Une mort silencieuse. Mais sans doute pas sans douleur. La fonderie Dumesnil, spécialisée dans la fabrication de pièces pour la robinetterie, a fermé ses portes le 21 octobre. Après un passage devant le tribunal de commerce d’Amiens cinq jours plus tôt, qui a prononcé la liquidation. Dix-huit salariés ont été licenciés.
Pourtant, la fermeture de l’entreprise, présente dans la commune depuis plusieurs décennies, est restée très discrète. Les salariés n’ont pas organisé de mobilisation particulière. Mais ce sentiment de fatalité n’empêche pas la colère : « On avait un patron qui ne se bougeait pas, il n’a rien fait pour essayer de sauver l’entreprise, accuse l’un des anciens salariés.Au fil du temps, la fonderie était devenue un peu comme un musée, avec des machines qui fuyaient ou qui fonctionnaient difficilement. Je ne l’ai pas vu investir dans quoi que ce soit. »
recherches infructueuse de repreneur
L’ancien patron de la fonderie, qui a été à sa tête pendant 23 ans, se défend : « Si le tribunal a pris cette décision sans nous mettre en redressement, c’est que la situation n’était pas viable. Et même si les juges avaient pris une autre décision, il aurait fallu faire un plan social auquel l’entreprise ne pouvait pas faire face. »
Mais comment Dumesnil en est-il arrivé à ce point de non-retour ? Pour le dirigeant, « les marchés sont très difficiles et les marges de plus en plus réduites. J’ai fait face à une perte de chiffre d’affaires de 20 % en un an. » La seule solution était « de réinvestir et de remettre de l’argent frais. Mais je n’en avais pas la possibilité. » Selon le responsable, la recherche de nouveaux partenaires, susceptibles d’investir dans l’entreprise, n’a rien donné.
De son côté, Jacquy Manier, le maire de cette commune de 652 habitants, n’est pas très disert. « Cette fermeture représente un grand regret. On entendait dire que la situation était tendue depuis deux ou trois années. Mais pas au point d’un arrêt aussi rapide », assure-t-il. Il se préoccupe désormais du sort des salariés dont certains travaillaient pour Dumesnil depuis plus de 30 ans : « Cela va être un problème pour retrouver du travail et encore plus à proximité de leur domicile. »