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Par : piwi
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mardi 04 Fév, 2025
Catégorie : Actualité Emploi

Réindustrialisation : l’approche collaborative de Philippe Rivière (portrait)

Portrait

Réindustrialisation : l’approche collaborative de Philippe Rivière

Pour renforcer l’industrie et implanter de nouvelles usines, la simplification des normes ou la baisse des charges ne sont pas les seuls combats. Philippe Rivière, patron du groupe ACI, plaide aussi pour plus de solidarité entre donneurs d’ordre et sous-traitants.

Philippe Rivière
Philippe Rivière (DR)
Publié le 3 févr. 2025 

Son nom circule régulièrement dans les couloirs de Bercy lorsqu’une usine est à reprendre. Pour réindustrialiser la France, il faut des dirigeants qui n’ont pas froid aux yeux, avec la confiance des banques et le sens des affaires. Manifestement, Philippe Rivière fait partie du cénacle. Malgré le climat morose, « notre pays a les atouts pour répondre à l’enjeu de souveraineté industrielle », clame le président d’ ACI (Alliances des compétences industrielles), une entreprise de sous-traitance, notamment pour l’aéronautique, l’énergie et le ferroviaire, créée en 2019.

A peine six ans d’existence et déjà une trentaine d’usines agrégées au sein de cette ETI de 1.300 salariés, qui affiche 200 millions d’euros de chiffre d’affaires. Selon cet ingénieur Arts et Métiers, le fabriqué en France n’est donc pas condamné. Mieux, grâce à « un écosystème solide, on peut faire émerger des champions », assure-t-il.

L’exemple de l’écosystème industriel japonais

Il n’est pas seul. Auprès du président Philippe Rivière, 46 ans, se tient Patrice Rives, 52 ans, directeur général. Le duo contrôle 60 % du capital aux côtés du fonds GEI Sopromec (30 %), entré en 2021, et des managers des entreprises reprises (10 %).

Les deux hommes se sont connus chez WeAre Group , l’équipementier aéronautique repris par Mecachrome. Philippe Rivière, qui a dirigé des sites du fabricant de matériaux métalliques Aubert et Duval, y a pris des fonctions de direction, et a croisé la route de Patrice Rives, ancien d’ATR et Airbus, chargé de l’Asie. « Nous avons découvert la formidable force des sous-traitants japonais, soutenus par leurs donneurs d’ordre », glisse-t-il.

Après la cession de leurs parts de WeAre Group, ils ont commencé par acquérir Forge de Monplaisir, à Saint-Priest (Rhône) en 2019. Puis, les pompes hydrauliques Jtekt à Blois, le décolleteur Molliex dans la vallée de l’Arve, les micromécanismes Fralsen à Besançon qui ont autrefois appartenu aux montres Lip. Le mois dernier, ACI a absorbé, dans l’Aisne, Les Fonderies de Sougland, la plus vieille fonderie encore en activité en France. « Sa première coulée remonte à 1543. C’est une fierté de maintenir un tel fleuron », s’enorgueillit Philippe Rivière.

Un patron engagé, inspirant et visionnaire

Le point commun entre ces acquisitions : « La culture de la performance », martèle Philippe Rivière, qui salue le niveau d’exigence de leurs techniciens et ingénieurs. En prime, elles ne sont « quasiment pas exposées à l’automobile, qui s’est structurée sur des productions de masse de haute technicité mais à des prix toujours plus bas ».

Ainsi, bien que sollicité, il ne déposera pas d’offre pour Fonderie de Bretagne , sous-traitant de Renault en difficulté. Il préfère l’énergie, la défense et l’aéronautique, même si cette dernière lui laisse un goût amer après la liquidation en novembre de Reims Aerospace . « J’ai bataillé auprès d’Airbus et de Dassault pour qu’ils allègent la pression des prix. En vain. Ce dossier reste un crève-coeur », confie-t-il.

Le parcours de Philippe Rivière ne passe pas inaperçu. Gilles Attaf, le président d’Origine France Garantie, l’invite sur ses conférences. Il s’engage aussi dans plusieurs réseaux, dont les clusters Eden et Gifen autour de la défense et du nucléaire, où il prêche la parole des sous-traitants auprès des donneurs d’ordre : « La réindustrialisation passe aussi par plus de solidarité », répète ce patron qui a neuf mandats associatifs.

Localement, il vient d’être élu président du Loire Business Club. « Il est inspirant, avec une vision claire et une motivation inébranlable », témoigne Véronique Gricourt, déléguée générale du collectif des start-up industrielles .

Pour gérer cet emploi du temps bien rempli, ce père de deux adolescents s’astreint à « une discipline de fer » et à un agenda minutieusement planifié, quitte à laisser tomber quelques missions, comme celle de conseiller du commerce extérieur. Son objectif reste de constituer un fournisseur attitré de Safran , Thalès , MBDA, Orano , Air Liquide ou EDF. « Grâce à ACI, de petites usines peuvent répondre à leurs grands appels d’offres », résume le dirigeant, qui ambitionne d’atteindre 300 millions d’euros de chiffre d’affaires d’ici à 2030.

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Stéphane Frachet (Correspondant à Lyon)

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