 pages