Le Parisien met le LT de Nogent- Creil sur la sellette.
Ils ont une mauvaise image alors que les secteurs de la forge et la fonderie mènent directement vers la case CDI.
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TRAVAILLER À L’USINE, ce n’est pas dans l’air du temps. Trop d’étiquettes collent à la peau de l’industrie : les semaines en 3/8, un métier dur et salissant, le bruit des machines jusqu’aux fermetures douloureuses d’entreprises. « Le Bassin creillois, notamment, est marqué à vif », explique la responsable des ressources humaines sur le site de l’équipementier automobile, Montupet, à Laigneville. L’usine, ça effraye les jeunes et leurs familles. » Et pourtant…
« Ici, ce sont les patrons qui se battent pour trouver de jeunes diplômés, pas l’inverse. »
Nicolas Nebout, enseignant en BTS forge
« Il y a des emplois très porteurs dans le secteur ! », martèle Françoise Lefebvre, proviseure du lycée Marie Curie à Nogent-sur-Oise. « Il faut casser les préjugés, insiste Nicolas Nebout, enseignant, au sein de l’établissement, en BTS Forge, une formation unique en Europe. « J’ai 19 étudiants et 30 entreprises qui cherchent à recruter. Ici, ce sont les patrons qui se battent pour trouver de jeunes diplômés, pas l’inverse. » Idem pour la fonderie.
« Il y a plus d’offres d’emplois que d’étudiants », enchérit le proviseur adjoint, Dominique Dieval. Le lycée nogentais fait, là encore, figure d’exception. « Nous avons l’un des plus grands ateliers de fonderie de France, et c’est le seul en Picardie. Régulièrement, nous recevons les ingénieurs et techniciens des méthodes Renault qui viennent s’initier à la conception et la réalisation de pièces de fonderie. »
Avant de s’implanter à Creil, le lycée Marie-Curie était basé à Gournay, en face de l’ex-usine automobile Chausson, avec vue sur l’imposant atelier de recuit continu d’Usinor (devenu ArcelorMittal), le mastodonte creillois de la sidérurgie. « Les diplômes de fonderie, forge et plus largement, les formations aux métiers de l’industrie, se sont développés pour répondre, à l’époque, aux besoins de ces entreprises », rappelle Françoise Lefebvre. « Le BTS Fonderie, par exemple, était une demande de Montupet il y a des dizaines d’années en arrière », explique la DRH du site oisien. Aujourd’hui, les temps ont changé, « mais ces métiers sont toujours demandés, affirme la proviseure. Simplement, être fondeur ou forgeron au XXI e siècle, cela n’a plus rien à avoir avec avant. Il faut être mobile, à la pointe de la technologie et plein de créativité. »
TEMOIN
« Ne pas s’arrêter aux préjugés »
Akram Iblajou, ex-étudiant en BTS Fonderie
Après un BTS Fonderie au lycée Marie-Curie de Nogent-sur-Oise, et une licence professionnelle à l’université d’Amiens (Somme), Akram Iblajou, a été recruté dans l’usine Montupet à Laigneville. Il dévoile son parcours et le regard qu’il porte sur son métier.
Comment avez-vous intégré l’usine Montupet ?
AKRAM IBLAJOU J’ai postulé car j’avais effectué mon stage d’étude dans cette société. Et ils m’ont embauché. Il y a une convention de partenariat entre Montupet et le lycée Marie-Curie. Depuis, j’ai évolué dans l’entreprise. J’ai débuté comme conducteur de ligne dans les ateliers de production, avant de devenir technicien analyste. Dans l’industrie, il faut accepter de commencer par là. Impossible de devenir un bon technicien sans passer par les ateliers. Je pense que c’est l’une des réticences des jeunes diplômés.
Quelles sont les autres raisons de la désaffection des jeunes pour ce métier ?
Le travail en 3/8, par exemple. Une usine, c’est bruyant, salissant… Je participe régulièrement aux portes ouvertes du lycée Marie-Curie et une même question revient : est-ce que c’est dur ? Moi, je leur dis la vérité. Tout n’est pas tout rose, mais ce n’est pas Germinal, Et il y a de réelles opportunités de carrière.
Vous arrivez à convaincre certain d’entre eux ?
Pour ma part, c’est en entrant dans une usine la première fois, que j’ai eu envie de me lancer dans cette profession. Quand nous avons des stagiaires, même les plus jeunes en 3 e, j’essaye de leur transmettre la fibre. Surtout, j’explique que Montupet, par exemple, offre une multitude de métiers différents, intéressants, valorisants. Que c’est une entreprise prospère. Il ne faut pas s’arrêter aux préjugés.
Etudiants en alternance, ils gagnent déjà 120 % du smic
Nicolas Ponthier, Arthur Jullian ou Denis Cibiel partagent la même ambition : devenir forgeron.
« Quand on annonce la couleur, les gens pensent à Obélix avec son marteau… Ce n’est pas du tout ça ! », lancent-ils d’emblée dans leur salle de classe du lycée Marie-Curie.
Floriane Louison