Si le haut-fourneau numéro 2 n’a jamais cessé de fonctionner, l’activité de la fonderie, en berne depuis des mois, restait dans l’incertitude. Dimanche, à 17h lorsque la lance a été rallumée, que le creuset s’est enflammé, la phase de redémarrage a été accueillie « avec un grand sourire » par les responsables du service, avoue l’un d’eux, Christophe Carpentier, et « comme un grand soulagement », assure Steeve, fondeur dans l’usine depuis 8 ans. « L’arrêt a été un coup dur, les annonces de redémarrage, suivies de déception, nous avaient laminés. Là, on repart à fond, même si le rythme n’est pas encore normal durant la phase de redémarrage », précise Akim, 6 ans de fonte.
Depuis, Steeve, Akim et les 5 équipes de 17 ouvriers se relaient jour et nuit sur le plancher de coulée des hauts-fourneaux, « avec des coulées toutes les 2 à 3 heures ». Les fondeurs protégés de leurs manteaux d’aluminium s’activent avec des barres à mine autour de la rigole remplie de magma qui sort à 1 480 degrés du cratère de la fonderie pour dégager les blocs qui se forment sur la croûte en refroidissant. « C’est un travail assez physique. Mais moins qu’avant, quand on n’avait pas la pelliste pour décrasser le trou d’où arrive la coulée », explique Steeve, en désignant un énorme engin-perceuse. Un investissement datant de trois ans.
Le cœur du cratère ranimé
En allure ordinaire, il faut compter trois coulées par poste (huit heures par équipe). Mais le travail de décrassage, de réensablage de la rigole est le même. Lorsque le creuset a été rallumé, il restait du coke figé au fond. « Il y a toujours un résiduel de fonte, mais là, on n’a pas eu le temps ni les moyens de tout purger et on a coulé le loup directement », explique Christophe Carpentier. En phase d’arrêt, l’activité était en veille sur ce fourneau mais le travail a continué avec la moitié des effectifs. « On injecte de l’azote pour refroidir la matière à l’intérieur plus rapidement », précise Adrien Nicoletis, responsable de process. Et une routine de vérification était nécessaire pour contrôler l’état de fonctionnement.
Avec ses deux hauts-fourneaux en pleine fusion, l’activité d’ArcelorMittal semble prête à continuer à produire ses 200 types d’acier. Cette année marquait aussi la première étape du procédé de décarbonisation. Un espoir de voir titulariser « les nombreux intérimaires recrutés », pour Steeve.