La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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mercredi 25 Mai, 2016
Catégorie : Selon la presse

Vous avez dit fonderie numérique : ????

VINCENT CHAMPAIN – Les capteurs, le stockage ou la puissance de calcul ne valent presque plus rien. Ce qui aura de plus en plus de valeur, c’est ce qu’on en fait, c’est-à-dire les applications qui vont à la fois optimiser les process industriels et permettre aux clients de mieux utiliser leurs équipements. Cela créera un déplacement de la chaîne de valeur du « hardware » vers le « software », les logiciels. À côté des avantages compétitifs historiques (savoir-faire, brevets, connaissance des clients…), les entreprises industrielles vont devoir développer de nouveaux savoir-faire dans le logiciel. Si elles ne le font pas, un concurrent plus rapide proposera des machines qui coûtent moins ou qui produisent plus.

Tous les acteurs industriels génèrent des masses de données, mais les gagnants seront ceux qui sauront le mieux trouver les « aiguilles » de valeur dans leurs « bottes » de données, c’est-à-dire d’extraire de l’information pertinente. La maintenance prédictive permet, par exemple, de repérer dans un grand volume de données les signaux faibles indiquant que la machine va tomber en panne. L’anticiper permet de gagner en productivité et en sécurité. Vous pouvez également anticiper les arrêts de maintenance d’une turbine à gaz pour les faire quand l’électricité est la moins chère.

La Fonderie comprendra à terme plusieurs centaines d’employés, parmi lesquels des ingénieurs en données (data scientists), des développeurs, des spécialistes en sécurité informatique ou encore des designers industriels. Ils travailleront avec nos clients, des partenaires ou des startups afin d’améliorer la productivité des outils industriels tels que des moteurs d’avion, des machines-outils ou même des parcs de chaudières. Afin de focaliser nos équipes sur ce qui a de la valeur ajoutée (résoudre un problème industriel), plutôt que ce qui n’est pas spécifique à leur cas (sécurité, modèles de données, services analytiques…), nous avons développé la plateforme Predix, initialement pour nos besoins propres. Début 2016, nous avons décidé de l’ouvrir à tous ceux qui le souhaitent. L’idée, c’est que les entreprises puissent y mettre leurs données et les applications en toute sécurité – GE Digital n’y aura accès que si elles le veulent.

Quel est l’intérêt pour une startup de rejoindre cette plateforme ?

Son intérêt est ici de pouvoir proposer à des clients industriels des services basés sur une plateforme reconnue dans le monde industriel, adaptée aux contraintes de ces clients. Cela permet aussi de développer plus rapidement qu’en refaisant tout à partir de zéro – un peu comme utiliser des briques pour faire une maison plutôt que de chercher à faire son ciment soi-même. Aujourd’hui, les industriels rechignent à ouvrir leurs données à des acteurs dont le niveau de sécurité est inconnu. Autre avantage : tous ceux qui travaillent sur Predix peuvent développer leurs solutions avec des langages communs (Java, Ruby, Python…) et non un obscur langage propriétaire. Enfin, un service initialement développé par une startup pour le compte d’un groupe peut être proposé via un « appstore » aux clients du monde entier.

Pourquoi avez-vous choisi la France pour lancer cette Fonderie ?

En Europe, la France est l’un des pays les mieux positionnés, avec l’Allemagne et le Royaume-Uni, pour les compétences en traitement des données. En outre, la France est un des pays les plus importants pour General Electric.

Vous prévoyez de recruter 300 ingénieurs en quelques mois. Ne craignez-vous pas une pénurie de candidatures ?

Le marché est tendu partout, mais peut-être moins en France qu’ailleurs. La culture de l’ingénieur y est forte et les écoles sont d’excellente qualité. Nous allons recruter des dizaines de data scientists, d’ingénieurs de recherche ainsi que de développeurs Web. Le design aura également une place importante : si les clients utilisent davantage d’applications, chacune d’elles devra être d’autant plus simple à utiliser. Un algorithme astucieux ne sert à rien si l’application n’est pas utilisée, ou si le stress ou encore l’environnement de travail la rendent inutilisable.

Quel est le modèle économique de la Fonderie ?

Nos clients bénéficieront d’une plateforme adaptée aux contraintes industrielles, d’expertises (datascience, design…), qui leur permettront d’être plus profitables en faisant leurs propres applications, qu’ils proposeront à d’autres entreprises ou en utilisant les solutions que nous suggérons. Ils garderont le contrôle de leurs savoir-faire ou de leurs données. Notre modèle est l’inverse de celui des entreprises qui proposent des services gratuits pour faire un profit en valorisant vos données à votre place !

D’Amazon à IBM, en passant par Microsoft, beaucoup d’autres acteurs lancent des plateformes concurrentes et consacrées à l’Internet des objets…

Il n’y en a qu’une conçue pour les machines – des turbines à gaz aux chaudières – et dont les développements futurs seront centrés sur les besoins industriels. Notre premier concurrent ne sera donc pas l’un de ceux que vous citez, ce sera le statu quo ! Et nous apporterons une expertise que n’ont pas des entreprises de services. Qui d’autre que GE saura vous procurer une expertise pratique du meilleur niveau mondial en turbine à gaz, compresseur, moteur d’avion et d’informatique de santé ? Le développement de nos partenariats mondiaux étendra cette expertise dans tous les domaines, de la physique au numérique industriel.

Quels sont vos secteurs prioritaires pour développer ces nouveaux services ?

Tous les secteurs où General Electric est présent, comme l’aviation, l’énergie ou les équipements médicaux. Nous travaillerons aussi avec des partenaires comme Capgemini, Altran ou Accenture. Le développement sera sans doute plus rapide dans les secteurs qui utilisent ce qu’on appelle des « actifs critiques ». Prenez une pompe sur une plateforme pétrolière : si un problème survient sans qu’on ait pu l’anticiper et débouche sur une marée noire, cela coûte des milliards d’euros… Mais nous avons également développé des solutions pour des toilettes japonaises. Bardées d’électronique, elles tombent plus souvent en panne, ce qui réduit les revenus des hôtels. C’est un cas moins industriel d’application de maintenance prédictive !

Quand l’industrie aura-t-elle effectué sa transition numérique ?

Lorsqu’il nous a remis le Prix de l’innovation, l’économiste américain Jeremy Rifkin a bien résumé la chose : aujourd’hui, de nouvelles solutions voient le jour grâce à l’essor des logiciels et des capteurs. Mais l’industrie a souvent du mal à intégrer tous les bénéficies de ces nouvelles briques technologiques. Après tout, il s’est écoulé cinquante ans entre l’invention de la machine à vapeur et le moment où les locomotives circulaient partout dans le monde. Toutes les grandes révolutions technologiques nécessitent plusieurs générations avant d’en tirer le meilleur. Pour l’accélérer il faut rendre la technologie simple et modulaire : c’est ce que nous ferons dans l’Internet industriel avec Predix.

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