Rien ne distingue vraiment le long bâtiment d’Howmet Ciral dans la zone d’activités de la Présaie, à Évron. Pourtant, cette société discrète, qui appartient au groupe américain Alcoa, travaille pour de grands noms de l’aéronautique, de la défense et du spatial : Airbus, Safran, la division espace de la Snecma… Howmet Ciral est une fonderie aluminium qui fabrique des pièces moulées de différentes formes et pour différentes applications.
L’usine a été créée en 1977, sous le nom de Ciral. « Elle appartenait à un petit groupe dont la maison mère était au Canada. Elle a été achetée par la filiale américaine de Péchiney, filiale finalement rachetée en 2000 par Alcoa », raconte Xavier Dumant, arrivé en 1992 comme ingénieur procédé et dirigeant de l’entreprise depuis 2000.
A320, A330, A380
L’usine, qui s’appelle désormais Howmet Ciral, livre à ses clients des pièces qui iront loger « dans les environs du moteur », des avions ou hélicoptères. Mais aussi des pièces de structure dans les fuselages ou des équipements qui trouveront leur place dans les cockpits, permettant d’intégrer des instruments électroniques. La fonderie travaille aussi pour le Rafale. C’est ainsi qu’il y a un peu d’aluminium d’Évron dans les A320, A330 et A380.
Aviation. L’A320 brillant petit frère de la famille Airbus.
Des programmes longs qui mettent l’entreprise plutôt à l’abri des trous d’air dans le carnet de commandes. « On a neuf mois de visibilité », rassure Xavier Dumant, qui annonce « une légère progression de l’activité pour 2016. Ce n’est pas le tout d’être sur un marché porteur, encore faut-il trouver une place dans les avions et nous devons être vigilants aux changements de technologies ».
Pour rester à la page, la fonderie d’Évron investit « année après année, dans la modernisation de l’outil ». Elle a notamment fait l’acquisition d’une caméra de contrôle à la lumière bleue qui permet de comparer directement les dimensions des pièces terminées à celles de la conception assistée par ordinateur. « Un gain de temps et d’efficacité. »
Le directeur vante aussi la culture « maison » qui invite chaque salarié à son poste à améliorer les process de fabrication. « On a, par exemple, développé ici un procédé de solidification rapide qui permet d’augmenter la résistance des pièces. C’est une des meilleures technologies au monde dans ce domaine. »
Mais au fait, pourquoi travailler de l’aluminium et faire des pièces d’avions à Évron ? « C’est le sénateur maire Raoul Vadepied qui a su convaincre le fondateur de Ciral de s’installer dans sa commune. Parce qu’il voulait qu’il y ait un équilibre industriel avec les usines agroalimentaires Bel et Socopa. Il disait qu’ici, on trouve des ouvriers sérieux, engagés. » La longévité de Ciral en Mayenne semble lui avoir donné raison. Xavier Dumant confirme : « Le choix de s’implanter ici trouve une justification a posteriori, dans le sérieux et l’engagement des salariés. »
Céline BARDY.