Correspondant.e.s NPA 29 & NPA 56
Dès le mois de Mai 2020, Renault après avoir largement délocalisé la production a décidé de lâcher la FDB comme ce fut le cas fin des années 90.
A l’époque, une lutte magnifique et exemplaire de combativité et de démocratie avait obligé Renault à redevenir le principal donneur d’ordre. La lutte de 2008/2009/2010 dans ce qui s’appelait à l’époque la Société bretonne de fonderie et mécanique (SBFM) fut un symbole vivant de victoire pour le mouvement ouvrier, l’ensemble du pays lorientais et de la région Betagne..
Pourtant peu à peu, dès juin 2013, la marque au losange s’est désinvestie et les attaques contre les acquis sociaux se sont succédés jusqu’à l’incendie accidentel d’une ligne de production avec, le chômage technique qui ont, de fait signé le désinvestissement de Renault et sa volonté de cession de l’entreprise.
En mars 2021, l’annonce de mai 2020 est devenue effective et ce fut le démarrage d’une nouvelle longue lutte qui a duré 2 mois, combinant grève totale, interpellation des autorités et des éluEs et actions visibles sur tout le pays lorientais.
Hélas, dans un contexte différent de la fin des années 2000 et à l’heure de la désindustrialisation et du bradage des fonderies comme à ST Claude ou Decazeville, la détermination mais aussi la non extension du conflit aux autres unités Renault n’a pu faire revenir le constructeur sur sa décision.
Depuis, pour l’ensemble des travailleurs du site c’est l’angoisse, le stress et pour certains d’entre eux, en fait, les démissions.
Le Messie est il arrivé ?
De promesse de reprise en promesse avortée, c’est aujourd’hui moins de 300 ouvrierEs qui ont appris que c’est le fonds d’investissement allemand, Callista, qui rachète l’usine… pour 1 euro symbolique.
Quelle honte ! Un fonds d’investissement plus proche du vampire et de l’aspirateur à subventions publiques que d’un projet industriel fiable et viable.
Alors, certes, il y aurait maintien… pour les 2 ans à venir des emplois restants mais avec, paradoxe, un investissement de 32 millions d’euros de Renault qui cède l’entreprise mais fournit les millions.
Pour Callista, comme le déclare le syndicat CGT : « On a déjà été échaudé par le passé, Callista est un fonds qui a des objectifs de court terme pour redresser l’entreprise, sans quoi ils la fermeront ».
L’histoire de Callista qui ne cherche que les profits faciles n’est fait que de rachat à l’euro symbolique et de faillite comme Vulcast en Belgique ou chez Halosteelring dans la région de Liège.
A Caudan, les salariéEs et la CGT émettent de forts doutes sur la pérennité du projet et la protection des emplois.
« Combien de temps avant que Callista ne se sépare de la fonderie de Bretagne si les résultats se font attendre ? Les craintes sont de voir le fonds d’investissement détruire les emplois, siphonner l’outil de travail et.. .déserter avec les subventions publiques ».
L’avenir est sombre, comme dans de nombreuses entreprises, et seul des mobilisations sociales et un changement radical de politique rompant avec la course aux profits et cadeaux aux multinationales et autres vampires pourra changer la donne, recréer de l’espoir et de réelles perspectives.
Pour essayer de mettre en valeur ce qui attend certainement la Fonderie de Bretagne il faut se souvenir de ce qui est arrivé à Emmanuel Faber président de Danone.
HEC brillant, manager qui voulait conserver un peu d’humanite dans ce monde des affaires de plus en plus « hard », il entre dans l’entreprise en 1997 comme directeur financier puis gravit tous les échelons jusqu’à celui de PdG pour remplacer Frank.Riboud.
En 2017, dans l’œil de certains actionnaires, il est dégagé sans hésitations pour manque de résultats.
Concernant Fonderie de Bretagne c’est ce qui les guette, après 2025, Callista sera sans hésitations !
Que l’on s’en souvienne car il ne faudra pas venir s’en plaindre en accusant Renault ou l’état pour ne pas les avoir aider.
L’avenir difficile de Fonderie de Bretagne n’est certainement pas dans ce marché de dupe mais dans une reprise, si toutefois cela est encore, par une autre entité du métier.
