FRANCE BLEU –
Matthieu Hede, le président du groupe MH Industries basé dans le Lot à Vayrac, pourrait reprendre la célèbre fonderie de la SAM dans le bassin de Decazeville (Aveyron). L’industriel expérimenté a accordé un entretien à France Bleu Occitanie, alors que les études de viabilité du projet démarrent.
Les salariés de la SAM, avant la liquidation
C’est le groupe qui pourrait reprendre la SAM à Viviez, dans le bassin de Decazeville. MH Industries est basé à Vayrac dans le Lot, il détient six sites dont cinq en France, et se lance dans des études de viabilité sur une reprise potentielle de la fonderie aveyronnaise liquidée en fin d’année dernière. Contours du projet, diversification de l’outil industriel et maintien de l’emploi dans le bassin, Matthieu Hede, président de MH Industries, a accordé un entretien à France Bleu Occitanie.
Vous êtes déterminé à reprendre la SAM ?
On avait été sollicités en fin d’année dernière pour reprendre la SAM et on avait donné une suite négative parce qu’on ne croyait pas, et c’est toujours le cas, au profil de la SAM en mono client et mono secteur d’activité.
Alors en quoi consisterait votre projet ?
Notre projet, c’est de profiter des atouts de la SAM, des atouts du site industriel de Viviez, des compétences, des ressources humaines, des gens qui sont fiers de travailler en usine dans un moment où tous les industriels de France – et notamment ceux d’Occitanie dans l’aéronautique – souffrent de pénurie de main d’œuvre et de compétences. Donc notre projet, s’il devait voir le jour, ce serait de redémarrer une activité industrielle sur le site de la SAM.
Est-ce que vous comptez reprendre les 365 salariés de la SAM ?
Aujourd’hui, on démarre un projet d’études qui va durer six mois, donc on en est au tout début. On doit étudier la viabilité économique, juridique, mais également commerciale parce que si on dit qu’on ne redémarre pas sur une activité basée uniquement sur un client qui arrive à donner du travail à autant de personnes, il faut aller les trouver ailleurs, sur d’autres métiers peut-être, en partie sur le savoir-faire historique de la SAM parce que la SAM était, il y a encore pas longtemps, une des plus belles fonderies de France et je le sais bien parce que c’était, pendant très longtemps, un des clients historiques de notre société.
« Notre projet c’est de recréer le maximum d’emplois industriels sur le site mais aujourd’hui on a beaucoup trop d’inconnus. »
Seulement une partie des 365 salariés aurait les compétences requises pour votre nouveau projet ?
Les compétences on peut les faire évoluer, il y a plein d’outils et il y a un vrai savoir-faire industriel, donc ça c’est pas un problème, et au contraire c’est un des gros atouts du projet tel qu’on le conçoit. La difficulté aujourd’hui, c’est que l’on n’a pas suffisamment de recul et d’analyse. Notre projet c’est de recréer le maximum d’emplois industriels sur le site mais aujourd’hui on a beaucoup trop d’inconnus.
Dans quels secteurs vous lanceriez cette activité, le cycle et le ferroviaire ?
Pas uniquement. En fait, on se baserait en grande partie sur notre propre expérience. Quand je vous ai dit qu’on ne croyait pas dans un modèle mono client, mono secteur d’activité, c’est que notre groupe, qui fait un peu moins de 30 millions de chiffre d’affaire et qui a 300 personnes, est sur une dizaine de secteurs d’activité, près de 600 clients différents, un seul client fait plus de 10% de notre chiffre d’affaire. On va du bâtiment à l’aéronautique, à la défense, au ferroviaire et à l’automobile également. L’idée c’est donc de dupliquer ce système-là et donc d’offrir de la sous-traitance mécanique à tous ces secteurs.
Vous avez déjà réindustrialisé des sites ?
Non. Nous avons repris des sites en difficulté mais réindustrialiser de zéro des sites, non.
Peut-on avoir l’espoir que la SAM revive dès l’an prochain ?
Dans les scénarios les plus rapides et optimistes, ce serait un redémarrage potentiel d’ici une petite année, d’ici début 2023.
Sentez-vous que les salariés sont derrière vous, derrière votre projet ?
C’est un petit peu tôt mais je pense qu’il y a un vrai espoir et c’est ça qui nous intéresse, ce sont des gens qui aiment leur usine. Je suis très bien placé parce qu’on fait le même métier, je côtoie beaucoup d’anciens de la SAM. Ils sont attachés à cette usine, à cette histoire, à leur savoir-faire, au bassin de population et ça aujourd’hui, beaucoup le voient comme un désavantage, nous, et moi le premier, je le vois comme un vrai avantage.