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Par : piwi
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mardi 30 Avr, 2024
Catégorie : Actu flash

Près de Rennes, ce site peut incarner « l’industrie du futur » en Bretagne

Safran qui s’installe à La Janais ? Une excellente nouvelle pour le représentant local des métiers de la métallurgie, Mathieu Péraud. Il voit dans le site rennais un phare pour l’ensemble de la Bretagne.
Mathieu Péraud a suivi des études d’économie. Après deux ans en tant que journaliste à l’AFP, il a travaillé dans les ressources humaines pour le secteur industriel. Il fut ensuite directeur d’agence à l’ANPE (France travail) puis a dirigé une formation à la CCI de Saint-Malo. Après un passage en chambre d’agriculture en Normandie, il a rejoint l’UIMM Ille-et-Vilaine et Morbihan en 2013, où il occupe depuis le poste de délégué général.
Mathieu Péraud a suivi des études d’économie. Après deux ans en tant que journaliste à l’AFP, il a travaillé dans les ressources humaines pour le secteur industriel. Il fut ensuite directeur d’agence à l’ANPE (France travail) puis a dirigé une formation à la CCI de Saint-Malo. Après un passage en chambre d’agriculture en Normandie, il a rejoint l’UIMM Ille-et-Vilaine et Morbihan en 2013, où il occupe depuis le poste de délégué général. (UMMI35)

Le Mensuel : Vous êtes le représentant local de la métallurgie. Que pèse ce secteur dans la région ?

Mathieu Péraud : « C‘est presque 2 200 établissements et 55 000 emplois en 2023. La région se caractérise par un fort taux d’emploi d’ingénieurs et de techniciens supérieurs. Mais il y a plus de 1 000 métiers différents. On est positionné sur des productions à forte valeur ajoutée, comme les marchés de la défense, que ce soit en naval ou en aéronautique. Sur les énergies décarbonées également, notamment l’éolien et les énergies marines renouvelables. On n’a pas mal de belles entreprises dans le médical, le spatial, les télécoms. »

Vous citez de nombreux secteurs sauf un, qui était pourtant une évidence à une époque, notamment à Rennes. C’est l’automobile. Ça dit beaucoup de la transformation de l’industrie ces dernières années.

« Très clairement. Notre filière automobile a beaucoup souffert. Et on pense à notre adhérent phare Stellantis, dont le site rennais a été fortement impacté. Il reste aujourd’hui compétitif et continue à produire des véhicules, mais avec des volumes beaucoup moins importants qu’avant. Donc il y a moins d’emplois salariés. Et quand vous avez une grosse locomotive comme ça qui est moins importante, évidemment, toute la chaîne de valeur est réduite. Il faut rappeler qu’en France la filière automobile a quasiment été divisée par cinq en vingt ans. »

Quelles sont les conséquences de l’inflation sur les entreprises de la métallurgie ?

« Les entreprises qui sont tournées vers le B2C, le consommateur, ont réussi à augmenter leurs prix pour essayer de ne pas trop réduire leurs marges. En revanche, pour celles qui sont dans la sous-traitance, ça a été beaucoup plus compliqué. Surtout si on y ajoute la problématique énergétique. Dans une PME, quand ça va bien, les taux de marge tournent autour de 5 ou 6 %. Quand ça va mal, c’est 2 ou 3 %. Si on vous triple le prix de l‘énergie, c’est votre résultat qui s’évapore.

Dans ce contexte que vous décrivez, des entreprises de la région sont-elles clairement menacées ?

« Pas menacées, mais certaines se sont adaptées. Des entreprises ont revu par exemple l‘organisation du travail, en se concentrant sur les heures creuses. D’autres ont investi dans la sobriété énergétique. »

La mise en place du zéro artificialisation nette, qui contraint les communes à réduire les constructions sur les espaces naturels et agricoles pose-t-elle des problèmes à l’industrie ?

« Bien sûr. On peut déjà considérer que dans certaines zones, il est plus difficile d‘implanter une entreprise industrielle. On commence à voir des entreprises qui veulent s’étendre, qui parfois ont besoin de quelques centaines de mètres carrés, et des collectivités, en face, qui ne répondent pas tout de suite. »

La métallurgie, ce sont 12 500 emplois sur le territoire de Rennes… Il y a une tradition industrielle.

Puisqu’on évoque les implantations industrielles, que vous a inspiré l’abandon du projet d’usine Bridor à Liffré ?