Revenir à l’équilibre en 2025……on en reparlera certainement bien avant.
Comme les autres, CALLISTA va chasser les subventions à l’Agglo de Lorient, le Département, la Région et l’Etat
car ces derniers ne voudront pas que l’on puisse dire qu’ils n’ont rien fait, empochera tout et, bien sur, le résultat n’étant pas là se séparera de la Fonderie de Bretagne et ses 300 salariés.
C’est il y a 20 ans qu’il fallait réagir mais les politiques d’alors ne s’intéressaient pas à la SBFM.
Rentabiliser une aussi grande usine avec ses énormes frais fixes et ses 300 salariés me semble très compliqué.
Dans d’autres sociétés il existe un ratio CA/M2.
A la Fonderie de Bretagne, on doit en être très très loin.
Prévoir de faire des pièces pour les poids lourds, l’agriculture, etc…oui pourquoi pas mais d’autres Fonderies le font déjà très bien en France et certainement à moindre coût.
Quand allons nous arrêter de jouer avec le personnel. Il ne mérite vraiment pas ça. Pour rappel, il y avait 1 200 personnes au début des années 2000.
Merci Bernard de rappeler ces simples ratios tout à fait exacts et dont personne ne veut entendre parler.
Je crois que nous avons dû nous connaître chez Grandry dans le cadre des boitiers de différentiel et nous devons avoir un ami commun Alain Rambure.
Je pense comme vous qu’il est malheureusement trop tard et qu’une fois de plus nous allons laissé faire.
Avec ces chiffres, lorsque l’entreprise est dans un groupe cela se travaille car les moyens sont présents pour progresser mais lâché au milieu du gué c’est une tout autre affaire.
Rendez-vous en 2025, mais là où cela fait mal c’est lorsque c’est béni des gens qui ont autorité pour veiller à ce que cela ne se passe pas ainsi et qui laisse faire en y mettant l’argent du contribuable et en se disant qu’ils ont tout bien fait.
C’est plus que lassant ou décourageant c’est inacceptable compte tenu de tout ce que nous savons dans ce type de contexte.
Repris par Renault, en conservant les salariés et en y mettant de l’argent pour améliorer la productivité, il restait à charger la fonderie, ce qu’avait dit Jean François Bron, directeurs de sites reconnus, directeur des fabrications mécaniques et manager de Fonderie de Bretagne.
Le vent tourne, l’entreprise change, les gens également, les priorités sont en pleines mutation et cette fonderie passe à la trappe .
Surtout en 2025 que personne ne vienne se plaindre.
En parlant d’améliorer la productivité….
J’ai connu la SBFM dans les années 90 avant la cession à Teksid, lorsqu’elle employait encore environ 1.300 salariés. C’était une très bonne fonderie avec d’excellents techniciens. A mon sens, le premier domino est tombé lorsque Teksid n’a pas su ou n’a pas pu diversifier le portefeuille de clientèle. A part les maigres commandes de PSA sur les collecteurs d’échappement et une ou deux pièces pour BMW, le mal était fait.
Lorsqu’en 2008 à la demande d’un client nous nous sommes penchés sur le dossier SBFM, le ratio CA par employé était 4x moins élevés que dans la plus petite de nos fonderies fonte : pour un tonnage équivalent (environ 25.000 to/an) nous y faisions le double de CA (€80mio à comparer aux €42mio de la SBFM) avec la moitié du personnel. Nous aurions pu charger la SBFM mais il aurait fallu en plus doubler la productivité.
Sacré pari avec le climat social en place à l’époque à la SBFM (je cite l’article ci-dessus : « une lutte magnifique et exemplaire de combativité », « un symbole vivant de victoire pour le mouvement ouvrier »). Résultat: le dossier était mort avant même d’avoir été complètement instruit.
Bref, on n’améliore pas la productivité en y mettant simplement de l’argent : il faut un autre état d’esprit et une autre culture d’entreprise (co-gestion avec les salariés par exemple). Impossible à mettre en place à l’époque à Caudan…
Je m’étonne juste que cette fonderie (enfin ce qu’il en reste) ait survécu jusqu’à maintenant.