FRANCE BLEU Drôme Ardèche –
Un artiste drômois choisi pour réaliser le mobilier de Notre-Dame-de-Paris
Guillaume Bardet, artiste résidant à Dieulefit, dans la Drôme, a été choisi parmi 70 artistes pour réaliser le mobilier liturgique de la nouvelle cathédrale Notre-Dame-de-Paris.
À 51 ans, le sculpteur et designer Guillaume Bardet, habitant Dieulefit, a encore du mal à réaliser ce qui lui arrive : son projet a été retenu, parmi 70 autres, pour concevoir et fabriquer le mobilier liturgique de Notre-Dame-de-Paris. « Intellectuellement, je suis heureux, Notre-Dame, ça parle à tout le monde, mais je n’ai pas encore digéré la nouvelle ». Le 23 juin, le diocèse de Paris lui a annoncé qu’il avait été choisi pour fabriquer les cinq éléments principaux du mobilier liturgique : l’autel, le tabernacle, le baptistère, l’ambon et la cathèdre. Le résultat de six mois de travail intense, notamment pour réaliser les maquettes, version 1/5e, un des détails qui a fait la différence.
Le projet a été pensé et présenté en duo, avec la fonderie Barthelemy Arts, de Crest, et son directeur Pierre Abattu, fonderie d’art spécialisée dans le bronze. « Il fallait qu’il y ait une envie mutuelle, parce que le bronze s’est imposé à moi, quand je suis entré dans Notre-Dame, la présence de la pierre. Pour faire exister simplement, sans grande artillerie, les éléments liturgiques, il fallait la puissance du bronze ». Le bronze est un des éléments qui a convaincu le jury, Guillaume Bardet était le seul parmi les cinq finalistes à avoir fait ce choix. « Je voulais quelque chose de simple, immuable, puissant. Surtout pas polémique : que les chrétiens s’y retrouvent, mais que ça parle aussi aux non chrétiens, visiteurs« , explique l’artiste.
Au boulot, avec plaisir
Désormais, il faut fabriquer les modèles, les amener à la fonderie, qui s’occupera du reste. « D’abord, on fabrique un moule en élastomère de silicone avec des chapes en plâtre, ce qui permet de reproduire, en cire, la sculpture à l’identique », détaille André Mariani, responsable moulage, « on a la chance de participer à cette restauration, Notre-Dame ça tient au cœur de tout le monde ici ». Après plusieurs étapes complexes et énormément de savoir-faire, la sculpture en cire, creuse comme le bronze, est prête : elle va servir à fabriquer le moule final, celui dans lequel le bronze est coulé, avant la partie finitions, patine. « On va se retrouver à côté de tailleurs de pierre, d’ébénistes, de charpentiers de renom, c’est grisant, bien sûr il y a du travail mais on est super contents« , sourit Guillaume Serre, chef d’atelier. Le patron de la fonderie, Pierre Abattu, ajoute : « j’ai mis du temps à réaliser, mais on va entrer dans l’histoire, l’artiste surtout, mais nous un peu aussi. Ça fait peur ? Oui bien sûr un peu, mais on va se mettre au travail ». Les cinq éléments doivent être livrés avant octobre 2024.
Sur l’artiste
Designer de formation, Guillaume Bardet est installé dans la Drôme, à Dieulefit, depuis 2008, une maison familiale qu’il a toujours connue. Il est diplômé de l’école des Arts Décoratifs, à Paris. Après un projet autour de la pierre, à la villa Médicis, à Rome, quand il a 30 ans, il commence à collaborer avec des galeries et s’oriente petit à petit vers la sculpture. En arrivant à Dieulefit, il se lance dans un projet, « l’usage des jours ». Il dessine un objet par jour pendant un an, objets fabriqués ensuite par lui-même et des céramistes du village et alentours. Le projet se promène à travers l’Europe, et l’amène à visiter, via un collaborateur, la fonderie Barthelemy Arts. « J’ai vu que c’était un outil incroyable le bronze, un mélange de la pierre et de la terre, modelable comme la terre, avec la puissance de la pierre ». Il progresse et finit par réaliser une représentation de la Cène : une table, treize tabourets, et un lustre. Elle est ensuite exposée à Sainte-Marie-de-La-Tourette (Rhône), puis à Paris. « Et au moment où je fais le montage de l’exposition, juste à côté de Notre-Dame, la cathédrale brule. Il y avait une lumière de fin du monde à Paris, une odeur bizarre, ça m’a marqué. Deux jours plus tard j’avais le vernissage, et plusieurs personnes m’ont dit que la table (de la Cène) en bronze était le prochain autel de Notre-Dame. L’idée a germé, j’ai commencé à me sentir légitime. » Quand l’appel à projets sort, il postule, est retenu parmi les cinq finalistes, hésite devant le cahier des charges, puis imagine ce mobilier finalement retenu.