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Par : piwi
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vendredi 13 Oct, 2023
Catégorie : Automobile

Le Picard qui déshabille l’automobile mondiale

LES ECHOS – Guillaume Roussange  (Correspondant à Amiens)

DES AFFAIRES PAS ORDINAIRES. Depuis plus de vingt ans, l’entreprise A2Mac1, née de la démocratisation de la photographie numérique, règne en maître sur l’analyse comparative de données automobiles. En clair, elle dépiaute pour chaque constructeur les voitures de ses concurrents pour en révéler les secrets de chaque pièce. Depuis la Thiérache, au nord de l’Aisne, elle a étendu ses activités sur tous les continents.

Dans les laboratoires de l'entreprise, on démonte, on pèse, on mesure, on scanne et on photographie de 1.500 à 2.000 pièces, selon les voitures.
Dans les laboratoires de l’entreprise, on démonte, on pèse, on mesure, on scanne et on photographie de 1.500 à 2.000 pièces, selon les voitures. (DR)

Il y a Detroit, Shanghai, Chennai, Séoul… et il y a aussi Hary, dans l’Aisne, ses 200 habitants et son église fortifiée. Si le petit village figure aujourd’hui parmi les hauts lieux de l’automobile, c’est qu’il abrite depuis plus de vingt ans A2Mac1 , le leader mondial d’une spécialité singulière : l’analyse comparative de pièces d’automobiles. En clair, la société aide ses clients à garder un oeil (acéré) sur les produits de leurs concurrents.

Dans les laboratoires de l’entreprise, on démonte, on pèse, on mesure, on scanne et on photographie la totalité des sous-ensembles, un phare par exemple, pour en dresser un profil précis. Soit de 1.500 à 2.000 pièces, selon les modèles, entièrement détaillées pour constituer une immense base de données, consultable à distance. Chaque année, le système, qui recense déjà 800 véhicules, s’enrichit d’environ 80 nouveaux modèles. « Nous comptons 300 clients, c’est-à-dire la quasi-totalité des constructeurs d’automobiles et des principaux sous-traitants de la filière. Au total, cela représente 400.000 utilisateurs », indique Jacques Leveillé-Nizerolle, PDG de l’entreprise.

Un pari osé

L’histoire d’A2Mac1 repose pourtant sur un pari pour le moins osé. En 1997, lorsque Jean-Marie et Pierre-Yves Moulière, les fondateurs, lancent l’entreprise, la photographie numérique n’est encore qu’une niche. Eux en perçoivent immédiatement le potentiel industriel. Ensemble, ils écument les Salons de l’auto et constituent la première banque de données en ligne. Et c’est à la demande de Toyota qu’ils commencent les premiers démontages dans la ferme familiale, nichée au coeur des vallons axonais.

Petit à petit, la technique s’affine et les protocoles se standardisent pour donner naissance à l’outil actuel. Vingt ans plus tard, l’objectif de l’entreprise, étonnamment seule sur ce créneau, n’a pas varié : permettre aux industriels de sous-traiter le benchmarking technique, très coûteux pour les constructeurs. « Nos produits améliorent le retour sur investissement », reprend Jacques Leveillé-Nizerolle. Avec un tel argument, l’entreprise s’est vite internationalisée. Elle pose le pied à Belleville, dans la banlieue de Detroit, puis en Inde, en Corée du Sud, en Thaïlande, au Mexique, sans oublier la Chine, le nouvel eldorado des constructeurs. Un essor mondial qui n’aurait sans doute pas été possible sans la reprise, fin 2017, d’A2Mac1 par le Five Arrows Principal Investments (Fapi), fonds d’investissement de la banque Rothschild & Co. « Comme souvent, la structure familiale n’était plus adaptée aux objectifs de l’entreprise qui devait passer un cap », se remémore Pierre-Yves Moulière. L’enjeu de l’opération n’est pas seulement financier, il est aussi technique.

Véhicules intelligents

En vingt ans, les véhicules ont subi plusieurs bonds technologiques. Au point que, désormais, le coût de l’électronique, de l’électrique, du logiciel et de l’interface homme-machine pèse près du tiers du prix de revient du véhicule. Les capteurs se sont multipliés , donnant naissance à des véhicules intelligents. « C’est par exemple le cas avec le capteur de pluie, couplé à la fois au freinage et aux essuie-glace. Nos nouveaux métiers consistent à comprendre cette organisation, de la représenter schématiquement pour, à terme, être capables non seulement de livrer des données fiables à nos clients », ajoute pour sa part Vincent Demay, directeur marketing de l’entreprise.

Pour A2Mac1, il ne s’agit plus simplement de dessiner les pièces d’un puzzle auto, mais d’en comprendre l’assemblage, jusqu’au moindre mouvement. C’est ce que l’entreprise nomme désormais le « benchmarking dynamique » – des séries de tests réalisés en roulant – pour lequel elle a fortement investi ces dernières années, notamment dans des outils de modélisation 3D et de réalité virtuelle. L’objectif ? Se positionner comme un spécialiste des services prédictifs et, donc, de la préconisation. C’est notamment le cas en Chine, où la société a embauché cette année une dizaine de techniciens supplémentaires afin de proposer de l’analyse des systèmes électroniques. En Europe, des alliances stratégiques sont nouées. A2Mac1 a, par exemple, fait entrer dans son giron l’allemand ECS, spécialisé dans l’étude des coûts, et engagé une collaboration avec les gestionnaires du circuit de Montlhéry pour développer de nouvelles prestations. « Il est clair que nous ne savons pas où en sera l’automobile dans cinq ans, mais il est certain que nous y serons aussi », insiste Jacques Leveillé-Nizerolle.

A2Mac1 emploie désormais 450 personnes à travers le monde, dont 170 à Hary, dans l’Aisne.

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