Cuivre : le pactole à plusieurs milliards d’euros d’Orange
D’ici 2030, Orange prévoit d’éteindre son réseau cuivre, vestige du téléphone fixe et de l’ADSL, pour se concentrer sur la fibre optique. Ce chantier colossal, qui débutera dès 2025, s’accompagne d’un objectif clé : recycler l’« or rouge » et valoriser plusieurs milliards d’euros de cuivre.
Le cuivre, surnommé « or rouge », a longtemps été le pilier du réseau téléphonique français. Mais avec l’essor de la fibre optique, Orange amorce un tournant historique. L’entreprise prévoit l’arrêt complet de son réseau cuivre d’ici 2030 et son démantèlement progressif jusqu’en 2032. Ce réseau, qui relie actuellement 44 millions de foyers, représente un million de kilomètres de câbles, dont 80 % sont destinés à être valorisés.
La fin d’une ère pour le cuivre
Le recyclage de ces câbles constitue un enjeu économique majeur. Avec un cours du cuivre dépassant les 9.000 dollars la tonne ces dernières années, Orange estime que ce chantier pourrait générer un pactole de plusieurs milliards d’euros. Toutefois, la démarche vise avant tout à financer le coût logistique du démontage. « Notre projet est de financer le décommissionnement du réseau par le recyclage du cuivre», souligne aux Échos Bénédicte Javelot, directrice des projets stratégiques d’Orange France.
Le projet débute dans 162 communes où le réseau cuivre sera progressivement mis hors service. Les travaux, confiés à des entreprises de BTP sélectionnées via appel d’offres, concerneront les câbles aériens et certains tronçons souterrains.
Pour assurer le recyclage des câbles, Orange s’appuiera sur des acteurs spécialisés comme Veolia, Suez ou Derichebourg, déjà en lice pour répondre aux appels d’offres prévus au printemps 2025. La filière française du recyclage devra considérablement augmenter ses capacités pour traiter les centaines de milliers de tonnes de cuivre attendues.
Un défi logistique et industriel de taille
Cependant, la transformation finale se fera principalement dans des fonderies à l’étranger, notamment en Belgique, en Espagne et en Allemagne. En France, le fabricant Nexans prévoit d’ouvrir une fonderie d’ici fin 2026, mais sa capacité restera insuffisante pour absorber les volumes générés par Orange.
Dans un contexte de pénurie mondiale de cuivre, ce projet suscite un fort intérêt économique et stratégique. Cependant, Orange affirme vouloir limiter les distances de transport et privilégier les recycleurs proches afin de respecter ses engagements environnementaux, dont l’objectif net zéro carbone d’ici 2040.
Pour l’État français, l’enjeu sera de maximiser les retombées locales de cette opération tout en faisant face aux contraintes logistiques et industrielles. Ce projet, à la croisée des impératifs économiques et écologiques, marque la fin d’une ère technologique et la transition vers un réseau 100 % fibre.