La fonderie et Piwi

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Par : piwi
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jeudi 28 Mar, 2024
Catégorie : Au hasard

Les Nouvelles calédoniennes dépoussièrent les objets du passé

Pour les pièces légères, le bronze était coulé à la main. Il semble que ce soit ici pour une hélice. On distingue sur cette photo le Javanais Sakiat, assassiné plus tard sur le chemin de La Mecque. Photo DR
Après une longue série d’articles consacrés aux objets du temps du bagne, nous abordons désormais quelques aspects du commerce calédonien au début du XXe siècle. Ce voyage passera par la boutique du cordonnier, celle du blanchisseur, de la couturière ou encore du menuisier. Voici, pour commencer, les fonderies d’hier, quand la Calédonie façonnait au lieu d’importer.

Plusieurs fonderies étaient encore en activité à Nouméa même au début des années quarante. Outre la SLN, qui fabriquait une bonne partie de son matériel minier mais aussi des pièces d’équipement pour les privés, il existait la fonderie Legascoin (angle des rues de Sébastopol et Auguste-Brun, au Quartier-Latin), les ateliers Massoubre, qui deviendront les ateliers Georges Brunelet, puis les Forges et chantiers français de l’Océanie (angle des rues Mangin et de la Somme), et enfin son principal concurrent, la fonderie des Forges de la Marine, plus connue sous le nom des Ateliers Russ et Sanuy (rue d’Austerlitz, là où se trouve aujourd’hui la galerie Centralma).

De la fonte à l’alu

Les productions en fonte pouvaient aller des arrêtoirs de persiennes aux roues de wagons et aux réas, volants ou couronnes de transbordeurs miniers, en passant par les classiques  » potins « , ces mini-fourneaux à charbon, ronds ou carrés, qui servaient à la cuisine et au chauffage des fers à repasser.

 

Des milliers de ces « bergères », comme l’on appelait les arrêtoirs à persiennes, sont sorties des fonderies de Nouméa. Celles-ci figurent dans les collections de l’Association témoignage d’un passé. Photo DR

Les pièces en bronze concernaient surtout les activités maritimes : hélices, barres, gouvernails, chaumards, taquets. Dans ce domaine du bronze, le meilleur challenge relevé par une fonderie de Nouméa fut sans doute la réalisation d’une cloche destinée à l’église du Vœu, en 1948. Il fallut innover et improviser dans la recherche des différents composants de l’alliage. Cette cloche, trop grosse, ne fut jamais installée et l’on ignore ce qu’elle est devenue.

 

Les potins étaient des espèces de petits fourneaux de table, qui fonctionnaient au charbon ou au bois. Ils servaient pour la cuisine et surtout pour chauffer les fers à repasser. Photo DR

Enfin, les fonderies travaillaient l’aluminium, pour de petites pièces : pistons de moteurs à explosion, poignées ou manches d’outils, et même un modèle de « coup-de-poing américain » monté sur un morceau de baïonnette, très prisé des G.l. durant la guerre.

Les réservoirs de l’Aiglon

« Une autre spécialité de cette époque était la confection de tuyaux d’échappement chemisés pour les chaloupes et remorqueurs, en cuivre rouge, avec col-de-cygne pour éviter les retours d’eau », confiait Arnold Russ. Pour les moteurs marins, « il arrivait que nous manquions de certaines pièces et, dans ce cas, il y avait toujours une personne sachant où les G.l. en avaient enterré ou immergé. […] En 1948, nous avions fabriqué complètement une cabine à installer sur la Monique, qui devait disparaître tragiquement plus tard. »

 

Ensemble au travail : un ajusteur et deux tourneurs, en 1948, dans les Ateliers Russ et Sanuy. Photo DR

L’un des associés de la fonderie était Diégo Sanuy, le mécanicien d’Henri Martinet, dont le nom est lié à l’aviation calédonienne. C’est dans ces mêmes Ateliers Russ et Sanuy que furent fabriqués les réservoirs supplémentaires de l’Aiglon avec lequel Henri Martinet réalisa son raid Nouméa-Paris.

Dans les années quarante, il y avait certes des machines, mais l’on travaillait encore à la main. Il était impressionnant, se souvenait alors Arnold Russ,  » de voir avec quelle dextérité le forgeron manipulait sa pièce portée au rouge, soit au marteau-pilon, soit sur l’enclume avec deux ou trois frappeurs qui lui balançaient à tour de rôle et à tour de bras une masse de trois ou cinq kilos à ras du crâne. Il était d’ailleurs une tradition, à l’époque, de voir passer comme frappeurs tous les futurs champions de boxe, qui avaient trouvé là un moyen pratique de s’entraîner tout en étant rémunérés. « 

 

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