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Par : Nicolas
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dimanche 31 Mai, 2020
Catégorie : Selon la presse

Pourquoi Renault joue « sa survie »

Au moment de l’arrestation spectaculaire de son PDG Carlos Ghosn, mi-novembre, la firme au Losange semblait en pleine forme. De fait, les résultats de l’exercice 2018, qui succèdent aux records de 2017, sont plutôt bons. Les volumes s’affichent en hausse, à 3,9 millions d’unités, la marge opérationnelle atteint 6,7 %, ce qui est loin d’être ridicule dans le secteur. Pourtant, quelques mois plus tard, le ministre de l’Economie a eu des mots très durs. « Renault joue sa survie », a déclaré il y a quelques jours Bruno Le Maire pour justifier le plan de restructuration du constructeur automobile français.

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Comment la situation a-t-elle pu se détériorer à ce point si rapidement ? La crise du coronavirus, qui a plombé les ventes pendant deux mois, n’explique pas tout. Renault est tombé dans le rouge dès 2019, enregistrant 141 millions d’euros de pertes nettes, et a annoncé, en février dernier , sa volonté de lancer un vaste plan d’économies.

Crise de gouvernance

Les difficultés actuelles du groupe basé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) tiennent à de multiples facteurs. Le ralentissement du secteur a joué un rôle : le marché automobile mondial a reculé de quelque 5 % l’an dernier. La grave crise de gouvernance à la tête de Renault, observée depuis l’arrestation de Carlos Ghosn, a aussi lourdement pesé. « Les deux tiers des top managers présents au moment de la présentation du plan à moyen terme, en octobre 2017, ne sont plus dans le groupe », observe un bon connaisseur de la société. « Difficile, dans ces conditions, de gérer une entreprise en temps de crise ! » Les tensions avec l’allié Nissan, exacerbées pendant la période, rendent en outre toute synergie supplémentaire illusoire.

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Mais d’autres facteurs, plus structurels, expliquent aussi la situation. Il y a bien sûr la désormais fameuse « course aux volumes », voulue par Carlos Ghosn, qui tablait sur une forte croissance des ventes. Cette stratégie a conduit à surdimensionner l’outil de production , mais aussi parfois à sacrifier les prix pour doper les ventes. « La fin justifiait les moyens. Nous payons le prix de cette politique », a souligné Clotilde Delbos, qui assure la direction générale par intérim du groupe.

Une marque en perte de vitesse

Si Renault conserve des atouts, comme sa position à l’international (Russie, Amérique Latine) ou sa réussite dans le low cost avec Dacia, la marque elle-même a vu son étoile pâlir ces dernières années. Elle a raté le virage des SUV, qui fait aujourd’hui la fortune du concurrent PSA avec ses 3008 et ses 5008, et n’a pas su monter en gamme : les Talisman, Espace et Scenic se vendent de moins en moins . Sans parler de l’échec commercial en Chine, où le Losange s’est lancé en 2016 avant d’annoncer son retrait en avril, qui a coûté plus de 700 millions d’euros rien que l’an dernier.

Pire, Renault a connu des problèmes de qualité, qui ont affecté le lancement de véhicules phare comme l’Espace ou, tout récemment, de la dernière Clio. Les ventes de la marque ont ainsi reculé de 8,5 % en 2019. Les analystes pointent aussi la mauvaise gestion de certains dossiers, comme le changement de normes d’homologation à l’été 2018, ou les objectifs CO2 à remplir cette année, qui font planer le risque de lourdes amendes. « On a toujours l’impression qu’ils sont en retard, alors qu’ils assuraient le contraire », dit l’un d’eux.

Train de vie trop élevé
Enfin, Renault s’est habitué à un train de vie plus vraiment dans ses moyens. « C’est vrai pour les frais généraux, ou encore pour la R & D », reconnaît un cadre du groupe. A 10,7 % du chiffre d’affaires, les dépenses d’investissements et de R & D sont dignes de celles d’un constructeur premium. L’objectif, formulé il y a quelques années, de les ramener à 9 % n’a jamais été tenu.

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Le vaste plan annoncé ce vendredi a précisément pour objectif de passer les dépenses à la paille de fer, dans le but de réduire les coûts fixes de 2 milliards d’euros sur trois ans. Ce sera ensuite à Luca de Meo, le nouveau directeur général qui prendra ses fonctions le 1er juillet, d’imaginer les voitures de demain qui permettront de relancer la machine commerciale. La route est longue.

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