La fonderie et Piwi

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Par : Nicolas
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samedi 09 Jan, 2021
Catégorie : Economie

Les fonderies françaises dans la tourmente

Le Monde – Par Aline Leclerc et Eric Béziat

La demande de moteurs thermiques, principal débouché de la filière, est en baisse. Quelque 40 % des emplois du secteur pourraient disparaître d’ici à 2030.

Fonderies de Marly, à Valenciennes (Nord), le 23 janvier 2020.

Il ne reste que dix jours à un repreneur pour manifester son intérêt pour la fonderie MBF Aluminium de Saint-Claude (Jura), placée en redressement judiciaire le 4 novembre ; 260 salariés sont en sursis. On espèére aussi un candidat au rachat d’ici à fin janvier à la fonderie FVM de Villiers-la-Montagne (Meurthe-et-Moselle), 130 salariés, et à la fonderie SAM de Viviez (Aveyron), 364 salariés, deux entités rachetées en 2017 par le chinois Jinjiang International mais gérées par un administrateur judiciaire depuis un an.

Avant Noël, les 292 salariés de Fonderie du Poitou Fonte ont appris la fin de leur activité, moins de deux ans après leur rachat par Alvance, du groupe britannique GFG Alliance. Devant la baisse des commandes, d’autres fonderies automobiles redoutent des annonces prochaines, comme celles de Bretagne à Caudan (Morbihan), dans le flou depuis le printemps.

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« Toutes les fonderies sont dans la tourmente, et en particulier celles qui font de la fonte, un matériau très résistant mais très lourd, délaissé par les constructeurs de moteurs qui veulent alléger leurs voitures pour réduire leurs émissions carbone », s’alarme Nail Yalcin, délégué CGT chez MBF Aluminium et responsable fédéral métallurgie, qui suit le dossier sur le plan national, pour son syndicat.

Manque d’investissements

La diésélisation de l’industrie automobile française a accouché dans les années 1990-2000 d’une kyrielle de petites fonderies, viables quand il fallait fournir tous azimuts, mais désormais en manque de débouchés, la France ayant voté la fin de la vente des moteurs thermiques d’ici à 2040, leur cœur de métier. Or les investissements manquent pour se diversifier. Malgré leurs promesses, les repreneurs étrangers repartent souvent une fois aspirées les aides publiques. « Nous fabriquons des pièces pour moteur hybrides et électriques mais le repreneur chinois n’a pas fait les investissements qui nous auraient permis de nous équiper des grosses presses qui nous manquent pour gagner des marchés », témoigne Ghislaine Gistau, déléguée CGT de SAM Jinjiang.

« Le vrai problème, c’est la stratégie des constructeurs, qui font monter en charge leurs sites étrangers plutôt que leurs sites français pour plus de rentabilité » Nail Yalcin, délégué CGT

C’est qu’il s’agit d’un métier où « les marges sont très faibles », rappelle Wilfrid Boyault, directeur général de la fédération forges fonderies qui représente quelque 150 entreprises. De faibles marges sur lesquelles ces PME doivent encore rogner sous la pression des donneurs d’ordres et de la concurrence des pays à bas coût. « En difficultés, ces entreprises sont rachetées à la barre du tribunal de commerce par un repreneur qui ne tient que trois ou quatre ans, puis revend. C’est comme ça depuis vingt ans », explique M. Boyault.

Ainsi, sans investissement conséquent, « on n’a fait qu’enfoncer un peu plus les sociétés en les laissant vieillir et devenir moins fonctionnelles », déplore Nicolas Turquois, député MoDem de la Vienne, très attentif au devenir des fonderies du Poitou.

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