La Picardie veut s’affirmer comme le coeur industriel de l’éolien tricolore
Par Guillaume Roussange | 06/03 | 06:00 | 2commentaires
La région compte valoriser industriellement son potentiel éolien.
Un projet marin et la simplification des projets terrestres devraient aider.
La publicité s’affiche sur cinq colonnes dans la presse locale.
L’autre groupement en lice, mené par EDF Energies renouvelables et Alstom, ne promet pas moins. Selon lui, 1.500 postes pourraient voir le jour grâce au chantier. Ils viendront s’ajouter aux 7.000 emplois générés dans la filière par la création des trois parcs, lancés à la suite de l’appel d’offres gouvernemental de 2012.
Pour les pouvoirs publics locaux, ces annonces résonnent comme la concrétisation de l’eldorado industriel si longtemps annoncé. Bien qu’elle figure en effet en tête des régions productrices d’énergie éolienne avec plus de 1 gigawatt de puissance installée, la Picardie peine à tirer pleinement parti de la croissance du secteur. Du moins sur le plan industriel. Au niveau fiscal, la manne liée au fonctionnement des 470 machines implantées sur le territoire n’est plus à démontrer. Pour 2013, France énergie éolienne évalue leurs retombées pour le territoire, c’est-à-dire ce que l’exploitant verse, à 11,5 millions d’euros, plus du double de la somme perçue en Haute-Normandie (4,9 millions d’euros).
Malgré tout, le lancement des projets offshore semble avoir davantage profité industriellement à cette dernière région. Le couple EDF-Alstom et le groupe Areva prévoient d’y créer d’importantes installations au Havre, où 1.500 emplois pourraient voir le jour d’ici à 2017.
Une filière stratégique
Pour l’heure, rien de tel ne semble se profiler en Picardie. Mais la région s’accroche à cette filière, désormais considérée comme stratégique, en dépit d’oppositions locales vivaces. Ce volontarisme est d’ailleurs salué par les professionnels du secteur, qui ont notamment accueilli avec soulagement l’expérimentation de l’autorisation unique, dont le but est de supprimer les lourdeurs administratives accusées de brider la filière. « Avec la loi Brottes, qui a supprimé les zones de développement de l’éolien (ZDE) et le seuil des 5 éoliennes, l’autorisation unique va impulser la relance dont le secteur a besoin », glisse, satisfait, un industriel. Parallèlement, la région souhaite inciter les PME locales à s’intéresser à la filière en suscitant des collaborations entre les entreprises et les pôles d’enseignement supérieur.
Trois projets de recherche sont actuellement menés, qui visent notamment à optimiser la maintenance des machines. « Avec ces programmes, nous contribuons à ce que les aérogénérateurs affichent des taux de disponibilité de plus de 90 % y compris dans des milieux extrêmes », affirme ainsi Thierry Lacout, directeur général de Mersen France Amiens, l’une des sociétés les plus impliquées dans ces programmes.
Les spécialistes s’accordent sur les perspectives d’emploi offertes par le secteur de la maintenance. GDF chiffre d’ailleurs à 500 le nombre de postes générés par le parc offshore, tandis que, selon FEE, 400 emplois de maintenance ont déjà été créés dans le Nord, la Haute-Normandie et la Picardie. Un chiffre appelé à augmenter fortement, ces trois régions s’étant engagées à atteindre le seuil des 5 gigawatts, soit un quart de la production éolienne française en 2020.
Guillaume Roussange