L’USINE NOUVELLE
«Qui d’autre, en cinq ans de travail, n’aurait jamais d’arrêt maladie ?», interroge Demba, travailleur sans-papiers d’une fonderie
[Ces sans-papiers qui font tourner l’économie 3/4] Après le rejet, le 11 décembre, de son texte sur l’immigration, le gouvernement réussira-t-il à conserver, dans une prochaine version, les mesures qui facilitaient la régularisation des sans-papiers occupant certains métiers? L’Usine Nouvelle s’intéresse à ces travailleurs qui font tourner l’économie française. Rencontre avec des sans-papiers sous alias, c’est-à-dire qui travaillent, dans une fonderie ou pour des sous-traitants de nettoyage de l’industrie, avec les papiers d’une personne en situation régulière.
Pauline Bandelier
Arrivé en France en juin 2017 du Mali, Demba*, aujourd’hui âgé de 30 ans, n’a jamais cessé de travailler, mais a toujours été employé sous alias, c’est-à-dire avec les papiers d’une personne en situation régulière. Après avoir travaillé à temps partiel pendant un an dans le nettoyage pour moins de 500 euros par mois, il a enchaîné les missions dans le bâtiment avec une société d’intérim. Il se souvient notamment avoir «monté des fenêtres de 130 kilos jusqu’au sixième étage avec trois autres personnes », effectué des journées de 18 heures transport compris pour aller faire de la maçonnerie à l’autre bout de l’île-de-France, ou encore avoir construit des échafaudages en sous-sol sur les Champs Élysées.