« C’est un mauvais signal. C’est une entreprise qui veut se développer sur des marchés français et européens et qui fait le choix d‘être présente en France parce qu’elle considère qu’il y a une main-d’œuvre disponible, qualifiée. »

Et Safran qui arrive à la Janais, à Chartres-de-Bretagne, pour produire des moteurs d’avion, avec 200 emplois à la clé ?

« C‘est une bonne nouvelle. C’est un bon exemple d’une Métropole qui a engagé une réflexion pour faire émerger un pôle industriel avec des thématiques du futur : la mobilité et le bâtiment durables. »

Au sein de la majorité rennaise, les écologistes estiment que produire des moteurs d’avions, comme va le faire Safran, ce n’est justement pas la mobilité durable.

« L‘aéronautique a redémarré comme jamais parce qu’il y a vraisemblablement des besoins de mobilité pour des affaires, pour des voyages. Plutôt que de se dire, jouons la décroissance de l’aéronautique comme la décroissance de l’automobile, peut-être qu’il vaut mieux décarboner au maximum. Des entreprises comme Safran ou Thalès ont des programmes aujourd’hui de R & D autour des carburants totalement décarbonés ou de l’allègement des avions, pour qu’ils consomment beaucoup moins. Le projet de Safran à Rennes s’inscrit là-dedans. Je préfère cette politique de petits pas plutôt que de dire que la seule solution c’est d’arrêter de faire des avions. »

Diriez-vous que le territoire de Rennes est « usine friendly » ?

« On va dire qu‘il y a une tendance à cela. C’était peut-être moins le cas à une certaine époque. La métallurgie, ce sont 12 500 emplois sur le territoire de Rennes, soit 23 % de l’emploi de la métallurgie en Bretagne. Il y a une tradition industrielle. Je trouve que le pôle d’excellence à la Janais est un bon exemple montrant qu’à l’échelle de la métropole il peut y avoir une véritable stratégie volontaire pour faire ce qu’on appelle de l’écologie industrielle, avec un partage d’équipements, etc. Si Safran a fait le choix de la Janais, c’est parce que vous avez un site clé en main qui incarne l’industrie du futur. »

Donc, vous partagez les choix faits sur ce site par la collectivité, y compris quand il s‘agit de refuser de faire venir Amazon ?

« C‘est presque facile pour une collectivité d’installer un centre logistique Amazon parce que ça va occuper de la surface, ça va ramener de la Cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises. Mais il y a quand même moins d’emplois que dans un site industriel. Et quand vous associez Safran à d’autres acteurs, telle que la plate-forme Excelcar, cela crée un écosystème favorable à la R & D. Et derrière, vous pouvez commencer à travailler sur la question des formations aux métiers. C’est donc un bon choix. Il nous manquait aussi quelque chose en Bretagne, c’est d’avoir un site emblématique incarnant véritablement l’industrie. On a prévu de profiter de cette vitrine pour faire venir des jeunes, des parents d’élèves, pour montrer les métiers en action. »

Zone de commentaire !

1 commentaire pour : "Près de Rennes, ce site peut incarner « l’industrie du futur » en Bretagne"

  1. Un peu d’histoire industriel, c’est passionnant de savoir ce qu’il y eut avant.
    Alors que cela s’appelait la SNECMA et pas encore SAFRAN, sur le site de Genevilliers en 1978 / 1980 il y avait:
    – Forge et Aubes
    – Fonderie de précision: qui fut agrandi en 1980
    – Fonderie d’Aluminium et Magnésium: cette dernière fut fermée en 1980 et les pièces réaffectées aux fonderies françaises de l’époque.
    Aujourd’hui devenu SAFRAN ce site est un des derniers sites industriels restant sur la première couronne parisienne !
    mais pour combien de temps encore ? En face de la SNCEMA il y eut Kléber Colombes qui à fermé en 1980/81 remplacé par un tout nouveau site Thalès. Aujourd’hui le quartier est en totale réhabilitation et un gros complexe immobilier vient de naître.
    Avec la création de ce nouveau site à proximité de Rennes, il y a fort à penser que ce site quasi ancestral du début du 20ème siècle risque de se voir déloger.
    C’est ce qui vient de se passer pour le site de Dassault à Argenteuil que va rejoindre une toute nouvelle usine à Saint Ouen l’Aumône ou Cergy Pontoise.

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