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Par : piwi
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mardi 05 Mar, 2024
Catégorie : Actu flash

La guerre, c’est d’abord de l’industrie

La guerre, c’est d’abord de l’industrie

Ce qui manque aujourd’hui le plus à l’Ukraine dans sa guerre contre la Russie, ce sont les munitions. Et ce manque reflète notre incapacité à les produire en masse.

« Comme en 1914-1918, les stocks des combattants ont été vite épuisés. Il faut donc maintenant produire, rapidement et massivement. »
« Comme en 1914-1918, les stocks des combattants ont été vite épuisés. Il faut donc maintenant produire, rapidement et massivement. » (Matt Rourke/AP/SIPA)

Par Jean-Marc Vittori editorialiste des ECHOS .

Stocks vite épuisés

Les pays de l’Union européenne, dont quatre partagent des frontières avec l’Ukraine, n’ont pas envoyé d’hommes au front. Mais ils soutiennent ce pays envahi par la Russie au mépris des conventions internationales en envoyant de l’argent, des armes et des munitions.

Comme en 1914-1918, les stocks des combattants ont été vite épuisés. Il faut donc maintenant produire, rapidement et massivement. Volodymyr Zelensky, le président de l’Ukraine, espère de ses alliés un soutien financier, des avions, des chars, des canons, des munitions. C’est ici que le problème devient industriel.

Poudre venue de Chine

Longtemps, la guerre fut une histoire d’hommes (les femmes sont rares sur les champs de bataille, même s’il en eut d’illustres). Elle devint ensuite une histoire d’investissement. Les combattants durent s’équiper d’épées, de boucliers, voire d’armures. L’alimentation des troupes était considérée comme un problème secondaire. « L’intendance suivra », au pire on trouverait toujours quelque paysan à piller.

Vers la société de consommation

En 1914, la guerre bascula définitivement dans l’ère industrielle. Début août, soldats français et allemands partirent au combat la fleur au fusil, persuadés que tout serait fini quelques semaines plus tard. A l’approche de l’hiver, les généraux durent se rendre à l’évidence : les stocks de munitions étant en voie d’épuisement, la victoire passait désormais par la capacité à produire au plus vite d’énormes quantités d’obus et donc de poudre.

C’est le moment où la guerre a basculé dans la société de consommation, bien avant les autres activités humaines. Car pour s’imposer, il faut désormais savoir fabriquer massivement des « consommables ».

L’investissement reste bien sûr essentiel. Durant la Seconde guerre mondiale, Londres a gagné la « bataille de l’Angleterre » dans le ciel face à Berlin car le Royaume-Uni a doublé sa production d’avions en trois mois, contrairement à l’Allemagne, sous la férule implacable de Lord Beaverbrook, un magnat de la presse d’origine canadienne nommé par Churchill en 1940 au poste fugace mais décisif de « ministre de la production d’avions ».

Au rythme des bombardements

Aujourd’hui, l’Ukraine réclame d’ailleurs des avions. Mais la priorité du moment est l’approvisionnement en consommables. Aux Etats-Unis, la Maison-Blanche a expliqué la défaite de l’armée de Zelensky à Avdiivka par le fait que « ses soldats ont dû rationner les munitions ».

Sur les champs de bataille, les avancées et les reculs se déroulent au rythme des bombardements. Et ici, la force de frappe de l’Ukraine recule. D’après Jack Watling, un expert du Royal United Services Institute (think tank britannique spécialisé dans les questions de défense), les Ukrainiens tiraient en moyenne 7.000 obus par jour l’été dernier, davantage que les 5.000 envoyés par les Russes. Depuis, le rapport de force s’est inversé. Les Russes en expédieraient 10.000 contre seulement 2.000 pour les Ukrainiens.

Capacités de production amaigries

Kiev n’est clairement pas en mesure de suivre ce rythme infernal. Le salut ne peut venir que de l’importation (de leur côté, les Russes achètent d’ailleurs des obus aux Nord-Coréens). Il y a sans doute encore des stocks. Le président tchèque expliquait ainsi le mois dernier avoir « trouvé » 800.000 obus. Les Etats-Unis ont aussi des réserves, bloquées pour l’instant par l’opposition des Républicains au Congrès. Mais il faudra aussi et surtout produire.

Et pour produire, il faut des usines. Autrement dit, il faut une industrie. Or l’Europe a fortement réduit ses dépenses militaires depuis la fin de la guerre froide il y a trente ans. Ses capacités de production d’armes ont maigri. La France s’est récemment réjouie de tripler sa production de ses canons Caesar … qui va passer de deux à six par mois.

Percée scientifique majeure

Il est aussi possible de convertir des usines, comme pendant la guerre de 1914-1918. Mais le tissu industriel européen s’est rabougri, en particulier en France.

Et les usines ne suffisent pas. Pour les alimenter, il faut aussi des produits de base. L’approvisionnement en fer se fait sans trop de difficultés. C’est plus compliqué pour la poudre. Comme… pendant la Grande guerre, quand les Allemands réalisèrent une percée scientifique majeure pour transformer l’ammoniaque en nitrate, un composant indispensable de la poudre.

Le mot de « réarmement » a été beaucoup employé ces derniers mois, parfois à tort et à travers. Mais ce que montre aujourd’hui le conflit en Ukraine, c’est qu’il n’y aura pas de réarmement militaire sans réarmement industriel.

Jean-Marc Vittori  éditorialiste aux « Echos ».

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2 commentaires pour : "La guerre, c’est d’abord de l’industrie"

  1. La honte de lire un titre aussi crade. La guerre c’est d’abord et surtout des personnes qui souffrent, des personnes qui meurent, et tout ça pour quoi?

  2. Tout ça pour qu’aujourd’hui tu puisses ici, tranquillement devant ton clavier, bénéficier de la liberté d’expression et écrire en français, et non pas en allemand, comme cela aurait pu être si ces hommes n’avaient combattu en 1940-1945
    Oui, les guerres enrichissent certaines personnes, mais elles permettent à l’immense majorité de ne pas vivre sous le joug d’un agresseur ou d’un dictateur. Respect aux ukrainiens valeureux qui défendent leur terre.
    Point barre.

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